Molinia caeruleaMolinie bleue Molinia caerulea
Port de la plante.
Détail de l'inflorescence au moment de l'anthèse, avec les anthères exsertes.
Molinia caerulea, la molinie bleue, aussi appelée « paleine », est une espèce de plantes monocotylédones de la famille des Poaceae, sous-famille des Arundinoideae, originaire d'Eurasie et d'Afrique du Nord. Ce sont des plantes herbacées vivaces poussant en touffes jusqu'à 2 mètres de haut, qui préfèrent les sols acides. Cette espèce forme localement des peuplements denses monospécifiques très étendus, les « molinaies ». DénominationÉtymologieLe nom générique, « Molinia », est un hommage au botaniste chilien, Juan Ignacio Molina (1740-1839)[2]. Quant à l'épithète spécifique, « caerulea », c'est un adjectif latin signifiant « bleu sombre » qui se réfère à la couleur bleu violacé des panicules[3]. Noms vernaculairesMolinie bleue, canche bleue, molinie d'Allemagne, guinche, jonchée[4],[5]. En gascon « auguicha » ou « auga »[6]. DescriptionLa molinie bleue est une plante herbacée, vivace, cespiteuse, aux tiges (chaumes) raides, dressées pouvant atteindre de 15 cm à 1,2 m, voire 1,5 ou 2 m de long. Ces tiges sont renflées à la base formant des cormes allongés. Les feuilles, surtout basales, ont un limbe au bord scabéruleux, de 10 à 45 cm de long sur 3 à 10 mm de large, avec une ligule réduite à une rangée de poils[7],[5]. La floraison a lieu de juillet à septembre[8]. L'inflorescence est une panicule de couleur violacée ou verdâtre, longue et lâche, linéaire ou oblongue, de 5 à 40 cm de long sur 1 à 10 cm de large. Les épillets, solitaires et pédicellés, de forme lancéolée ou oblongue, de 4 à 9 mm de long, sont composés de 1 à 4, voire 6 fleurons fertiles très espacés[9], avec des fleurons réduits à l'apex. Ils se désarticulent à maturité sous chaque fleuron fertile. Ils sont sous-tendus par des glumes similaires, membraneuses, non carénées, lancéolées ou ovales, à l'apex aigu, plus courtes que l'épillet. La glume inférieure, la plus courte, fait de 1,5 à 3 mm de long et ne présente aucune nervure latérale. La glume supérieure, 2,5 à 4 mm de long, soit environ les deux-tiers de la longueur de la lemme adjacente, présente de 1 à 3 nervures latérales. Les fleurons, de couleur pourpre, présentent un callus glabre et comptent deux lodicules charnus, trois anthères de 1,5 à 3 mm de long et deux stigmates. Ils sont enfermés dans deux glumelles un peu inégales, de 4 à 6 mm de long, une lemme membraneuse présentant 3 à 5 nervures et une paléole à 2 nervures. On observe parfois des inflorescences présentant de petites pousses feuillées à la base des fleurs (viviparité)[7],[5]. Le fruit est un caryopse obovoïde, au péricarpe tardivement libre. Il présente un embryon dont la longueur est d'un tiers de celle du caryopse et un hile linéaire aussi long que le caryopse[7].
Molinia caerulea est une espèce polyploïde, considérée par certains auteurs comme un complexe d'espèces, chez lequel les niveaux de ploïdie sont très divers : diploïde (2n = 2x = 18), tétraploïde (2n = 4x = 36), hexaploïde (2n = 6x = 54),octoploïde (2n = 8x = 72), décaploïde (2n = 10x = 90) et dodécaploïde (2n = 12x = 108)[10]. ÉcologieDans les milieux oligotrophes et acides que sont les landes humides, les molinies bleues forment des tapis caractéristiques en touradons, sortes de mottes constituées par les parties anciennes de la plante, accumulées durant des décennies et prenant l'aspect de souches surélevées rendant la marche parfois difficile. Ces plantes semblent, avec les sphaignes, jouer un rôle de plantes facilitatrices : bruyères, bouleaux, bourdaines s'y établissent volontiers si le niveau de l'eau le permet. Les touradons servent d'abris à de nombreux organismes, dont tritons, salamandres, grenouilles et crapauds, tout ou partie de l'année. Plusieurs facteurs favorisent le développement des peuplement de molinie bleue : sa reproduction par petites graines, facilement disséminées par le vent, et par rhizomes ; la formation de peuplements monospécifiques sous forme de touradons ; sa diversité génétique et sa plasticité qui lui permettent de coloniser des milieux très divers ; les dépôts aériens d'azote, l'assèchement du sol et les incendies (espèce pyrophyte) lui sont favorables[11]. Dans les fagnes, notamment en Wallonie, la molinie a été décrétée « plante envahissante », car elle étouffe les espèces de basse taille telles les myrtilles, les airelles et les narthécies. Elle fait, dans certaines zones, l'objet de fraisage et d'étrépage, opérations destinées à l'éradiquer et à permettre la germination de graines qui se trouvent dans le sol et que son omniprésence étouffante empêche de germer. Ces opérations sont subventionnées par l'Union européenne dans le cadre de projets LIFE et réalisées ou en voie de réalisation dans l'ensemble du territoire wallon. Distribution et habitatL'aire de répartition originelle de la molinie bleue comprend :
L'espèce est en forte progression en Europe occidentale depuis le milieu du XXe siècle[11]. Elle s'est répandue en Amérique du Nord et s'est naturalisée aux États-Unis et au Canada[12]. La molinie bleue est une espèce assez généraliste qui se rencontre dans les prairies ou les sous-bois humides siliceux et acides, les landes, les tourbières, les molinaies. Prospérant en plein soleil (espèce héliophile) mais tolérante à l'ombre, relativement indifférente à l'humidité du sol, tolérant de grande fluctuations dans la disponibilité en eau, elle se présente sous la forme de deux écotypes adaptés l'un aux sols plus acides, l'autre aux sols neutres à basiques[11]. On la rencontre depuis les plaines jusqu'à une altitude de 2300 mètres environ en montagne[3]. Cette espèce forme de vastes peuplements monospécifiques sur tourbières dégradées. Non turfigène, elle remplace alors les sphaignes et leur cortège de plantes associées, qui sont responsables de la formation continue et de la conservation de la tourbe[13]. Bouleaux, pins, bourdaines et prunelliers sont les premières essences à coloniser la lande à molinie, au point de l'assécher et de la faire disparaître (quand la nappe est juste affleurante et permet leur croissance). UtilisationVannerieOn l'utilise en vannerie spiralée cousue souvent par des éclisses de ronce. Des variétés à feuilles panachées sont cultivées dans les jardins d'ornement pour former des bordures[5], par exemple Molinia caerulea 'Variegata'[14]. Exemple de cultivars commercialisés dans les jardineries[3],[15] :
TaxinomieL'espèce Molinia caerulea a d'abord été décrite par Linné sous le nom d'Aira caerulea , publiée en 1753 dans son Species plantarum, puis renommée par le botaniste allemand, Conrad Moench, et publié en 1794 dans son Methodus Plantas Horti Botanici et Agri Marburgensis[17]. SynonymesSelon 'Catalogue of Life (1er novembre 2017)[18] :
Liste des variétésSelon 'The Plant List (1er novembre 2017)[1] deux variétés sont acceptées (toutefois avec un niveau de confiance faible)
Notes et références
Voir aussiArticle connexeLiens externes
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