Rébellion du M23Rébellion du M23
Région du Nord Kivu en RDC
Batailles Bataille de Goma, Kimia II, Rébellion du M23, seconde bataille de Goma
La rébellion du M23 ou mutinerie du M23 est une continuation du combat qui prend place au Nord-Kivu, dans le nord-est de la république démocratique du Congo (RDC), depuis la fin formelle de la guerre du Kivu de 2004 à 2009. En , des soldats se sont mutinés contre le gouvernement congolais. Des mutins ont formé un groupe de rebelles composé d'anciens membres du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) rebelle, appelé Mouvement du 23 Mars (M23). L'ancien commandant CNDP Bosco Ntaganda, alias « le terminateur », est accusé de commander la mutinerie[4],[5]. Malgré une cessation supposée des activités en 2013, le groupe a repris ses activités en 2021 et il est accusé de nombreuses exactions[6],[7]. ContexteEn , le CNDP a signé un traité de paix avec le gouvernement, dans lequel il acceptait de devenir un parti politique en échange de la relaxe de ses membres en prison[8]. Une partie des rebelles fut intégrée dans l'armée régulière congolaise. Le , il fut rapporté que Ntaganda et 300 membres des Forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC) avaient déserté et se sont heurtés aux forces gouvernementales dans la région de Rutshuru au nord de Goma[9]. Un rapport indique que des rebelles avaient reçu du soutien du Rwanda[10]. 25 membres rwandais du M23 se rendent alors aux forces armées congolaises, portant le chiffre de personnes s'étant rendues à plus de 370 soldats[1]. Principaux événementsLe , le M23 a attaqué la ville de Bunagana, à moins d'un kilomètre de la frontière avec l'Ouganda et l'a conquise. Près de 600 membres des troupes ont fui la frontière et ont accouru en Ouganda. Les rebelles annonçaient la fin de l'offensive, si le gouvernement acceptait d'engager des pourparlers de paix avec eux[11]. Après la mort d'un soldat de maintien de la paix indien, les Nations unies ont commandé des attaques contre les rebelles dans la région. En les rebelles conquièrent Rutshuru, à 70 kilomètres au nord de Goma. Au petit matin du , ils sont à 40 kilomètres de Goma. Des témoins racontent que des rebelles ont apparemment conquis villes et villages sans rencontrer de résistance de la part des forces armées gouvernementales[12]. De la même façon, les villes de Rubare et Ntamugenga tombent sous le contrôle des rebelles[13]. Le , le M23 et des forces armées gouvernementales échangent des tirs autour de Kibumba et Rugari, ce qui force des milliers de civils à fuir en direction de Goma. Des hélicoptères d'attaque des Nations unies étaient aperçus en route pour le front. La situation sécuritaire dans l'est du Congo se détériore rapidement[14]. Le , le gouvernement des États-Unis annonce la diminution de son aide militaire pour le Rwanda[15]. Le rapporteur des crimes de guerre des États–Unis, Stephen Rapp signale que les autorités rwandaises seront inculpées de « soutien et incitation » à des crimes de guerre : « D'après le droit international, il y a une limite au-delà de laquelle on peut être rendu responsable, d'avoir aidé un groupe à commettre des atrocités »[16]. Malgré les mises en cause d'utilisation du conflit à des fins de profits économiques, via l'exploitation illégale du coltan[17], le Rwanda a nié les rapports experts des Nations unies et des groupes de défense des droits de l'Homme, selon lesquels il soutiendrait les rebelles, dont le groupe M23. Ce dernier, a conquis des parties de la province du Nord-Kivu ce qui a entrainé le déplacement de 260 000 personnes depuis avril[15]. Prise de GomaAprès une trêve de plusieurs mois, les combats reprennent, et au bout de cinq jours d'affrontements, le , les rebelles du M23 prennent le contrôle de Goma et de ses alentours, forçant l'armée congolaise à se retirer à Sake[18]. Le , les forces armées du M23 s'emparent de Sake sans rencontrer de résistance, les FARDC ayant quitté la localité la nuit précédent l'offensive du M23[18],[19]. Le lendemain, une