Le monument est accessible par un sentier en zigzag de 270 mètres de long[3] prenant naissance au bord de la route départementale 53. Cette dernière, qui longe la crête de la colline pour relier les villages de Sion et Vaudémont, est dite route de la corniche Gaston Canel, du nom de l'ingénieur des ponts et chaussées qui l'a dessinée pour desservir le monument[4].
Histoire
Souscription publique
Après la mort de Barrès fin , une souscription publique est lancée en par un comité dont le président d'honneur est le maréchal Lyautey, et le secrétaire général le prince Charles-Louis de Beauvau-Craon[5].
Le , le comité se réunit à l'hôtel de ville de Nancy pour former une commission de propagande présidée par Victor Prouvé, et vice-présidée par Louis Majorelle, René d'Avril et Pierre Desforges (président du conseil d'administration de la Société nancéienne de crédit industriel)[8].
En , François Coty publie dans Le Figaro une série d'articles rédigés par des femmes et des hommes de lettres en faveur de l'érection de ce monument[9],[10] :
L'inauguration a lieu le , de 14 h 30 à 16 h[17]. La cérémonie, événement national[18], rassemble environ 15 000 personnes[19]. À cette occasion, une messe en plein air est dite[20], et des discours « mobilisant tout le répertoire patriotique »[18] sont prononcés par[21],[22],[23] :
Quelques jours après l'inauguration, le , Léon Blum écrit un texte intitulé « Le vrai monument de Maurice Barrès » dans Le Populaire[35]. Puis le , Paul Souday, membre du comité d'honneur pour l'érection du monument[36], écrit un texte intitulé « Autour du monument Barrès » dans sa rubrique « Les Livres » du Temps[37]. En , La Revue hebdomadaire publie un texte de François Le Grix intitulé « La leçon de Sion-Vaudémont »[38].
André Kertész fait une photographie du monument[39], qui paraît dans Vu en [40], puis illustre en un texte inédit de Barrès[41].
Cérémonies
Le , pour le vingt-cinquième anniversaire de la mort de Barrès, une cérémonie est célébrée au monument en présence de Pierre de Gaulle, d'une délégation du conseil municipal de Paris, de représentants des autorités régionales et de Philippe Barrès, fils de l'écrivain. Au cours de cette cérémonie, un avion de la Première Guerre mondiale survole l'assemblée avant de lâcher un bouquet sur le monument ; puis un feu est allumé[42].
Le , le général de Gaulle dépose une gerbe au monument, après s'être entretenu avec Philippe Barrès[43],[44].
Le , à l'occasion du cinquantenaire de la mort de Barrès, Pierre Messmer, Premier ministre, dépose une gerbe au pied du monument, au cours d'une série de cérémonies commémoratives dans la région[45],[46].
Le monument Barrès est réalisé en pierre d'Euville issue de la carrière de la Mézengère ou Mésangère[25], à Lérouville, dans le département voisin de la Meuse.
Architecture
Le monument est une reproduction presque à l'identique d'un édifice du XIIe siècle, la lanterne des morts de Fenioux, en Charente-Maritime. Le choix de ce motif résulte d'une proposition de deux membres du comité d'honneur pour l'érection du monument, les frères Jérôme et Jean Tharaud, qui ont passé leur jeunesse en Charente, non loin de l'original[36].
Le monument Barrès est donc de style roman saintongeais, une variante de l'art roman pratiquée au Moyen Âge dans la région de Saintonge, où se trouve Fenioux. Il prend la forme d'un faisceau de douze colonnes dont les chapiteaux en feuilles d'acanthe[25] soutiennent autant de colonnettes plus courtes qui, à défaut d'être réellement ajourées, sont plus fines et donc séparées par un vide[58] donnant l'impression qu'elle forment un lanternon[59]. Celui-ci est surmonté d'un clocheton pyramidal en pierre, sculpté au motif d'écailles[58]. L'ensemble, coiffé d'une croix[25], mesure vingt-deux mètres de haut[60].
La ressemblance avec la lanterne des morts de Fenioux est remarquée par Arthur Bonnet, président de la société d'archéologie de Saint-Jean-d'Angély, une société savante siégeant dans les environs immédiats de Fenioux. Il le signale dans un article publié dans La Croix de Saintonge et d'Aunis du [61],[58], ainsi que dans un courrier à L'Illustration, car celle-ci avait publié dans son numéro du un article de Roland Engerand à propos de l'inauguration du monument, sans évoquer Fenioux[62],[58].
Engerand répond dans L'Illustration du [63] où il reprend une note d'intention que Duchêne, l'architecte du monument Barrès, avait soumise au magazine lors du premier article, dans laquelle il explique comment il s'est inspiré de la lanterne des morts de Fenioux, et détaille les modifications qu'il y a apportées. Parmi celles-ci : la silhouette est amincie par rapport à celle de Fenioux[32] ; le toit pyramidal n'est pas flanqué de pyramidions, contrairement à Fenioux ; les colonnettes qui le soutiennent sont plus petites qu'à Fenioux ; et le socle est apparent là où il est enterré à Fenioux[58].
Monument Barrès.
Lanterne des morts de Fenioux.
