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Les bouleaux poussent en général sur les terres pauvres et souvent siliceuses, jusqu'à 2 000 m d'altitude, ainsi que dans les régions arctiques. Les bouleaux sont des plantes pionnières qui constituent souvent la première formation arborée lors de la reconquête ou de la colonisation de landes par la forêt. Ils apprécient les sols plutôt acides et humides. Les bouleaux forment des futaies appelées boulaies ou boulinières ou encore des bétulaies.
Il existe quatre espèces de bouleaux en Europe, dont deux arbres largement répandus : Betula pendula, le bouleau verruqueux, et Betula pubescens, le bouleau pubescent, et deux arbrisseaux des régions arctiques : Betula nana, le bouleau nain, et Betula humilis. De nombreuses autres espèces se rencontrent en Asie et en Amérique du Nord.
En climat tempéré, les bouleaux vivent peu de temps (trente à quarante ans), mais plus au nord (Suède, Finlande, Russie, etc.), ils peuvent vivre jusqu’à cent ans et plus[1].
Cet arbre à feuilles caduques de la famille des Betulaceae fleurit d'avril à mai. Le bouleau est très connu pour son écorce blanche, lisse et brillante, ses petites feuilles colorées de teintes vert clair au printemps et jaune à l’automne[2]. Sa couleur blanche est due à la bétuline(en), son principal constituant. Le branchage a un port souvent dressé et relativement aéré[1], filtrant la lumière en été sans la bloquer. Le bouleau est donc considéré comme un bel arbre d'ornement[2] et ses caractéristiques lui permettent de s'adapter à tous les types de jardins[1]. Ses inflorescences sont des chatons allongés de 10 cm de longueur, dressés puis pendants pour les mâles et de 3 cm dressés pour les femelles. Ses fruits sont des samares groupées en chatons. Cet arbre à l'écorce blanche écaillée peut atteindre 20 à 30 m de hauteur et jusqu'à 60 cm de diamètre à la base. Les racines des bouleaux sont peu profondes[1]. On attribue à sa sève, ainsi qu'à son écorce, de nombreuses propriétés médicinales et autres[3],[4],[5],[6].
Étymologie
Le terme bouleau procède de l'ancien pluriel du mot boulel (jadis un boulel, des bouleaux). L'ancien françaisboulel est le diminutif de l'ancien français boul, bououl[7] (cf. un boulay ou une boulaie, « bois, forêt où le bouleau domine »). Le terme boul est issu du latin vulgaire betullus (< latin classique betulla) d'origine probablement celtique (gaulois), sur la base de *betuo-, thématisation de *betu-, dont est issu le nom brittonique du même arbre : breton bezv, gallois bedw et vieil irlandais beithe « bouleau »[8]. *betu-/betto pourrait désigner à l'origine en celtique, la poix (goudron de bouleau) obtenue en chauffant de jeunes arbres pleins de sève et équivalent du latin bitumen[9]. Plus tard, le mot évolue en betun pour désigner une boue en train de se solidifier. Michel Roussillat suggère que le mot bitume et béton tirent tous deux leur origine de ces désignations[10].
Le catalan et l'occitan ont beç/bès « bouleau », le gascon a bedoth, bedora, l'espagnol abedul, le corse vitullu. La toponymie et l'anthroponymie du sud de la France comptent de nombreux Besse, Bessières (« plantation de bouleaux »), Bèze, voire Besant, qui signifient tous « bois de bouleaux, boulaie »[8].
Quelques toponymes pourraient tirer leur origine du bouleau : Boul, Bellay, Belloy, Beuley, Bioller, Boulay, Bessat, Bessay, Besseyre[11]…
Répartition géographique
Le bouleau est une espèce adaptée aux climats tempérés ou froids[12].
Le bouleau et l'Homme
Utilisation
Le brai ou goudron de bouleau était largement utilisé comme adhésif dès le Paléolithique moyen jusqu'au début du Mésolithique. Les Néandertaliens produisaient du brai par distillation sèche de l'écorce de bouleau il y a 200 000 ans[13],[14].
