La place de la Carrière est une place de la ville-vieille de Nancy, édifiée à partir du XVIe siècle.
Situation et accès
La place est située dans le prolongement de la célèbre place Stanislas, dont elle n'est séparée que par l'arc Héré et la rue Héré.
Elle appartient à cet ensemble urbain classique comprenant également la place Stanislas et la place d'Alliance, qui a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco en 1983.
Origine du nom
Cette voie est ainsi nommée, parce que c'était l'endroit où se faisaient jadis les courses, tournois, jeux de bagues et autres exercices chevaleresques, où l'on se donnait carrière[1].
Historique
Elle s'est appelée « rue Neuve » en 1551, « rue de la Carrière » en 1573, « rue Neuve de la Carrière » en 1600, « place de la Carrière » en 1764, « place de la République démocratique » en 1793, « rue de la Carrière » en 1839, puis « place de la Carrière », « place de la Préfecture », « place du Palais » avant de prendre sa dénomination définitive[1].
Évolution de la place
La place neuve de la Carrière est créée au XVIe siècle lors de l'agrandissement des fortifications de la ville médiévale, et les nobles de Nancy y firent édifier leurs hôtels particuliers. Dès sa création elle sera le lieu des tournois, joutes et autres activités équestres. Une eau-forte fidèle de cette place de l'époque de la Renaissance, due au graveur Jacques Callot, est visible au Musée lorrain de Nancy.
Dès la fin du XVIe siècle, les occupants français percèrent une porte dans les remparts, la Porte Royale, pour créer un axe de communication vers la ville-neuve construite au sud, derrière les remparts. Au nord se situait une aile du palais des Ducs de Lorraine, aile détruite par le Duc Léopold désireux de se faire construire un nouveau Louvre[3] qui ne sera jamais achevé.
Stanislas Leszczynski, récent monarque de Lorraine, décide de réunir la ville-vieille à la ville-neuve en réutilisant la Carrière, la Porte Royale, et une vaste esplanade qui deviendra la place Stanislas. Au nord, sur les ruines inachevées du nouveau Louvre de Léopold, est édifié le Palais de l'Intendance (actuel Palais du Gouvernement) entouré d'une large colonnade en hémicycle ornée de statues et bustes de dieux de l'Olympe, bordée de deux hôtels particuliers qui s'alignent avec ceux de la Renaissance, l'hôtel Héré et l'hôtel de Morvilliers, son symétrique, également appelé hôtel Guerrier de Dumast. Le palais du gouvernement, en référence au gouvernement français qui gérait de facto la Lorraine sous le règne de Stanislas Leszczynski, est souvent appelé à tort « palais du gouverneur », en souvenir du gouverneur militaire de Nancy qui occupa ce bâtiment du milieu du XIXe siècle à la fin du XXe siècle.
Le long de la Carrière, sur les côtés est et ouest, les façades des hôtels particuliers Renaissance bordant la place ont été unifiées par Emmanuel Héré en style classique. Au sud, la porte Royale est reconstruite en arc de triomphe. Au sud-ouest, également dans un souci de symétrie classique est construite la bourse des marchands[4],[5], siège actuel du tribunal administratif de Nancy[6]. Le bâtiment est la réplique de l'hôtel de Beauvau-Craon qui lui fait face. Au centre est aménagée une agréable esplanade, bordée d'orangers (aujourd'hui des tilleuls), de vases rocaille dus aux ciseaux de Mesny et Lépy[7], et aux angles sont disposées des fontaines représentant des groupes d'enfants.
Bâtiments remarquables et lieux de mémoire
Monuments historiques
L'arc Héré à l'entrée de la place et l'hémicycle ont été classés monuments historiques par un arrêté du , et les sols avec leurs vases, statues, fontaines et grilles par un arrêté du [8].
Le palais du gouvernement de Nancy ainsi que ses deux exèdres ont été classés monuments historiques par un arrêté du , et les bâtiments annexes dans leur totalité ainsi que les cours ont été inclus dans le classement en 2005[9]. Propriété de l'armée pendant plus d'un siècle, le palais a été rétrocédé à la ville en 2010 afin d'être inclus dans l'ensemble immobilier du musée Lorrain.
L'hôtel Héré ou pavillon Héré fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le [12].
no 26 immeuble à l'origine l'hôtel Brunehaut puis hôtel Courcol[13],[14],[15]
Toutes les façades et toitures des bâtiments de la place sont également protégés et inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du . Sur la place, sont notamment concernés :
En décembre 1983, la place est, au même titre que la place Stanislas et que la place d'Alliance, classée sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO[54]. L'inscription, rendue officielle lors de la septième session ordinaire de l'UNESCO, a été retenue pour les critères (i) : « chef-d'œuvre du génie créateur humain » et (iv) : « exemple éminent d'un type de construction ou d'ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des périodes significative(s) de l'histoire humaine »[55].
L'hôtel de Morvilliers, pendant est du pavillon Héré.
Manifestations
Depuis 2004 s'y tient le salon du livre de Nancy, le Livre sur la place, qui était organisé auparavant sur la place Stanislas.
Tous les deux ans s'y déroulent les 24h de Stan[56], une manifestation étudiante de course de chars qui réunit 35 écoles supérieures de l'université de Lorraine ; elle se déroule sur 24 h durant un week-end du mois de mai.
Notes et références
↑ a et bÉmile Badel, Dictionnaire historique des rues de Nancy de 1903 à 1905, tome 1.
↑Emmanuel Héré, « Bourse de commerce de Nancy bâti par le roy de Pologne en 1753 », Recueil des plans, élévations et coupes des châteaux et jardins que le roi de Pologne occupe en Lorraine, 3e partie sur gallica.bnf.fr.
Pierre Marot, « Nancy. La Carrière », dans Congrès archéologique de France. 96e session. Nancy et Verdun. 1933, Société française d'archéologie, Paris, 1934, p. 60-62.
Pierre Simonin, Nancy. La ville de Stanislas, éditions Serpenoise, coll. « Itinéraires du patrimoine » no 54, Metz, 1994, p. 12 (ISBN2-87692-209-6).
Christian Corvisier, Mireille-Bénédicte Bouvet, « Nancy-Place de la Carrière et palais de l'Intendance », dans Congrès archéologique de France. 164e session. Nancy et Lorraine méridionale. 2006, Société française d'archéologie, Paris, 2008, p. 296-302 (ISBN978-2-901837-32-9).
Pierre-Hippolyte Pénet, Nancy au temps de Stanislas, Serge Domini éditeur et Ville de Nancy, 2023.