Monte Santo (Bahia)
Monte Santo[3] est une commune (município) brésilienne située dans le nord de l’État de la Bahia. D’une population estimée à 54 884 habitants en 2013, cette ville sertaneja est blottie au pied du flanc oriental du Piquaraçá (ou Pico do Araçá), courte chaîne de montagnes se dressant solitaire au milieu d’une vaste plaine aride. « Lieu légendaire » selon Euclides da Cunha, Monte Santo fut fondé à la fin de XVIIIe siècle par le prédicateur Apolônio de Todi, qui, au motif d’une similitude de forme entre le Piquaraçá et le Golgotha, déclara le site lieu saint, y fit construire un chemin de croix et un sanctuaire, et institua un pèlerinage, toujours vivace aujourd’hui. Par ailleurs, le nom de Monte Santo reste connu dans l’histoire de la république du Brésil pour avoir été le quartier-général de l’armée lors de la guerre de Canudos en 1897. Enfin, c’est dans cette commune que fut découverte en 1784 la dénommée pierre du Bendegó, le plus gros météorite (plus de cinq tonnes) jamais trouvé sur le sol brésilien. Géographie et économieLa commune de Monte Santo se situe dans le nord-est de l’État de la Bahia, à une altitude d’environ 469 m en moyenne. Elle a une superficie totale de 3 285,40 km2[4], et sa population vit à 19,97% en zone urbaine et à 80,03% en zone rurale. Le densité de population s’élève à 16,29 habitants au km², selon le recensement de 2003. La température moyenne annuelle est de 23,6 °C et la pluviosité variée. La distance qui sépare Monte Santo de la capitale d’État Salvador est de 352 km. La commune est contiguë à 7 autres communes, à savoir : Euclides da Cunha (situé à 38 km, à l'est de Monte Santo), Itiúba (à 74 km, au sud-ouest), Andorinha (à 70 km, à l'ouest), Uauá (à 74 km, au nord), Cansanção (à 34 km, au sud-ouest), Canudos (à 118 km, au nord-est), et Quijingue (à 40 km, au sud). Au sein de l’agglomération même, l’économie est principalement axée sur le commerce, à côté d’emplois de bureau, notamment à la mairie. Dans les zones rurales prédominent les activités agricoles : production de maïs, de haricots, de manioc, et élevage extensif. HistoireFondationAu XVIIe siècle, la présence supposée de mines d’argent dans la région attira des aventuriers, à qui la montagne Piquaraçá solitaire servait de point de repère et qui avaient coutume de séjourner ensuite quelque temps sur le site de Monte Santo. La découverte de signes mystérieux sur l’un des versants de la montagne, suggérant que c’était là que devait être cherché l’Eldorado, porta ces aventuriers à explorer méticuleusement la montagne dans les années 1670, mais sans résultat[5]. En , le frère capucin Apolônio de Todi, qui se trouvait dans le hameau indigène de Massacará (sis dans l’actuelle commune d’Euclides da Cunha), fut invité par le fazendeiro Francisco da Costa Torres à accomplir une mission de pénitence dans le domaine agricole Lagoa da Onça, de sa propriété ; arrivé sur les lieux, Apolônio de Todi ne put réaliser la mission prévue à cause d’une grave sécheresse, et décida de rejoindre le domaine d’élevage nommé Piquaraçá, où existait au pied de la courte chaîne de montagne du même nom une source abondante connue aujourd’hui sous le nom de Fonte da Mangueira. Le frère Apolônio de Todi, en examinant cette même chaîne montagneuse, demeura impressionné par la similitude de celle-ci avec le mont Calvaire de Jérusalem, et invita les fidèles qui l’accompagnaient à transformer la montagne en un mont sacré, de la rebaptiser en Monte Santo, et de jalonner sa crête des stations de la passion du Christ. Peu après, il ordonna de lui chercher du bois, puis commença à construire une petite chapelle de bois et un bon abri pour accomplir sa mission ; en même temps, il ordonna de couper des pièces d’anacardier et de cèdre, de les porter sur la montagne et d’en faire, en vue d’une future procession vers le sommet de la montagne, un ensemble de croix à planter sur la ligne de crête à intervalles réguliers, dans l’ordre suivant : la première dédiée aux âmes, les sept suivantes représentant les Sept Douleurs de la Vierge Marie, et les quatorze restantes figurant la souffrance de Jésus lors de sa marche vers le mont Calvaire à Jérusalem. L’on raconte que quand les fidèles escaladèrent la montagne, dans la nuit du au , une forte bourrasque s’éleva et que le frère les sollicita alors d’évoquer le Seigneur Jésus, ce qui fit cesser la tempête. Peu après apparut un grand arc-en-ciel, qui resta suspendu