Pierre de Certaines de Fricambault
Pierre de Certaines de Fricambault, né en 1620 au château de Villemolin et mort le à Lagos, Algarve (Portugal), est un officier général de la marine française et un corsaire du XVIIe siècle. Il sert au sein de la Marine royale à la fin du règne de Louis XIII et au début de celui de Louis XIV, pendant guerre de Trente Ans et la guerre franco-espagnole. Ses « excellents services dans la flotte[1] » lui valent d'être promu au rang de chef d'escadre par Louis XIV, un rang qu'il occupe du à sa mort. BiographieOrigines et famillePierre de Certaines de Fricambault est le quatrième fils d'Aloph II de Certaines (1585-1653), chevalier de l'ordre de Saint-Michel et capitaine-gouverneur de Lury, et de Jeanne de Martinet (héritière de la seigneurie de Fricambault, paroisse de Perreux, dont il prendra le nom d'usage). Seigneur de Fricambault à Perreux, des Pinabeaux et des Hâtes à Saint-Denis-sur-Ouanne, de Boissel et de Donzy à Saint-Martin-sur-Ouanne (Yonne), de Corvol-d'Embernard (Nièvre) et autres lieux, il descend d'une famille de la noblesse nivernaise d'extraction médiévale qui compte parmi ses membres des officiers et officiers généraux de la Marine royale. Ainsi, deux de ses frères sont :
Carrière dans la Marine royalePierre de Certaines entre dans la Marine royale à une époque inconnue, vers 1640[Note 1] Le , il reçoit une commission pour commander le vaisseau Le Saint-Charles, 28 canons, qui fait alors partie d'une flotte de 24 vaisseaux et 20 galères aux ordres de M. de Brézé[1]. Cette armée part faire le siège d'Orbitello, où un boulet emporte la tête du jeune marquis de Maillé-Brézé, chef et surintendant de la navigation, le . En , Pierre de Fricambault commande Le Triton (vaisseau de 400 tonneaux) qui fait partie d'une escadre de six vaisseaux, trois brûlots et quatre flûtes, qui, sous les ordres du chevalier Paul, combat pendant cinq jours dans la baie de Naples, contre une flotte de galères et de vaisseaux espagnols - plus nombreuse[Note 2] - commandée par le duc d'Arcos, vice-roi de Naples, et remporte une victoire malgré les sept vaisseaux et une galère que les Espagnols reçoivent en renfort et qui leur permettent d'éviter une défaite. À la fin de la cinquième journée, le chevalier Paul fait signal aux navires de son escadre de rallier son pavillon et va rejoindre au Gourjan la flotte française commandée par le duc de Richelieu[4]. Le , Fricambault reçoit une nouvelle commission pour commander Le Triton pendant la campagne. Le , il eut le commandement de La Concorde. Le , le Roi lui donne le brevet de « chef d'escadre de Bretagne ». Cette année-là, il commande un vaisseau dans l'escadre du duc de Vendôme, grand Amiral de France, qui, les et 1er octobre, combat la flotte espagnole et la contraint à regagner Barcelone, désemparée. Fricambault se distingue lors de ce double succès[4]. Le , il reçoit une commission du Roi pour commander Le Soleil, 36 canons. Il voit sa commission renouvelée, le . La raison de ce renouvellement se trouve dans les observations qui sont faites par M. d'Alméras, ou pour lui en 1660, quand un arrêté de l'amiral fixe les rangs des officiers. D'Alméras prétend ne pas perdre les avantages que lui assurait son ancienne commission de capitaine, d'autant plus qu'il avait toujours servi le Roy, « à la différence de Fricambault qui n'a pas seulement interrompu le service de la marine, mais pendant les guerres civiles[Note 3] a quitté le service du Roy et a esté capitaine de chevau-légers dans le régiment d'Enghien à Bourdeaux. Il ne prétend cependant pas avoir perdu son rang. » II le retrouve, en effet, a la paix, et rentre en grâce, il est remis à sa place comme chef d'escadre le . Les observations du marquis d'Alméras se lisent en tête du volume des Ordres du Roy pour l'année 1669, où Colbert les fait copier. Les attaques ne cessent pas et, la même année, une lettre anonyme envoyée à Colbert cite Fricambault parmi une liste d'officiers de marine cette fois-ci attachés (ou du moins redevables) au surintendant des Finances Fouquet, arrêté le de cette même année. Parmi cette liste d'officiers figurent « les sieurs de Fricambault, Ectot, d'Alméras et des Ardens »[5], qui s'emploieraient alors à discréditer le chevalier Paul auprès de M. de Vendôme, alors grand maître, chef et surintendant général de la navigation. À la fin de l'année 1661, Fricambault est à Malte ; d'où il écrit une lettre à Colbert, le jour de Noël 1661[4] :
