En théorie des nombres , un ordre moyen d'une fonction arithmétique f est une fonction «simple» g approchant f en moyenne .
Plus précisément un ordre moyen de f est une fonction g réelle ou complexe, si possible continue et monotone , telle qu'on ait :
∑
n
⩽
N
f
(
n
)
∼
N
→
+
∞
∑
n
⩽
N
g
(
n
)
{\displaystyle \sum _{n\leqslant N}f(n)\quad {\underset {N\to +\infty }{\sim }}\quad \sum _{n\leqslant N}g(n)}
Autrement dit, les moyennes arithmétiques ou moyennes de Cesàro de f et g entre 1 et N , ou encore valeurs moyennes de f et g sont asymptotiquement équivalentes . Une telle fonction g n'est bien entendu pas unique.
Il ne faut pas confondre un équivalent asymptotique de la valeur moyenne
1
N
∑
n
=
1
N
f
(
n
)
{\displaystyle {\frac {1}{N}}{\sum _{n=1}^{N}f(n)}}
avec un ordre moyen.
Par exemple, pour
f
(
n
)
:=
n
{\displaystyle f(n):=n}
, un équivalent asymptotique de la valeur moyenne, égale à
(
N
+
1
)
/
2
{\displaystyle (N+1)/2}
, est
N
/
2
{\displaystyle N/2}
, mais la fonction
g
(
n
)
:=
n
/
2
{\displaystyle g(n):=n/2}
n’est pas un ordre moyen de
f
{\displaystyle f}
.
Par contre, pour
f
(
n
)
:=
ln
n
{\displaystyle f(n):=\ln n}
, un équivalent de la valeur moyenne, égale à
1
N
∑
n
=
1
N
f
(
n
)
=
ln
N
!
N
{\displaystyle {\frac {1}{N}}{\sum _{n=1}^{N}f(n)}={\frac {\ln N!}{N}}}
, est
ln
N
{\displaystyle \ln N}
.
Dans le cas particulier où la limite
lim
N
→
∞
1
N
∑
n
⩽
N
f
(
n
)
=
c
{\displaystyle \lim _{N\to \infty }{\frac {1}{N}}\sum _{n\leqslant N}f(n)=c}
existe, on dit que
f
{\displaystyle f}
possède la valeur moyenne
c
{\displaystyle c}
.
Si de plus
c
≠
0
{\displaystyle c\not =0}
, la fonction
g
(
n
)
:=
c
{\displaystyle g(n):=c}
est un ordre moyen de
f
{\displaystyle f}
.
Exemples
"Courbe" de la somme des diviseurs σ(n ) , avec l'ordre moyen
n
π
2
/
6
{\displaystyle n\pi ^{2}/6}
en rouge, n +1 correspondant aux nombres premiers en vert, et 2n correspondant aux nombres parfaits en jaune.
Un ordre moyen du plus grand diviseur impair de n est 2n /3
Un ordre moyen de d(n ) [ 1] , nombre de diviseurs de n , est ln(n )
Un ordre moyen de σ(n ) [ 2] , somme des diviseurs de n , est
π
2
6
n
{\displaystyle {\frac {\pi ^{2}}{6}}n}
Un ordre moyen de φ(n ) [ 3] , indicatrice d'Euler de n , est
6
π
2
n
{\displaystyle {\frac {6}{\pi ^{2}}}n}
Un ordre moyen de ω(n ) [ 4] , nombre de facteurs premiers distincts de n , est ln(ln(n ))
Un ordre moyen de Ω(n ) [ 4] , nombre de facteurs premiers de n , est ln(ln(n ))
Un ordre moyen de r (n )[ 5] , nombre de façon d'exprimer n comme somme de deux carrés , est π .
Le théorème des nombres premiers équivaut au fait que la fonction de von Mangoldt Λ(n ) a pour ordre moyen 1[ 6] , et au fait que la fonction de Möbius μ(n ) a pour valeur moyenne 0[ 7] .
Meilleur ordre moyen
Cette notion peut être présentée à l'aide de l'exemple du nombre de diviseurs . De la formule de Dirichlet [ 8] :
∑
n
⩽
N
d
(
n
)
=
N
ln
N
+
(
2
γ
−
1
)
N
+
o
(
N
)
{\displaystyle \sum _{n\leqslant N}{\text{d}}(n)=N\ln N+(2\gamma -1)N+o(N)}
(
γ
{\displaystyle \gamma }
est la constante d'Euler-Mascheroni ) et de la formule de Stirling :
∑
n
⩽
N
ln
n
=
N
ln
N
−
N
+
o
(
N
)
,
{\displaystyle \sum _{n\leqslant N}\ln n=N\ln N-N+o(N),}
on tire la relation asymptotique
∑
n
⩽
N
(
d
(
n
)
−
(
ln
n
+
2
γ
)
)
=
o
(
N
)
,
{\displaystyle \sum _{n\leqslant N}({\text{d}}(n)-(\ln n+2\gamma ))=o(N),}
tandis que
∑
n
⩽
N
(
d
(
n
)
−
ln
n
)
=
O
(
N
)
,
{\displaystyle \sum _{n\leqslant N}({\text{d}}(n)-\ln n)=O(N),}
ce qui suggère que ln(n ) + 2γ est un meilleur choix d'ordre moyen pour d(n ) que simplement ln(n ) (c'est un cas particulier de développement asymptotique ).
Références
↑ Hardy and Wright, Théorème 319.
↑ Hardy and Wright, Théorème 324.
↑ (de) Johann Peter Gustav Lejeune Dirichlet , « Über die Bestimmung der mittleren Werthe in der Zahlentheorie », Abh. Kön. Preuß. Akad. , 1849 , p. 69-83 (lire en ligne ) (cette propriété est essentielle dans la démonstration du théorème de Cesàro ).
↑ a et b Hardy and Wright, Théorème 430.
↑ Hardy and Wright, Théorème 339.
↑ Hardy and Wright, Théorème 434.
↑ Hardy and Wright, Théorème 335.
↑ Gérald Tenenbaum, Introduction à la théorie analytique et probabiliste des nombres , Belin, 2008 , chap. 1.3 (« Sur les ordres moyens »)
(en) G. H. Hardy et E. M. Wright , An Introduction to the Theory of Numbers (1re éd. 1938) [détail des éditions ] , 6ème édition 2008, chapitres XVIII et XXII.
G. H. Hardy et E.M. Wright (trad. François Sauvageot), Introduction à la théorie des nombres , Vuibert et Springer, 2007
(en) Gérald Tenenbaum , Introduction to Analytic and Probabilistic Number Theory , AMS , coll. « Graduate Studies in Mathematics » (no 163), 2015 (ISBN 9780821898543 ) , p. 43–65
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Identités liées aux sommes de diviseurs