au-dessus des lieux où se dressaient les croix de bois, comme pour indiquer que là devaient être élevées des chapelles, puis s’immobilisa là où eût à être construite la Grande-Chapelle, celle de la Sainte-Croix. Apolônio de Todi requit que ce lieu ne fût plus jamais désigné par Serra do Piquaraçá — qui avait été ainsi nommé en raison d’une plante endogène qui y croissait en abondance, l’araçá — mais qu’on l’appelât désormais Monte Santo, et s’en fut après avoir demandé à tous de construire des chapelles et de visiter régulièrement les croix. Ce même premier novembre, il clôtura la procession de pénitence par un sermon, dans lequel il exhorta les fidèles à se rendre dans ces lieux saints chaque année lors des jours consacrés. Ensuite, la population sertaneja commença à édifier, en pierre et mortier de chaux, aux emplacements des croix de bois, les 22 chapelles du chemin de croix, ainsi que la Grande-Chapelle sur le Calvaire et l’église paroissiale (igreja da Matriz), en ayant soin d’installer dans les petites chapelles de grands panneaux peints, dans la Grande-Chapelle du Calvaire des images du Seigneur, de Notre-Dame-de-la-Solitude et de saint Jean, et dans l’église paroissiale les images de Notre-Dame-de-la-Conception et du Sacré-Cœur de Jésus. En 1790, c'est-à-dire dès avant son achèvement, le sanctuaire fut, à cause de son importance comme lieu de pèlerinage, élevé au statut de freguesia par décret de Lisbonne et reçut le nom de Sacré-Cœur-de-Jésus-et-de-Notre-Dame-de-la-Conception de Monte Santo. Le premier curé en fut le père Antônio Pio de Carvalho. Les premiers à peupler le site de Monte Santo furent Francisco da Costa Torres, de la fazenda Laginha, Domingos Dias de Andrade, José Maria do Rosário, de la fazenda Damázio, et João Dias de Andrade. Statut administratifEn 1794 fut créé le distrito de paz (circonscription de paix) de Monte Santo, relevant de l’ancien bourg (vila) d’Itapicuru de Cima. Le , en vertu de la loi provinciale nº 51, le village fut élevé au rang de bourg (vila). Peu après fut créée la commune (município), inaugurée le de la même année, qui prit nom de Coração de Jesus de Monte Santo et dont le premier maire (prefeito) fut le père José Vítor Barberino. Le , par la loi provinciale nº 395, le distrito de paz reçut le statut de comarque (comarca), et le , par la loi nº 2.192 de l’État de la Bahia, le bourg fut promu ville (cidade, titre plutôt honorifique), retrouvant par la même occasion son ancien nom de Monte Santo. Lieu de pèlerinageLe renom du lieu saint se répandit par tout le sertão, puis dans le Brésil tout entier, et parvint même à l’étranger. Des pèlerins venaient de toutes parts pour visiter le sanctuaire, souvent à genoux ou avec une charge de pierres, afin d’y faire des vœux ou d’y obtenir des faveurs. Tous ceux qui visitaient Monte Santo ne manquaient pas d’emprunter le raidillon escarpé long de près de 2 km, fait de pierres et bordé d’un muret, conduisant jusqu’au sanctuaire ; le chemin est jalonné sur toute sa longueur de 22 chapelles, lesquelles attirent l’attention par des représentations de scènes du calvaire du Christ qu'elles hébergent. Le sommet, où s’élève le sanctuaire, et d’où l’on aperçoit toute la ville, se trouve à plus de 500 mètres d’altitude. Les pèlerins tiennent une grande fête chaque année durant la Semaine sainte, et tous les ans également, la ville accueille des milliers de pèlerins lors de la traditionnelle fête de la Toussaint, du au 1er novembre. Guerre de CanudosCanudos, initialement une ferme d’élevage désaffectée sise dans la commune de Monte Santo, vint à être célèbre lorsqu'Antônio Conselheiro, prédicateur millénariste longtemps ambulant, décida de se sédentariser avec ses adeptes et d’implanter à Canudos en une communauté religieuse, changeant le nom du site en Belo Monte. En , Monte Santo joua un rôle stratégique dans la dénommée guerre de Canudos, en faisant office de base d’opérations de l’armée républicaine venue mettre un terme à l’existence de la communauté conselheiriste, réputée monarchiste ; deux raisons au moins désignaient Monte Santo pour jouer ce rôle : la petite cordillère qui flanque le village à l’ouest permet d’observer depuis ses cimes une vaste étendue, et le site possède la seule source permanente de cette partie du sertão. Monte Santo servit ainsi de garnison lors des trois dernières expéditions de ladite guerre. Au cours de la quatrième expédition, laquelle mobilisa plus de 8 000 