Philippe Marchesin, né le à Nérac (Lot-et-Garonne), est un politiste français, spécialiste des questions de coopération et de développement.
Il est professeur à l'Institut des sciences juridiques et politiques de l'université Euro-Méditerranéenne de Fès[1], enseignant-chercheur habilité à diriger des recherches au département de science politique de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne[2] et membre de l'Institut des mondes africains (CNRS-IRD)[3].
Parcours
Après des études de droit à Bordeaux et à Nice, Philippe Marchesin obtient une allocation de recherche de la Délégation générale à la recherche scientifique et technique et soutient en 1982 une thèse en droit du développement à l’Institut du droit de la paix et du développement de l’université de Nice[4].
De 1983 à 1987, il est enseignant à l’ENA et à la faculté de droit de Nouakchott[5]. Il rejoint ensuite l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne où, après avoir soutenu une thèse d’État en science politique en 1990[6], il est élu maître de conférences.
Au sein du département de science politique de la Sorbonne, il dirige le diplôme d'études supérieures spécialisées Développement et coopération internationale[7] de 1992 à 1998 ainsi que la spécialité science politique du diplôme d'études approfondies Études africaines[8] de 1994 à 1998. Il est membre du comité directeur du Groupement pour l’étude de la mondialisation et du développement (GEMDEV)[9] de 1992 à 1998 et préside l'Observatoire permanent de la coopération française[10] durant la même période.
Philippe Marchesin part ensuite en délégation au département de relations internationales de l’université Galatasaray d’Istanbul[11] de 1998 à 2002 puis en détachement auprès de l’université européenne de Minsk où il est nommé co-doyen de la faculté franco-biélorusse de science politique[12] en 2003. À la suite de la fermeture par les autorités biélorusses de l’université européenne[13], il devient co-directeur du Centre franco-biélorusse de science politique et d’études européennes[14] puis revient en France en 2005.
Depuis, il assure divers cours et séminaires sur la coopération et le développement à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Parallèlement, à compter de 2022, il enseigne à l'université Euromed de Fès et, dans le cadre du Centre international de formation européenne de Nice, à l'université Mahmoud El Materi de Tunis.
Travaux
Philippe Marchesin s’efforce d’étudier le développement, champ de la connaissance par nature interdisciplinaire, à la lumière de sa discipline de rattachement, la science politique. Il s’agit, en somme, alors qu’il existe une économie, une sociologie, une anthropologie, une géographie, un droit du développement, de contribuer à l’élaboration d’une science politique du développement. L’originalité de sa démarche est de mêler réflexion théorique et longs séjours de terrain.
Ses principales contributions s’inscrivent dans le cadre des diverses sous-disciplines de la science politique ;
la théorie politique, dans « Science politique et développement » (1993)[15] ; « Démocratie et développement » (2004)[16] ;
la sociologie politique, dans Tribus, ethnies et pouvoir en Mauritanie (1992)[17] ; « Origine et évolution des partis et groupes politiques en Mauritanie » (1994)[18] ; La Biélorussie (2006)[19] (voir également les notes de lecture dans la revue Politique africaine[20], ainsi que dans Jeune Afrique économie (1992) et le site du CRIDEM[21]) ;
les politiques publiques, dans « Le mystère des chiffres ou l’opacité du système français d’aide au développement » (1995)[22] ; « Mitterrand l’Africain » (1995)[23] ; « La difficile intégration des coopérations à l’échelle européenne » (1997)[24] ; « La politique africaine de la France en transition » (1998)[25] ; « Inégalités et développement » (2013)[26] ; « The Securitization of Aid : The Case of France » (2016)[27] ; La politique française de coopération. Je t'aide, moi non plus (2021)[28] ; Développement solidaire et lutte contre les inégalités mondiales (2021)[29] ; « La politique française de coopération : l'aide-intérêt, l'aide-échange » (2021)[30] ;
les relations internationales, dans « Géopolitique de la Turquie à partir du Grand échiquier de Zbignew Brzezinski » (2002)[31] ; Introduction aux relations internationales (2008)[32] ; Les nouvelles menaces. Les relations Nord-Sud des années 1980 à nos jours (2001)[33] ; La revanche du Sud (2010)[34] ;
la politique comparée, dans « La politique de villagisation en Afrique de l’Est. Étude comparative » (1985)[35] ; Baïkal (2010) ; Biélorussie : Belovezhskaya Pushcha, Arc géodésique de Struve, Nesvizh, Mir (2011) ; Kamtchatka (2014) (avec Ludmila Marchesin) ; Afrique-Russie. Les raisons d'une comparaison (2023) (avec Diana Bangoura)..
Parmi les apports de Philippe Marchesin, signalons la mise en évidence de traits propres à certaines sociétés, notamment l’importance du fait tribal en Mauritanie, pays dont il est considéré comme l'un des spécialistes. Il a insisté sur la nécessité d’une approche néo-khaldounienne pour comprendre le pouvoir dans ce pays. Concernant la Biélorussie, il a pointé la spécificité d’une attitude répandue dans la société, la pamiarkoyni, qui renvoie à la réticence au changement et explique en partie la longévité au pouvoir d’Alexandre Loukachenko. Philippe Marchesin a également contribué à l'actualisation des relations Nord-Sud à un moment où, après les années soixante-dix, cette matière était tombée en désuétude. Il a enfin proposé une nouvelle définition de l’aide publique au développement qui prend le contre-pied de la définition existante, à savoir l’aide envisagée comme un flux unidirectionnel d’un pays donateur vers un pays receveur. À l’inverse, l’aide correspond à un échange, ce qui remet totalement en cause la notion d’aide publique au développement telle qu’elle existe aujourd’hui[36].
