Paulin Joachim (ou Paulin Joachim Kokou, K. Paulin Joachim)[1] ; né le à Cotonou dans l'ancienne colonie du Dahomey, et mort le à Paris[2], est un écrivain, poète, critique littéraire, journaliste et homme de presse béninois, qui a acquis la nationalité française[3]. L'élégance de sa langue et de ses tenues vestimentaires[4], sa plume acérée et son aisance avec les grands de ce monde en ont fait « une légende du journalisme en Afrique[5] ».
Biographie
Paulin Joachim – de son nom complet Paulin Joachim Branco de Souza – fait partie des descendants d'anciens esclaves africains emmenés au Brésil et revenus s'installer dans le golfe de Guinée au milieu du XIXe siècle, où ils forment, en lien avec le commerce triangulaire, puis avec l'administration coloniale, une communauté instruite et prospère[6], dont le membre le plus connu est Francisco Félix de Souza et dont sont issus nombre d'intellectuels dahoméens[7].
Son père s'installe à Libreville alors qu'il est encore adolescent. Grand lecteur, passionné par la presse, Paulin fréquente des cercles littéraires. Catholique convaincu[8], il fait la connaissance du prêtre-écrivain André Raponda-Walker qui lui ouvre les portes de sa bibliothèque[7].
Il est pendant quelque temps le secrétaire particulier du poète surréalistePhilippe Soupault, mais, contre l'avis de ce dernier qui lui déconseille le journalisme, il intègre l'École supérieure de journalisme. À l'issue de sa formation en 1958, il est recruté par Pierre Lazareff à France-Soir, ce qui lui permet d'être aux premières loges pour suivre les débats politiques et intellectuels, à la veille des indépendances africaines[7].
En parallèle, en 1953, l'homme de presse français Charles de Breteuil a lancé à Dakar le magazine Bingo, sous-titré « L'illustré africain, revue mensuelle de l'activité noire[9] », d'abord dirigé par Ousmane Socé Diop[10]. En 1960, Paulin Joachim se rend à Dakar, prend la relève et devient le rédacteur en chef de Bingo de 1960 à 1970[11]. Il y publie lui-même des articles, tels que « Connaissance d'Aimé Césaire » (1962[12]), ou « Une saison au Congo, d'Aimé Césaire » (1968[13]).
Il collabore aussi à d'autres titres, tels que Présence africaine et Tam-Tam (revue des étudiants catholiques africains), également à la revue Géopolitique africaine[14].
En [10], il lance un autre périodique à Abidjan, Décennie 2, sous-titré « Le magazine illustré de l'Afrique moderne[15] », qu'il dirige jusqu'en 1980[14].
Paulin Joachim vit à Paris pendant les dernières années de sa vie[3].
↑(en) Jean Fontvieille, « Les noms des écrivains d'Afrique noire. Essai de catalographie », in James Douglas Pearson, Ruth Jones, The Bibliography of Africa. Proceedings and Papers of the International Conference on African Bibliography, Nairobi, 4-8 December 1967, 1970 (rééd. Psychology Press), p. 180 (ISBN9780714623948)
↑match ID, « JOACHIM Paulin Jean » (Fichier des décès), sur deces.matchid.io (consulté le ).
↑ a et b(en) Mathurin C. Houngnikpo et Samuel Decalo, « Joachim, Paulin (1931-) », in Historical Dictionary of Benin, The Scarecrow Press, Lanham, Toronto, Plymouth, 2013 (4e éd.), p. 219 (ISBN9780810871717)
↑« Paulin Branco de Souza : Joachim dit Bingo ! Un dinosaure du journalisme africain se révèle », in Mutations], 20 novembre 2003 [1]
↑Simone de Souza, La famille de Souza du Bénin-Togo, les Éditions du Bénin, Cotonou, 1992, 320 p.
↑ abc et dThierry Perret, « Paulin Joachim, gentleman-journaliste », in Le temps des journalistes. L'invention de la presse en Afrique francophone, Karthala, Paris, 2005, p. 69-70 (ISBN9782845866591)
↑Adrien Huannou, La littérature béninoise de langue française, des origines à nos jours, Karthala, 1984, p. 227 (ISBN9782865371051)
↑Inventaire des périodiques étrangers et des publications en série étrangères reçus en France par les bibliothèques et les organismes de documentation : mise à jour 1971-1974, BNF, Paris, 1977, p. 285
↑Lilyan Kesteloot, « Oraison pour une re-naissance de Paulin Joachim » (notes de lecture), in Éthiopiques, nos 40-41, 1er trimestre 1985, volume III n°1-2, [lire en ligne]
↑(en) « Paulin Joachim », Hutchins Center for African & African American Research, Harvard University [4]
Papa Diop, « La critique littéraire négro-africaine. Situation et perspectives », in Éthiopiques, no 30, 2e trimestre 1982, [lire en ligne]
(en) Mathurin C. Houngnikpo et Samuel Decalo, « Joachim, Paulin (1931-) », in Historical Dictionary of Benin, The Scarecrow Press, Lanham, Toronto, Plymouth, 2013 (4e éd.), p. 219-220 (ISBN9780810871717)
Adrien Huannou, La littérature béninoise de langue française, des origines à nos jours, Karthala, 1984, 327 p. (ISBN9782865371051)
Saffo Mathieu Koua, La presse négro-africaine en France : 1947-1969, Presses universitaires du Septentrion, 2001, 711 p. (ISBN9782284021377)
Chantal Patterson, « Entretien avec Paul Joachim », Notre librairie, no 69, mai-, p. 92-93
Thierry Perret, Le temps des journalistes. L'invention de la presse en Afrique francophone, Karthala, Paris, 2005, 320 p. (ISBN9782845866591)