— Fricambault. Le , Fricambault reçoit une gratification de 2 000 livres[4]. Le , il est appelé au commandement du Jule, 38 canons, un des vaisseaux que du Quesne était allé acheter en Suède. Le Jule fait partie de l'armée navale que le duc de Beaufort, d'abord chef de l'escadre des galères, commande quand les vaisseaux sous les ordres du commandeur Paul ont rejoint les navires à rames dans les eaux de Cagliari. C'est contre Tripolie en Barbarie que devait se diriger cette partie des forces navales françaises[7]. Rien ne devait se faire, suivant l'usage, sans qu'un conseil de tous les chefs marins et militaires ait donné son avis. Beaufort fait assembler un conseil général qui ne conclut pas[7]. L'Amiral écrit au ministre, le :
Les résultats de cette entreprise sont médiocres. La flotte française ne parvient à détruire que quelques navires pirates. Du reste, brûler les vaisseaux algériens dans le port, sous les canons des forts, était chose assez difficile; dès le commencement de la campagne Fricambault avait émis des réserves sur cette opération; il avait prétendu que ruiner l'entrée du port était une action aussi aisée qu'il était difficile de porter le feu dans l'intérieur au môle[7]. Aussi, quand il voit l'issue d'une tentative qu'il avait jugée inutile, il ne peut pas se taire, et écrit à Colbert une lettre où il laisse parler son mécontentement. Cette lettre, d'un style agressif, est surtout violente contre le chevalier de Buous et quelques autres officiers qui, selon lui, avaient mal fait leur devoir, et que par une obligeante faiblesse le conseil avait innocentés[7]. Fricambault ne signe pas son factum, qu'il envoie comme l'opinion d'une personne embarquée sur l'escadre. Colbert en le recevant écrit au dos de la lettre : « Il faut faire une copie de cette relation ». Une plume de commis écrit au-dessous: « Ecrit de la main du sr Fricambault[8],[7]. » En 1664, Fricambault est désigné pour faire partie de la flotte de M. de Beaufort. Ce dernier écrit de Toulon le : « MM. de Fricambault et de Vivonne arrivèrent hier. M. de Fricambault avait conduit à Toulon, du port de Brouage, les vaisseaux la Reine et le César[7]. » Il commande Le César, 54 canons, avec lequel il participe entre le et le , au sein du corps expéditionnaire envoyé à Djidjelli combattre les corsaires barbaresques. Dans les lettres reçues par Colbert, il y a trois lettres de ce chef d'escadre, la première, de Brouage , ; la seconde, de la rade de La Palisse, le ; la dernière de « Thollon », , qui marquent le départ, la relâche et l'arrivée de ces navires « en fort bon estât et prests à faire voille avec l'année sans apporter aucun retardement. » Le , Fricambault reçoit le commandement du Saint-Louis, qu'il conserve en 1666 dans la flotte de M. de Beaufort[9]. La guerre de courseEn complément de sa carrière de chef d'escadre, selon l'usage répandu à l'époque, Pierre de Certaines de Fricambault mena un certain nombre d'expéditions comme corsaire. En 1652, il obtient une lettre de course pour le navire le Faucon avec lequel il réalise plusieurs prises comme le navire anglais le Cheval Vert dont le dixième s'élève à 626 l-t. En , il reçoit ordre du Roi de sillonner, à bord du Soleil, les mers du Levant pour en chasser les pirates. Le , César de Vendôme lui donne de nouveau permission d'armer en guerre un vaisseau pour faire la course. L'année précédente il