Avec son épouse, l'écrivaine franco-ukrainienne Ludmila Marchesin, il a créé la collection Patrimoine de l'humanité aux Éditions L'infini.
Prix et récompenses
Premier prix ex æquo, en 1982, de l’Association Tiers monde (Institut de sciences mathématiques et économiques appliquées, ISMEA, François Perroux) pour L’action en matière de sécurité alimentaire.
Coup de cœur 2002 des libraires de la Fnac pour Les nouvelles menaces. Les relations Nord-Sud des années 1980 à nos jours.
Prix Mirabaud, en 2011, du Forum international des Médias Nord-Sud pour La revanche du Sud[38].
Coup de cœur 2020 des bibliothécaires de la Ville de Paris pour La Biélorussie[39].
Distinctions
Médaille d’argent, Ligue universelle du bien public, [40].
Award of excellence 2012, American Biographical Institute.
Bibliographie
L'action en matière de sécurité alimentaire, Institut du droit de la paix et du développement, Nice, 1982.
Tribus, ethnies et pouvoir en Mauritanie, Paris, (ISBN2865373304), Karthala, 1992[41]. Réédité dans la collection Classiques Karthala en 2010. Traduit en arabe aux éditions Joussour/Ponts en 2014.
Mitterrand et l'Afrique (maître d'œuvre), in Politique africaine, no 58, Paris, Karthala, [42].
Observatoire permanent de la Coopération française, Rapport 1995 (maître d'œuvre), Paris, (ISBN2220036480 et 9782220036489), Desclée de Brouwer, 1995.
Observatoire permanent de la Coopération française, Rapport 1996 (maître d'œuvre), Paris, Desclée de Brouwer, 1996.
Les nouvelles menaces. Les relations Nord-Sud des années 1980 à nos jours, Paris, (ISBN2845862075 et 9782845862074), Karthala, 2001[43].
Mai 68 Confession d’un petit séminariste, Lyon, Éditions Baudelaire, 2018.
La politique française de coopération. Je t'aide, moi non plus, Paris, L'Harmattan, 2021[48],[49],[50].
Développement solidaire et lutte contre les inégalités mondiales, Paris, L'Harmattan, 2021[51].
Afrique-Russie. Les raisons d'une comparaison, Paris, L'Harmattan, 2023[52].
Philippe Marchesin est également l'auteur d'une cinquantaine d'articles et de chapitres d'ouvrages collectifs, essentiellement dans les domaines de la coopération et du développement.
Notes et références
↑« Corps professoral », sur Institut Euromed des Sciences Juridiques et Politiques (consulté le )
↑Philippe Perchoc, « L'enseignement supérieur biélorussien en exil », Le Courrier des pays de l'Est, 2006/5, (n° 1057), , p. 79 (lire en ligne)
↑Jérôme Montes, « Philippe Marchesin, Introduction aux relations internationales, 2008, coll. Hommes et sociétés, Paris, Karthala, 224 p. », Études internationales, Volume 40, numéro 3, 2009, , p. 454 (lire en ligne)
↑ (fr) Cité dans « Mauritanie : un tournant démocratique ? », de Bonte P. (ed.), Guillaume Henri (ed.)., 1994, dans Politique africaine, 1994, 55, 182 p. ISSN 0244-7827.
↑ (fr) Jeune Afrique économie, no 154, avril 1992, Biblioscopie et Tribus, ethnies et pouvoir en Mauritanie de Philippe Marchesin en arabe Site du CRIDEM, Philippe Marchesin, consulté le 24 janvier 2019.
↑ (fr) Consulter le « Rapport 1995 de l’Observatoire permanent de la coopération française », Paris, Desclée de Brouwer, Paris, 1995, 184p.
↑ (fr) « Relations internationales, Bilan et perspectives », Section 2, les Enjeux globaux élucidés, Chapitre 22 " Rapports Nord-Sud, inégalités et développements", page 443, par Philippe Marchesin, Éditions Ellipses, Table des matières de l'ouvrage « Relations internationales, Bilan et perspectives », site internet des Editions Ellipses. Consulté le 24 janvier 2019.
↑ (fr) Philippe Marchesin, « Introduction aux relations internationales », Karthala, 2008, Philippe Marchesin, « Introduction aux relations internationales ». Site des éditions Karthala. Consulté le 24 janvier 2019. Voir également Note de lecture dans Études internationales, volume XL, no 3, septembre 2009, p. 454.
↑ (fr) "Les livres du mois :La revanche du Sud", article par Audrey Morel, dans Le Monde diplomatique, Les livres du mois : La revanche du sud, par Philippe Marchesin". Site Le Monde diplomatique. Consulté le 24 janvier 2019. Voir également Revue Revue internationale et stratégique, Cairn.info, numéro 82, En librairie, Nouveautés, Problématiques globales.