Pupput, également orthographiée Putput, Pudput, Pulpud et Pulpite en latin, parfois localisée à Souk el-Obiod ou Souk el-Abiod (arabe : أبيض soit « marché blanc »), est une colonieromaine correspondant à un ensemble de sites archéologiquestunisiens situés sur la côte, dans le sud de l'agglomération d'Hammamet, entre les oueds Temad (ou el-Thimad) au nord et Moussa au sud[1].
Histoire
Cette région agricole, densément occupée dans l'Antiquité, est probablement habitée dès le Ve siècle av. J.-C. par les Berbères et les Carthaginois (sanctuaire et inscription à Thinissut[2] par exemple), mais aucun vestige punique ne semble avoir été signalé sur les sites de Pupput même[3].
Après les périodes vandale et byzantine, la région, comme l'ensemble de la Tunisie, passe sous domination arabe à la fin du VIIe siècle[12]. Le centre urbain se déplace alors plus au nord-est, où est fondée la ville d'Hammamet, auprès des thermes (comme son nom l'indique[13]), à l'emplacement de la médina.
Les constructions antiques de Souk el-Obiod semblent avoir été abandonnées à partir de cette dernière réimplantation.
Les sites archéologiques sont localisés dans la zone touristique d'Hammamet Sud.
Les auteurs du XIXe siècle mentionnent la présence d'installations hydrauliques[14] (dont un aqueduc venant de l'oued el-Faouara, vers Siagu), d'un capitole, d'un théâtre et d'un amphithéâtre[15]. Ce dernier a été redécouvert lors de fouilles d'urgence[11], mais de nombreux vestiges ont disparu, entre autres en raison de l'importante urbanisation de la zone[16].
La découverte, à 300 mètres du site des habitations de Pupput[18], de la plus grande nécropole romaine d'Afrique pallie la rareté des textes et éclaire d'un jour nouveau le passé de la cité.
Éléments
La maison au triclinium noir et blanc est typique des maisons de l'Afrique romaine, avec un péristyle centré autour d'un viridarium entouré d'une colonnade et garni d'un bassin-fontaine ; au nord du portique se trouvent deux espaces dont la salle à manger pavée d'une mosaïque noir et blanc.
Le monument du satyre et de la ménade est quant à lui articulé autour d'un long corridor au nord duquel se situent une série d'appartements indépendants, dont certains sont pavés de mosaïques, notamment une mosaïque géométrique polychrome avec une scène de satyre et ménades.
De son côté, la maison dite au péristyle figuré, organisée autour d'un péristyle, possède des chambres pavées de mosaïques à décors géométriques et floraux polychromes ; la mosaïque de la cour reproduit au sol l'ombre portée par les colonnes du portique qui l'environnent, d'où le nom de portique figuré. Un complexe thermal est annexé à cette demeure.
La maison dite du viridarium à niches tire son nom des niches semi-circulaires de la cour centrale.
Les thermes de dimensions moyennes n'ont vu que leur frigidarium et leur palestre dégagés alors que la basilique a disparu sous les fondations d'un hôtel, seule une mosaïque tombale ayant été sauvée par l'Institut national du patrimoine[19].
Notes et références
↑Voir le détail du site A00016 de la Carte d'État-major [de Tunisie] (échelle 1/50.000), feuille 37 (début XXe siècle ?).
↑ a et bSamir Aounallah, Le Cap Bon, jardin de Carthage : recherches d'épigraphie et d'histoire romano-africaines (146 a.C.-235 p.C.), Bordeaux, Ausonius, coll. « Scripta Antiqua » (no 4), , 388 p. (ISBN978-2-910-02326-3), p. 231-239 et suiv.
↑ ab et c« Pupput (Souk el-Abiadh) », dans Jehan Desanges, Noël Duval, Claude Lepelley et al. (dir.), Carte des routes et des cités de l'est de l'Africa à la fin de l'Antiquité : nouvelle édition de la carte des voies romaines de l'Afrique du Nord conçue en 1949, d'après les tracés de Pierre Salama, Turnhout, Brepols, (ISBN978-2-503-51320-1), p. 196–197.
↑Mohamed Benabbès, L'Afrique byzantine face à la conquête arabe : recherche sur le VIIe siècle en Afrique du Nord [thèse de doctorat : Histoire : Paris 10 : 2004], sous la dir. de Claude Lepelley, 2004 (OCLC492040374).
↑Hammamet, en arabe : حمامات, est le pluriel du mot hammam.
Aïcha Ben Abed et Marc Griesheimer, « Fouilles de la nécropole romaine de Pupput (Tunisie) », CRAI, vol. 145, no 1, , p. 553–592 (lire en ligne, consulté le ).
Aïcha Ben Abed, Michel Bonifay et Marc Griesheimer, « L'amphore maurétanienne de la station 48 de la place des Corporations, identifiée à Pupput (Hammamet, Tunisie) », Antiquités africaines, no 35, , p. 169–175 (ISSN0066-4871, lire en ligne, consulté le ).
« Pupput (Souk el-Abiadh), Siagu (camp militaire de Ksar ez-Zit) et Thinissut (environs de Bir Bou Rekba ?) », dans Jehan Desanges, Noël Duval, Claude Lepelley et al. (dir.), Carte des routes et des cités de l'est de l'Africa à la fin de l'Antiquité : nouvelle édition de la carte des voies romaines de l'Afrique du Nord conçue en 1949, d'après les tracés de Pierre Salama, Turnhout, Brepols, (ISBN978-2-503-51320-1), p. 196–197, 207-208 et 252-253 avec bibliographie (Bibliothèque de l'Antiquité tardive, 17).
(fr + ar) Samir Aounallah et N. Bertegi (prospection), « Hammamet », dans Sadok Ben Baaziz puis Mustapha Khanoussi (dir.), Carte nationale des sites archéologiques et des monuments historiques, Tunis, Institut national du patrimoine, feuille 037, carte imprimée après 2000.
Victor Guérin, Voyage archéologique dans la régence de Tunis, t. 2, Paris, Henri Plon, , 395 p. (lire en ligne), p. 261–262.
Claude Lepelley, Les Cités de l'Afrique romaine au bas-empire, t. 2 : Notices d'histoire municipale, Paris, Études augustiniennes, , 609 p. (ISBN978-2-851-21032-6), p. 302.
Paul Gauckler (dir.), Enquête sur les installations hydrauliques romaines en Tunisie, t. IV : Rapport sur l’adduction des eaux dans les villes romaines de Siagu et de Pupput, Tunis, Louis Nicolas, (avec les rapports de Désiré Bordier et d'Auguste-Antoine du Paty de Clam).
Charles Tissot, Exploration scientifique de la Tunisie : géographie comparée de la province romaine d'Afrique, t. II : Chorographie : réseau routier, Paris, Imprimerie nationale, , 868 p. (lire en ligne), p. 131–132.
Contexte scientifique
Pascal Mongne, Archéologie : vingt ans de recherches françaises dans le monde, Paris, Maisonneuve et Larose, , 734 p. (ISBN978-2-706-81873-8, lire en ligne), p. 260–262.