L'origine des portails transylvains remonte à l'organisation féodale des voïvodats de Marmatie et de Transylvanie : ils étaient initialement réservés aux fermiers libres et aux knyáz (barons locaux, valaques ou magyars, électeurs des voïvodes). Les serfs valaques, eux, n'avaient droit qu'à des vranițe (simple porte à un seul battant, non décorée).
La sculpture des motifs, l'installation du portail, l'ouverture et le premier passage étaient jadis l'objet de rituels qui, selon Mircea Eliade dans son Histoire des religions, remontent aux temps du paganisme. Ainsi, pour éloigner de la ferme (ou du domaine) les malheurs, les épidémies et les malédictions, et pour attirer la prospérité et la bonne fortune, le bois utilisé devait avoir été coupé une nuit de pleine lune et transporté un jour „à desserts” (mardi, jeudi ou samedi). Au fond des trous des poteaux on versait de l'eau bénite, et l'on plaçait des monnaies et de l'encens (ce qui a d'ailleurs mené, plus récemment, à la dégradation de certains portails par les chercheurs de trésors).
Les motifs sculptés géométriques, torsadés, parfois floraux, zoomorphes ou anthropomorphes, représentaient fréquemment des rosettes solaires, des cordages avec ou sans nœuds, des arbres de vie, en rapport avec ces rituels. Ces motifs décoratifs spécifiques varient selon les régions (les spécialistes reconnaissent un portail marmatien d'un portail sicule) et selon le statut social de la famille : knyáz, fermiers libres (mocani, moșneni) ou garde-frontière libres des « confins militaires » (grăniceri, határőrok)[1].