Philippe-Auguste JeanronPhilippe-Auguste Jeanron Philippe-Auguste Jeanron, photographié par Édouard Baldus en 1853
Philippe-Auguste Jeanron, né à Boulogne-sur-Mer, le [1] et mort au château de Comborn (Orgnac-sur-Vézère, Corrèze), le , est un peintre, dessinateur, lithographe et essayiste français. BiographieLe militant républicainPhilippe-Auguste Jeanron est fils d’un militaire de l'Empire. Ce père, qui a participé à l’expédition de Walcheren est retenu prisonnier, après la prise de Flessingue, sur les pontons de Portsmouth où il restera avec sa famille. Il sera libéré en 1814 et viendra habiter Paris et enverra son fils aîné en 1828 au collège Bourbon. Auguste est introduit par son beau-frère dans un cercle de médecins progressistes et de républicains comme les frères Cavaignac, Philippe Buonarroti, Ulysse Trélat, Étienne Arago. En 1830 il participe comme ses amis républicains aux Trois Glorieuses, il reçoit la croix de juillet. Dans le même temps, il peint et entretient son goût pour les lettres et les arts, et par-dessus tout, la peinture. Après la chute de Charles X, il fonde la « Société libre de peinture et de sculpture ». À peine éteints les troubles de 1848 où il a pris une part active, il est proposé, dès le , par le gouvernement provisoire, à la direction générale des Musées nationaux. En moins de deux ans, il dote le Louvre d'une administration moderne et accomplira avec quelques collaborateurs motivés une tâche énorme. Il s’attelle tout de suite aux réparations des galeries du Louvre qui étaient en mauvais état, et obtient une subvention de l’Assemblée, d’un montant de deux millions de francs pour finir la galerie d’Apollon, dont il confiera le plafond à Delacroix. Il assure l’achèvement du salon des « sept cheminées » pour les œuvres de l’école française, et du salon de l’entresol de la galerie dite « du bord de l’eau ». On lui doit la sauvegarde et la restauration de quantités de chefs-d’œuvre, statues et toiles, qui s’y trouvaient en péril. Il commence à rapatrier les œuvres inscrites à l’inventaire et dispersées, sous la monarchie, dans diverses résidences royales et églises[2]. Il réorganise la présentation des œuvres par école et par chronologie, améliore les départements de la chalcographie et de l’ethnologie. Il peut rouvrir bientôt le musée du Louvre au public. Entre-temps, il préside à l’Exposition libre de peinture et de sculpture, qui se tient aux Tuileries. Enfin, il voyage beaucoup et ne néglige pas les musées des autres provinces[3]. Ledru-Rollin est expulsé du pouvoir lors des événements de juin 1849. Jeanron, qui dérangeait beaucoup de monde — en particulier Charles Blanc et Félix Duban[4] — doit quitter son poste à la fin de l’année 1849[5], car ce dernier a été promis à Nieuwerkerke par Louis-Napoléon[6]. Il peut reprendre sa vie d’artiste et d’écrivain. Ce n’est qu’en 1863, qu’il prendra le poste de directeur de l’école des beaux-arts de Marseille pour remplacer Émile Loubon mort au début de cette année. Assez aigri contre la société marseillaise qui le remplace en 1869 par Dominique Antoine Magaud[7], il se retire à Comborn, en Corrèze, région limousine qu’il aimait beaucoup, qu’il peignit souvent et qu’il visitait depuis longtemps. Selon Richard Raczynski, « un aspect de sa vie reste plus discret : son appartenance aux sociétés secrètes initiatiques. Son attrait pour le rite de Misraïm de Michel Bédarride (1776-1846), sa passion pour l'occultisme et l’œuvre d'Eliphas Lévi, le spiritisme, en font l'un des propagateurs de l'ésotérisme dit de La Belle Époque »[8].
Le peintreBien qu’il ait appris, comme il le dit lui-même, « sans secours aucun, sans maîtres, sans école, sans dépense d’argent », on lui reconnaît l’influence de deux artistes qui le conseillèrent assez tôt à la peinture : Xavier Sigalon et, spécialement, François Souchon, ancien élève de Jacques-Louis David. Il s'affirme rapidement comme un peintre réaliste et il influence probablement des artistes comme Courbet. On connait très peu d’œuvres de lui mais la redécouverte d'un album de dessins, il y a quelques années permet de voir qu'il était avant tout un bon dessinateur.
Il reçoit la Légion d’honneur en 1855[10].
Pour cette exposition, La Revue des Beaux-Arts écrit :« Le style de M. Jeanron a rarement atteint de plus grandes hauteurs : un souffle inspiré, un enthousiasme juvénile ont dirigé son pinceau et enflammé son imagination. » De fait, on constate la grande variété du talent de Jeanron. Il est, par excellence, le « peintre plébéien », selon la formule du critique Théophile Thoré-Burger. Il excelle dans les portraits, les marines, les paysages et les sujets d’histoire. Il illustra quantité d’ouvrages. Aux yeux des connaisseurs de son temps[11], « ses tableaux ont de l’ampleur et de la couleur, qualités qu’il exagère quelquefois ; et son dessin n’est pas toujours assez pur ». Louis Véron écrivait dans la Revue de Paris de 1838 : « Il faut avoir vu ses dessins et ses esquisses pour comprendre toute la profondeur de son impression [sa sensibilité], toute la sûreté de sa main, toute l’élévation de sa pensée, tout le magnétisme de son talent. Jeanron est le peintre du peuple et des douleurs contemporaines… c’est lui qui comprend le mieux la direction de l’art moderne et qui l’exprime avec le plus de verdeur. »
Le graveurJeanron fut un aquafortiste confirmé, il forma entre autres Léon Villevieille. Il pratiqua aussi le dessin sur pierre[12]. L’écrivainPhilippe-Auguste Jeanron est également l'auteur d'ouvrages portant sur l'art ou la politique. Il dit lui-même :« […] j’ai appris comme j’ai pu, dans la pauvreté, deux arts difficiles ; tous mes tableaux et tous mes écrits ont été consacrés à la cause populaire »[13]. Il collabora à diverses revues. Ses principaux ouvrages, édités à Paris :
Philippe-Auguste Jeanron est inhumé à Orgnac-sur-Vézère[14]. Son épouse, Désirée-Angéline JeanronNée Désirée-Angéline Sirey, elle pratiquait aussi la peinture. Elle peignit surtout des sujets religieux ; elle exposa aux Salons de 1844 : Sainte-Catherine d’Alexandrie, et de 1850 : Saint Jean. Notes et référencesNotes
Références
Liens externes
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