soldats, répartis en deux colonnes de marche, équipés des armements les plus modernes, le ministre de la Guerre lui-même, le maréchal Carlos Machado Bittencourt, séjourna un temps à Monte Santo. Météorite de BendegóLe plus grand météorite jamais trouvé au Brésil, la pierre de Bendegó, fut découvert sur le territoire de la commune en 1784, par l’enfant Bernardino da Mota Botelho. À en juger par l’épaisseur de la couche d’oxydation qui le recouvre, il devait s’y trouver déjà depuis plusieurs milliers d’années. Le météorite, qui se classe quant à la taille au 16e rang de tous ceux trouvés jusqu’ici à la surface du globe[6], fut transporté, d’abord par des bœufs, puis par le chemin de fer, jusqu’à Rio de Janeiro, où il est actuellement exposé au Museu Nacional da Quinta da Boa Vista. Toutefois, une réplique en grandeur réelle peut être contemplée au musée du Sertão à Monte Santo. CommunicationsLiaisons routièresRoutes municipales, d’État et fédéralesLes principales voies d’accès à Monte Santo sont les suivantes :
Celles parmi les communes limitrophes qui bénéficient des meilleures connexions avec le réseau routier sont Euclides da Cunha et Cansanção. Les voies d’accès à ces deux localités sont en bonne condition, abstraction faite de la nécessité de quelques travaux de réfection peu importantes (revêtement dégradé) et de la modernisation ou de l’adaptation de quelques ponts. Les autres communes sont en communication directe avec Monte Santo par des routes non pavées. Transport de passagersLe transport de passagers à Monte Santo peut se décomposer en transport interurbain et transport inter-États. Le système interurbain est constitué d’autobus transportant des passagers des diverses localités rurales vers le chef-lieu municipal, principalement les jours de marché et de foire. Une entreprise privée de transports dessert quotidiennement dans les deux sens la ligne Euclides da Cunha - Monte Santo - Cansanção - Itiúba - Senhor do Bonfim, ligne utilisée par toute la population de ces communes, qui ne disposent pas de lignes propres. La même entreprise assure également la liaison Monte Santo - Salvador, avec plusieurs départs chaque jour. Quant au transport d’État à État, il est assuré par une autre entreprise privée, et comprend des liaisons quotidiennes avec Belo Horizonte, Rio de Janeiro et São Paulo. Ces dernières années, des transports alternatifs ont été mis en place s’appuyant sur des minibus particuliers faisant le trajet vers des villes proches et vers Salvador, lesquels véhicules se distinguent par leur confort et la facilité avec laquelle les passagers sont pris en voiture et déposés aux endroits désirés. Une gare routière est à la disposition de ces entreprises pour leurs opérations à Monte Santo. Liaisons aériennesSur le territoire de la commune, à cinq km environ de l’agglomération, se trouve un aérodrome doté d’une piste d’atterrissage en gravier d’une longueur de 1 km. Cette piste est peu utilisée, hormis par des personnalités politiques venues dans la région en vue d’inaugurer quelque ouvrage d’art ou d’assister à une manifestation politique. Lieux d’intérêtChemin de croix du PiquaraçáCe chemin de croix, créé à la fin du XVIIIe siècle, serpente sur le flanc oriental et sur la ligne de crête de la serra de Piquaraçá, petite chaîne de montagnes s’étirant à l’ouest de la ville, jusqu’à un sanctuaire, appelé chapelle de la Sainte-Croix, coiffant le pic le plus élevé de ladite cordillère à plus de 500 m d’altitude. Il s’agit d’un chemin par endroits très escarpé, jalonné de 22 petites chapelles, renfermant chacune un des panneaux qu’avait ordonné de peindre le frère Apolônio de Todi. Euclides da Cunha en donna la description suivante, qui a gardé toute sa validité jusqu’à nos jours :
AutresÉglise paroissiale Musée du Sertão Praça Monsenhor Berenguer Fonte do Simão Vestiges précolombiens Monte Santo au cinémaL’un des films les plus récompensés du cinéma brésilien, le Dieu noir et le Diable blond (titre en port. Deus e o diabo na terra do sol, 1964), du réalisateur Glauber Rocha, fut tourné à Monte Santo, en partie sur la fazenda Caixão ; celle-ci possédait 20 000 m2 de caatinga, où alternaient périodes de sécheresse et de crue. D’autre part, la minisérie O Pagador de promessas, basée sur l’œuvre de l’écrivain bahianais Dias Gomes et diffusée par la chaîne Globo, fut en partie filmée dans cette commune en 1988. Notes et références
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