s'était associé avec son frère, le chevalier de Villemolin, qui commandait un navire particulier, armé avec l'assentiment de l'amiral, pour « courir sus aux bâtiments de commerce appartenant aux nations maritimes ennemies de la France[4]. » Fricambault se retrouve donc à la tête d'une escadre de course. Il arme l'Apollon et, avec son frère le Chevalier de Villemolin, le Saint-Joseph. Le chevalier fait des prises ; cependant, des difficultés s'élèvent sur leur validité et ces plaintes sont portées au tribunal de l'Amirauté. Pierre de Fricambault en écrivit à M. de Vendôme, pour se plaindre d'un arrêt défavorable aux intérêts de l'association. L'amiral lui répond le billet suivant, conservé aux archives du château de Villemolin[4] :
— César de Vendosme Le , Pierre de Certaines de Fricambault croise la route de Ruyter alors qu'il conduit, en compagnie de quatre autres navires de guerre, quatre transports de troupes à Viareggio en Toscane. Ces transports sont des navires hollandais saisis en application de l'ordonnance du . De Ruyter engage le combat mais les navires français se réfugient sous les canons de la forteresse. Ruyter libère l'un des navires hollandais, l'Agneau Blanc de Hoorn, de 24 canons, commandé par le capitaine français Courdeau avec soixante hommes. Il instaure ensuite un blocus pour gêner le ravitaillement des corsaires et provoquer la désertion de marins vers la flotte hollandaise. Le Gouverneur de la ville continue de protéger les français, attendant la réponse de la Signoria de Gênes qui appuie cette décision, au motif que ces navires initialement corsaires servent en fait aux transports de troupes du Roi Louis XIV. Furieux, Ruyter demande la libération des trois derniers navires, mais Gênes refuse par peur de représailles françaises et de son allié le Duc de Modène. L'ordre de mise en défense est confié au gouverneur de la Spezia. A court de vivres et de munitions, Fricambault s'apprête à faire échouer ses navires et à les couler bas lorsqu'il reçoit, le , l'annonce que la paix est revenue entre les deux nations. Signé le , l'accord prévoit qu'en échange d'une abolition des règles de représailles contre leurs intérêts marchands, les Hollandais promettent que Ruyter laissera passer l'escadre de Fricambault et permettra le retour des prisonniers. Une ordonnance du Roi de France, prise le , défend d'arrêter des vaisseaux hollandais. DécèsPierre de Certaines de Fricambault meurt de la « fièvre pourprée » (probablement le typhus) à bord du Saint-Louis, le au large de Lagos, à l'âge d'environ 46 ans. Il est enterré à Lagos avec les honneurs rendus par toute l'escadre. Voici en quels termes en parle le Journal de l'escadre du Levant :
Fricambault a de magnifiques funérailles, le au soir. Tous les officiers de la flotte suivent son convoi, suivi de toutes les chaloupes des vaisseaux. Trois décharges de la mousqueterie du Saint Louis saluent son cercueil lorsqu'il descend dans l'embarcation, et les vaisseaux, du vaisseau Amiral jusqu'au dernier, lui adressent un salut d'adieu par un nombre dégressif de coups de canon. Le clergé de Lagos vient l'attendre au débarcadère, les troupes de la garnison lui rendent les honneurs militaires sur ordre du capitaine général de l'Algarve, et les Frères de la Miséricorde portent enfin son corps jusqu'à l'église où il est inhumé. Son frère aîné, Edme Ier de Certaines, seigneur baron de Villemolin, est nommé tuteur de ses enfants, mineurs à cette époque, le [7]. Mariage et descendanceIl épouse le à Paris Antoinette Le Maistre de Grandchamp, arrière-petite-fille du président du Parlement de Paris, Jean Le Maistre, et fille de Charles, capitaine aux galères du roi et baron de Grandchamp, dont il a 5 enfants. Trois de ses fils servent comme lui dans la Marine royale, et tous les trois sont tués au combat :
Notes
Références
Voir aussiSources et bibliographie
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