Issu de parents pauvres et de petite noblesse, il entre dans l'artillerie de marine peu de temps avant le début de la Révolution française[1]. Il émigre un temps, puis retourne en Bretagne où il rejoint les chouans[1].
Pierre-Marie de Kérigant , fils du chef chouan François Marie Garnier de Kérigant, dépeint Saint-Régent comme étant « d'un caractère très doux, très intelligent, très bien élevé, et l'un des ennemis les plus énergiques de la Révolution »[1],[3]. Il est décrit comme un homme de petite taille — 1 mètre 40 — avec des yeux bleus, un nez un peu long et effilé et un visage maigre[1].
Le 9 mai 1798, le comte d'Artois élève Saint-Régent au grade de colonel d'infanterie, à prendre rang du 15 juin 1795[6].
En 1799, Georges Cadoudal réorganise l'Armée catholique et royale du Morbihan et, sur proposition de Saint-Régent, ses « divisions » sont rebaptisées en « légions »[7]. Saint-Régent est alors la tête de 5e légion, dit de La Trinité-Porhoët et Mohon[7]. Sévère Le Mintier Le Hellec est sont lieutenant-colonel, Joseph-Urbain de Troussier son major et ses chefs de bataillons sont Félix Dujardin, Pierre Gaudin et Bouché[7],[1].
En 1800, Cadoudal envoie Saint-Régent à Paris avec quelques autres chouans, avec pour mission de réunir des armes et des recrues en vue d'assassiner le Premier consul Napoléon Bonaparte[8]. Saint-Régent prend cependant l'initiative d'organiser l'explosion d'une « machine infernale »[8]. Le , Bonaparte échappe de peu à l'attentat de la rue Saint-Nicaise[9],[10]. Saint-Régent allume lui-même les mèches de la machine infernale, mais celle-ci explose après le passage de la voiture du Premier consul, faisant 22 morts et des dizaines de blessés[9]. Saint-Régent est lui-même blessé par l'explosion du baril de poudre, qui le laisse à demi suffoqué et presque aveuglé[8]. Il écrit cependant à Cadoudal pour lui rendre compte de son échec en se désignant lui-même dans son courrier, par le nom de « malfaiteur », mais il est arrêté avant de pouvoir l'expédier[8],[Note 2].
↑Dans ses mémoires, Julien Guillemot rapporte que la brève apparition de Béhague fait l'objet de gausseries au sein de l'état-major chouan :
« Plus de trente officiers s'étaient réunis au Roc, en Bignan, pour attendre le retour de M. de Saint-Régent. Celui-ci, qui le savait, s'arrêta à Tréhardet, d'où il envoya le fils de Chauvel prévenir qu'il allait arriver. Ensuite, il s'enveloppa les jambes, se plaça sur une civière et dit à Chauvel et à Chéron, de Cleury, de le porter. Les officiers venus à sa rencontre, le voyant dans cet équipage, furent très alarmés; chacun lui demandait ce qu'il avait : « Je voyage à la Béhague » fut sa réponse. L'on comprit que le général de Béhague n'était pas l'homme qu'il fallait aux Chouans[4],[1],[5]. »
« Mon cher ami, je te déclare que je suis décidé à ne pas quitter ce pays que je n’aye entièrement fait tous les achats dont nous sommes convenus pour notre commerce. Je te prie en conséquence de me faire passer 50 livres. C’est à peu près tout ce qu’il me faut pour acheter les insnts [sic] qui me sont nécessaires.
Si le courrier qui était aller (te) trouver n’était pas parti plus vite qu’il né me l’avait dit, alors j’aurais pu t’écrire moi-même pour te rendre un compte exact de mes opérations, mais l’état de mes yeux malades ne m’a pas permis de t’écrire ni le commerçant qui t’a vu ni aucun autre ne peuvent te faire le récit exact, car ils étaient trop éloignés et que moi seul étoit à la
bourse.
Je cesse de te parler de commerce pour t’entretenir de l’événement du 3 nivôse qui a été dirigé contre le 1er Consul ; parmi les diverses relations voici la plus exacte; une personne avait promis de prévenir le malfaiteur au moment du départ du 1er Consul ; elle ne le fit pas. On avait assuré au malfaiteur que la voiture du ler Consul était précédée d’une autre. Ce qui n’était pas. Le malfaiteur seul et privé des renseignements qu’on devait lui donner ne fut averti de l’arrivée de la voiture que quand il la vit ; aussitôt il se disposa à remplir son projet. A ce moment le cheval d’un grenadier le poussa durement contre le mur et le dérangea ; il revint à la charge et mit le feu de suite ; mais la poudre ne se trouva pas aussi bonne qu’elle l'est ordinairement et son effet fut de 2 à 3 secondes plus lent qu’il ne devait l’être, car sans cela le 1 er Consul périssait inévitablement ; c’est la faute de la poudre et non du malfaiteur.
Si le hazard me favorise assez pour te revoir, je désire avoir une explication avec mes associés devant toi et devant tout le monde ; c’est là que je les attends[8],[9] »
Charles-Louis Chassin, Les pacifications de l'Ouest 1794-1801-1815 : Du dix-huit fructidor au Concordat et à l'invasion, t. III, Paris, Paul Dupont, , 803 p. (lire en ligne).
Émile Sageret, Le Morbihan et la Chouannerie morbihannaise sous le Consulat : Le Morbihan au début de l'an VIII — La fin de la Période révolutionnaire, t. I, Librairie Alphonse Picard & fils. Éditeur de la Société d'Histoire Contemporaine, , 716 p. (lire en ligne).
Émile Sageret, Le Morbihan et la Chouannerie morbihannaise sous le Consulat : Pièces justificatives. Notes complémentaires. Index, t. IV, Librairie Alphonse Picard & fils. Éditeur de la Société d'Histoire Contemporaine, , 492 p. (lire en ligne).