Le Pseudo-Jacquemart est un maître anonymeenlumineur actif à Paris et à Bourges entre 1380 et 1415. Il doit son nom à sa collaboration étroite avec le peintre Jacquemart de Hesdin.
Éléments biographiques et stylistiques
L'artiste désigné sous le nom de Pseudo-Jacquemart est un peintre français peut-être d'origine flamande. C'est Millard Meiss qui distingue pour la première fois son travail des œuvres de Jacquemart de Hesdin. Il travaille essentiellement au service de Jean Ier de Berry, à l'ombre des grands enlumineurs que le duc de Berry emploie : outre Jacquemart, Jean Le Noir ou les frères de Limbourg à la fin de sa carrière, dont il emprunte le style. Il réalise en général pour eux les décorations annexes aux miniatures : scènes marginales, petites miniatures de calendrier ou lettrines[1],[2]. Il travaille aussi en parallèle pour d'autres commanditaires anonymes pour qui il réalise des livres d'heures, en collaborant avec d'autres peintres parisiens[3].
Pour Meiss, le style du maître anonyme est une imitation purement servile des grands peintres dont il est au service. D'autres historiens d'art ont distingué depuis un sens de la composition plus théâtral que chez son maître, un trait plus assuré et une palette de couleurs plus intense[2].
Il est parfois identifié à Jean Petit, beau-frère de Jacquemart de Hesdin lui-même. Dans les textes, les deux peintres sont mentionnés dans la décoration du palais de Poitiers à la demande de Jean de Berry. À cette occasion, en janvier 1398, un autre peintre nommé Jean de Hollande les accusent de lui avoir volé des pigments et des modèles dans son coffre. Le peintre est finalement tué et les deux peintres se réfugient à l'abbaye de Montierneuf à Poitiers où ils obtiennent le droit d'asile. Le duc de Berry finit par leur obtenir une lettre de rémission en mai 1398[4].
Manuscrits attribués
Bréviaire à l'usage de Saint-Ambroix de Bourges, vers 1380, Bibliothèque municipale de Bourges, Ms.16
La Légende dorée, un manuscrit de Jacques de Voragine, vers 1382, British Library, Londres, Royal 19 B XVII[5]
Heures à l'usage de Rome pour une dame inconnue (Marie, fille du duc ?), en collaboration avec le Maître de la Mazarine et le Maître de Luçon, vers 1400, Bibliothèque municipale de Quimper, Ms.42
Bible historiale de Guiart des Moulins, quelques miniatures (ff. 1, 3v-5v, 7-8, 10-16) attribuées à un suiveur de Jacquemart de Hesdin parfois identifié au Pseudo-Jacquemart, BL, Harley 4381[7]
Livre d'heures à l'usage de Bourges, quelques miniatures en collaboration avec le Maître de Luçon, vers 1405-1410, British Library, Yates Thompson 37
↑François Avril, Nicole Reynaud et Dominique Cordellier (dir.), Les Enluminures du Louvre, Moyen Âge et Renaissance, Hazan - Louvre éditions, , 384 p. (ISBN978-2-7541-0569-9), p. 157