contre offensive de l'armée congolaise déloge temporairement les rebelles de Sake, mais dans les heures qui suivent, le M23 reprend possession de la ville[20],[21]. Les rebelles demandent une négociation directe avec le président Kabila pour rétablir la paix en RDC[18]. Le , les dirigeants africains se réunissent à Kampala pour discuter et trouver des solutions au conflit. Par ailleurs, depuis la prise de Goma, de nombreuses négociations ont eu lieu entre les présidents ougandais, congolais et rwandais[22]. Aux termes d'une médiation des pays des Grands Lacs, le M23 accepte de se retirer de la région, en échange de l'ouverture de négociations avec Joseph Kabila[23]. Le , un millier de miliciens du M23 partent de Sake[24],[25]. Le , les rebelles du M23 quittent la ville de Goma[23],[26]. Ces combats ont provoqués la fuite de milliers de civils en direction du camp de réfugiés de Mugunga dans les environs de Goma[21],[27], ainsi que vers le Rwanda, portant le nombre de déplacés dans l'Est de la RDC à 2,4 millions de personnes[28]. Suite des combatsLe Conseil de sécurité des Nations unies a approuvé le par la résolution 2098 la création d'une brigade d'intervention au sein de la Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en république démocratique du Congo (MONUSCO) chargée de « mener des opérations offensives ciblées » contre les groupes d'insurgés dans l'Est de la RDC[29]. Cette brigade d'intervention (Force Intervention Brigade, FIB) a un effectif autorisé de 3 069 casques bleus provenant d'Afrique du Sud, de Tanzanie et du Malawi[30]. À partir du , avec les forces congolaises régulières et la brigade de l’ONU du Nord-Kivu, elle établit une zone de sécurité à Goma et dans les localités situées au nord de la ville[31]. Le , lors d’un congrès de la rébellion, l'ancien porte-parole Bertrand Bisimwa est nommé président du M23 à la place de Jean-Marie Runiga. Le clan de Runiga contestant cette décision, des combats ont ensuite éclaté entre les deux factions, dans la région de Rugari. Selon Radio Okapi[32], la radio de la MONUSCO, il y aurait eu 5 morts et des blessés civils. Dissolution du mouvement arméÀ partir du [33], les forces congolaises appuyées par une brigade d'intervention de l'ONU lancent une offensive avec des moyens lourds : plus de 3 600 militaires congolais déployant des chars T-55 et des véhicules de combat d'infanterie BMP-2 et la brigade de la force d'intervention de la MONUSCO appuyé par de l'artillerie, des Mi-35 de l’armée ukrainienne, trois Denel AH-2 Rooivalk de la force aérienne sud-africaine (qui interviennent à partir du )[34] lancent une offensive générale[35] dans la zone de 700 km2 contrôlée par le M23. Dans la nuit du 4 au , l'armée congolaise chasse les combattants du M23, au nombre de 400 à 450, des dernières positions qu'ils occupaient dans les montagnes du Nord-Kivu, à la frontière du Rwanda et de l'Ouganda. Les pertes sont selon l'armée congolaise de 292 morts dans les rangs du M23. Le , le M23 déclare qu'elle dépose les armes[36] et deux jours plus tard, environ 1 600 membres du M23 se rendent aux autorités de l'Ouganda[37]. Après l'échec de l'élaboration d'un premier document commun sur un accord début novembre, la RDC et le M23 signent le à Nairobi un accord de paix qui confirme la dissolution du M23, définit les modalités de la démobilisation et conditionne à l'abandon de la violence la reconnaissance des droits de ses membres[38]. Résurgence en 2021En 2021, le groupe se reconstitue et fait son retour[6], qui s'accentue en 2022, avec la prise de la ville de Bunagana, frontalière de l'Ouganda[39]. Début 2024, soutenu par le Rwanda, le M23 attaque dans les territoires de Nyiragongo et du Masisi, à proximité de la ville de Goma, ce qui provoque d'importants déplacements de population. Les combats opposent les combattants du M23 à des groupes armés se disant patriotes congolais, les wazalendo[note 1]. Des affrontements se produisent aussi vers Sake, toujours à proximité de Goma, entre le M23 et les Forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC). Ils risquent de couper la Route nationale 2, considérée comme stratégique et empruntée par 150 000 civils en fuite entre le 2 et 9 février. Les forces congolaises, appuyées par les forces de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC, de l'anglais), qui ont commencé à se déployer à partir de mi-décembre 2023, se sont regroupées à Goma et ont commencé à faire mouvement vers Sake[43]. La MONUSCO affirme que l'armée rwandaise, pour soutenir le M23, utilise du matériel d'attaque sophistiqué. En effet, elle a vu un de ses drones d'observation attaqué par un missile sol-air, tiré depuis une zone contrôlée par le M23. Des renseignements provenant de la France indiquent que ce missile a été lancé depuis un véhicule WZ551, que seul parmi les alliés du M23 le Rwanda est capable de mettre en œuvre. La MONUSCO affirme aussi que l'armée rwandaise utilise sur le théâtre d'opération des MANPADS, système anti-aérien capable de mettre en danger tout appareil volant au dessus de la zone[44]. Des témoignages indiquent aussi que les véhicules de l'ONU subissent des jets de pierres de la part de jeunes de la région, qui les accusent d'inefficacité et de collusion avec l'ennemi. La MONUSCO subit un rejet d'ensemble de la société congolaise, et le gouvernement a demandé son départ rapide[44]. Au matin du 12 février 2024, les troupes du M23, soutenues par les Forces rwandaises de défense (FAR) lancent une nouvelle offensive contre Sake, dans le but d'encercler et isoler Goma, dont le ravitaillement est déjà affaibli : les trois principaux axes routiers de Sake, qui permettent d'approvisionner Goma, ont été bloqués par le M23 dans les semaines précédentes[45], mais ils échouent dans leur tentative de prendre le contrôle de la ville. Les forces congolaises, la SADC, la MONUSCO et les groupes d'autodéfense wazalendo[note 1] ont opposé une forte résistance. Mais le M23 et ses alliés accusent les forces gouvernementales congolaise de vouloir massacrer ses propres populations[46]. Le , après deux jours de combats contre les FARDC et les milices wazalendo, le M23 prend le contrôle de Nyanzale (en) et de plusieurs villages dans la chefferie de Bwito, territoire de Rutshuru[47],[48],[49]. Plus de 100 000 personnes fuient vers Goma[50],[51], et au moins 15 civils sont tués, certains par des tirs d'obus de mortiers sur le camp de déplacés de Kihondo. Selon un rapport de la MONUSCO, le M23 est responsable de ces tirs[50]. Dans les jours suivants, le M23 continue sa progression dans le territoire de Rutshuru, prenant le contrôle de Vitshumbi et Rwindi sans rencontrer de résistance, les FARDC ayant quitté Rwindi avant l'arrivée des rebelles. Simultanément, le M23 mène une offensive dans le territoire de Masisi, et prennent le contrôle de Kashuga et Misinga le [52]. En une semaine, le M23 a pris le contrôle plus de 10 localités, dont Kirima, Kikuku, Kihondo, Mutanda, Somikivu, Bwalanda, Kashalira, Kibingu et Kabanda[53],[54],[55]. Richard Moncrieff, directeur de la région des Grands Lacs pour l'International Crisis Group, estime que le M23 contrôle environ la moitié de la province du Nord-Kivu[51],[56]. Exactions, viols de guerre et exécutionsLe mouvement est accusé par Human Right Watch de 8 exécutions sommaires et de 14 cas de viol entre novembre 2022 et mars 2023[39]. Il est par ailleurs accusé par l'O.N.U. d'avoir commis un massacre en novembre 2022 dans le village de Kishishe, au cours de combats contre les miliciens des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda, faisant 170 morts, ce que dément le M23[6]. Implication du RwandaSelon l'O.N.U., le mouvement est aidé par le gouvernement du Rwanda, au travers des Forces de défense rwandaises (FDR), ce que dénie le gouvernement rwandais. Les États-Unis suspendent toutefois leur aide au Rwanda en octobre 2023, en s'appuyant sur l'interdiction du recrutement d'enfants-soldats[57]. Bibliographie
Notes et références
Voir aussiArticles connexes |