Mrs Dalloway est un roman de Virginia Woolf, publié en 1925, décrivant la journée d'une femme de la haute société dans l'Angleterre après la Première Guerre mondiale. Il s'agit d'un des romans de Woolf les plus connus. Mais loin de se centrer sur ce seul personnage, Virginia Woolf offre une fresque de la ville de Londres et de ses habitants, vie rythmée pour tous par Big Ben.
Résumé
Clarissa Dalloway, en , se rend chez le fleuriste[1]. En rentrant chez elle, alors qu'elle fait le point sur son choix des années auparavant d'épouser Richard Dalloway au lieu de Peter Walsh, elle reçoit la visite impromptue de ce dernier. Leur conversation est émaillée par le ressac d'anciens souvenirs qui jaillissent dans l'esprit de Clarissa.
Septimus Warren Smith[2], un jeune ex-militaire qui souffre depuis son retour du front, de trouble de stress post-traumatique[3], d'hallucinations et de schizophrénie. Ce jour-là, il se défenestre au moment où le médecin qui le soigne cherche à l'interner. Or, le spécialiste qu'il a consulté le jour même est un des invités à la soirée de Mrs Dalloway, et, quand il mentionne devant elle cet événement, Clarissa est bouleversée par le choix de ce jeune homme que, pourtant, elle ne connaît pas[4].
L'un des thèmes principaux de cet ouvrage est l'altérité, qu'il s'agisse de soi face aux autres, ou du face-à-face entre soi et soi-même[2]. Mrs Dalloway s'apprécie ainsi de plusieurs façons. D'abord, elle apparaît comme un personnage mondain, puisqu'elle prépare au cours de la journée une réception qui a lieu à la fin du roman. À ce moment-là, elle est un être en représentation, elle joue son rôle d'hôtesse de maison comme un chef d'orchestre.
Le récit fait une distinction entre Mrs Dalloway et Clarissa, bien qu'il s'agisse de la même personne. Clarissa représente le personnage dans son intériorité, en tant que personne qui pense et qui sent. Mrs Dalloway représente le moi public du personnage, sa situation maritale, son rang social. La même distinction s'opère pour chacun des personnages secondaires. Cette dichotomie en crise existentielle, au cœur du roman, laisse des zones d'interrogation, notamment sur les raisons qui ont poussé Clarissa à quitter l'être qu'elle aimait pour se marier avec un inconnu qui avait pour seule caractéristique de « bien présenter ».
Style
Le texte suit l'enchaînement des pensées de Mrs Dalloway, un flux de conscience, dans un style novateur pour l'époque[5]. Il n'y a pas vraiment d'histoire, et Virginia Woolf le revendique[6].
Genèse
Woolf avait initialement intitulé cet ouvrage The Hours.
Ce titre fut repris en 1998 par Michael Cunningham pour un roman qui met en scène trois femmes (dont Virginia Woolf), à trois époques différentes reliées par le roman Mrs Dalloway.
Éditions
Édition originale en anglais
Mrs. Dalloway, Londres, Hogarth Press, 1925
Éditions en français
Mrs. Dalloway (traduction de Simone David), Paris, Stock, Delamain et Boutelleau, 1929
Mrs Dalloway (traduction de Pascale Michon), dans Romans et nouvelles, Paris, LGF, coll. « Le Livre de poche. La Pochothèque », 1993
Mrs Dalloway (traduction de Marie-Claire Pasquier[7]), Paris, Gallimard, coll. « Folio classique » no 2643, 1994
Mrs Dalloway (traduction de Nathalie Azoulai), Paris, P.O.L. #formatpoche, 2021
↑ a et bMarie-Pascale Huglo et Éric Méchoulan, « Mrs Dalloway ou le discours comme mobile », Littérature, no 88 « Formes et mouvement - Proust éditions et lectures », , p. 6 (DOI10.3406/litt.1992.1552, lire en ligne).
↑Cette traduction sera révisée pour sa publication dans Virginia Woolf, Œuvres romanesques complètes, vol. 1, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2012.
(en) Kristine D'Onofrio Southard, Virginia Woolf : A Reception History of Mrs. Dalloway, To the Lighthouse and Orlando : a Biography, New York University, Graduate School of Arts and Science, , 748 p.
(en) Suha Wasef Azar, Androgyny in Virginia Woolf's Orlando and Mrs Dalloway, American University of Beirut. Department of English, , 170 p.
(en) Jeremy Hawthorn, Virginia Woolf's Mrs. Dalloway : a study in alienation, Sussex University Press, , 110 p.
(en) Tony E. Jackson, The Subject of Modernism : Narrative Alterations in the Fiction of Eliot, Conrad, Woolf, and Joyce, University of Michigan Press, , 209 p. (ISBN0-472-10552-3 et 9780472105526, lire en ligne), p. 113-138 ("Metaphor, Metonymy and the Subject of Mrs. Dalloway")