Inscriptions
Quelques degrés[25] mènent à un socle sur les faces duquel sont gravées des phrases extraites de l'œuvre de Barrès[21],[25],[64] :
Face nord :
« À la mémoire de Maurice Barrès, MDCCCLXII - MCMXXIII »
« L'horizon qui cerne cette plaine c'est celui qui cerne toute vie. Il donne une place d'honneur à notre soif d'infini en même temps qu'il nous rappelle nos limites. »
« Au pays de la Moselle je me connais comme un geste du Terroir, comme un instant de son éternité, comme l'un des secrets que notre race, à chaque saison, laisse émerger en fleur, et si j'éprouve assez d'amour, c'est moi qui deviendrai son cœur. »
Symbolique
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Selon Jean-Pierre Husson, professeur à l'université de Lorraine, l'édification de ce monument « marque un double changement dans la géographie locale de la dévotion » en déplaçant « la ferveur sur un troisième point de la colline », après la basilique Notre-Dame de Sion et les ruines du château de Vaudémont[48].
↑Cédric Moulis et Karine Boulanger, chap. 18 « Le donjon de Vaudémont (Xe – XIe siècles) », dans Cédric Moulis (dir.) et Karine Boulanger (dir.), La pierre dans l'Antiquité et au Moyen Âge en Lorraine : De l'extraction à la mise en œuvre, Nancy, PUN-Éditions universitaires de Lorraine, coll. « Archéologie, espaces, patrimoines », , 685 p. (ISBN978-2-8143-0506-9, HALhal-03141704), partie 2, p. 245 et 255.
↑ ab et c« Une lanterne des morts s'élevera sur la « colline inspirée » de Sion-Vaudémont », L'Ouest-Éclair, vol. 30, no 9830, , p. 1–2 (lire en ligne).
↑ a et bMathilde Labbé, « Les monuments de la nation littéraire (–) : La littérature mise en scène dans l'espace public », dans Carole Bisenius-Penin (dir.) et Jeanne E. Glesener (dir.), Narrations auctoriales dans l'espace public : Comment penser et raconter l'auteur ? (colloque international, Metz, Université de Lorraine, campus du Saulcy, – , organisé par le Centre de recherche sur les médiations (UR 3476, Université de Lorraine), et l'Université du Luxembourg), Nancy, PUN-Éditions universitaires de Lorraine, coll. « Questions de communication / Actes » (no 41), , 227 p. (ISBN978-2-8143-0581-6, HALhalshs-03620465), p. 85–102.
↑Inauguration du monument élevé à la mémoire de Maurice Barrès, à Sion-Vaudémont, le dimanche (discours de MM. le maréchal Lyautey, Paul Bourget, Charles Moureu, Raymond Poincaré), Paris, Institut de France, Académie française, coll. « Institut » (no 17), , 42 p. (BNF31127737).
↑Frédéric Empaytaz (dir.), Chroniques barrésiennes, vol. 1 : Le , sur la colline inspirée, Paris, Le Rouge et le Noir, .
↑ abcdef et gG.B., « Sur la colline de Sion-Vaudémont, l'inauguration du monument qui commémore la pensée de Maurice Barrès », L'Alsace française, vol. 8, no 40, , p. 797–808 (lire en ligne).
↑« Discours prononcé le par M. Raymond Poincaré, président du conseil, ministre des finances, à l'inauguration du monument élevé à la mémoire de Maurice Barrès », Journal officiel de la République française, no 234, , p. 10838–10841 (lire en ligne).
↑Jean Lanher et Noëlle Cazin, Centre de recherche régionale universitaire (Université Nancy-II), Raymond Poincaré : Un homme d'État lorrain, – (16e Journées d'études meusiennes, Sampigny-Bar-le-Duc, – ), Bar-le-Duc, Société des lettres, sciences et arts de Bar-le-Duc, , 139 p. (ISBN2-907708-01-5) : la gravure est en couverture de l'ouvrage.
↑Jean Bruchési, Jours éteints, Montréal, Librairie d'action canadienne-française, , « Un maître : Maurice Barrès », p. 221 et Jean Bruchési, « Un maître : Maurice Barrès », Le Canada, vol. 26, no 161, , p. 1 (lire en ligne).
↑Charles Maurras, La contre-révolution spontanée : La recherche, la discussion, l'émeute, –, Lyon, H. Lardanchet, , 265 p. (BNF34189822), p. 248–249 [lire en ligne].
↑Paul Souday, « Autour du monument Barrès », Le Temps, , p. 2 (lire en ligne), repris dans Les Livres du Temps, vol. 3, Paris, Émile-Paul frères, , 298 p., p. 188–197 [lire en ligne].
↑ ab et cJean-Pierre Husson, « Sion, haut-lieu religieux, patriotique et paysager », Revue de géographie historique, no 16 « Géographie historique des grands sites de pèlerinage dans le monde », (DOI10.4000/geohist.525, lire en ligne).
Alain-Julien Surdel, « De Pierrepont à Sion : Le thème de la Lanterne des morts dans la commémoration lorraine après », Annales de l'Est, no 2 « Sion, une colline d'histoire », , p. 189–208.