En Europe du Nord (Scandinavie, Pays baltes, Sibérie), le rhytidome (écorce au sens strict) de bouleau, tressé en lanières, était utilisé à la campagne pour fabriquer des chaussures appelées lapti (лапти) en Russie. En Russie, il a également servi de support d'écriture[15].
Le bouleau est également un arbre décoratif utilisé dans les parcs et jardins. Il est souvent planté par groupe de trois ou conduit en cépée.
Le bouleau brûle vite sans que sa flamme soit trop chaude et il laisse très peu de cendres. Apprécié des boulangers, c'était le bois de boulange. Des fagots étaient également utilisés pour faire chauffer l'huile de friture (pour par exemple frire les frites), le cuisinier atteignait ainsi rapidement une température suffisante. La vitesse de chauffe et de combustion lui permettait de gérer le rapport entre les temps morts entre les clients et la quantité de bois utilisé.
L'écorce de bouleau est un amadou efficace et qui brûle bien, connu depuis le Néolithique.
En Europe du Sud où leur croissance est rapide, le bois des bouleaux pubescents et verruqueux est considéré comme de peu de valeur. Dans les pays du Nord où il croît plus lentement, on en tire un bois de belle qualité, d'aspect très blanc, doux et soyeux, qui se travaille et s'imprègne facilement. Ses propriétés mécaniques sont excellentes, son grain est fin et uniforme. C'est un bois considéré comme facile à dérouler[16].
Le bois du bouleau jaune est utilisé en menuiserie (au Canada sous le nom de merisier et sous le nom de merisier rouge pour le bouleau flexible[17]). On s'en sert afin de réaliser du contre-plaqué à âme d'épicéa[16]. Facile à tourner, le bois de bouleau a permis la fabrication de millions de chaises Windsor en Angleterre. Cependant, ce cas reste isolé[18]. On peut trouver du bouleau dans la fabrication de skis, de raquettes à neige ou encore de toits en Scandinavie[19]. Durant la Deuxième guerre mondiale, ce bois a également été utilisé pour la fabrication de certains avions militaires, en particulier pour le De Havilland DH.98 Mosquito[20].
Ötzi, l'homme du Néolithique moyen, mort 4 546 ± 15 ans av. J.-C., retrouvé sur un glacier entre l'Autriche et l'Italie, en 1991, détenait des flèches dont la pointe de silex était solidement fixée notamment à l'aide de brai de bouleau. Auparavant, en 1960, des traces de fabrication datant de 43 800 ± 2 100 BP et 48 400 ± 3 700 BP ont été retrouvées en Allemagne à Königsaue près d'Aschersleben, Saxe-Anhalt, Allemagne[22], ce qui en fait la plus ancienne colle fabriquée par l'homme. Ce même bitume de bouleau servait à calfater les embarcations. Enfin, sur les sites mésolithiques (10 000 - 5 500 av. J.-C.) de Star Carr, Royaume-Uni ou encore néolithique (5 500 - 2 000 BC) d'Altscherbitz, Saxe, Allemagne, de la poix de bouleau a également été trouvée, portant des empreintes de dents humaines, sans toutefois que l'on sache à quelle fin (technique ou dentaire).
L'huile de poix de bouleau est un répulsif très apprécié pour son efficacité dans les pays scandinaves qui, l'été, sont infestés de moustiques, tout comme l'« essence de népéta », documentée en Iowa, aux États-Unis.
En France, en 1896, le Journal des connaissances utiles indique dans un article du mois de mars que « les salières suspendues sous le manteau de nos cheminées de cuisine sont en bois de bouleau. Son écorce sert à tanner le cuir et à lui donner une belle couleur jaune... » parmi d'autres usages, son bois est utilisé dans la fabrication de balais, de verges, de sabots tandis que la sève, voire l'écorce, servent de matière première, par exemple au charron pour fabriquer une poix graisseuse mais stable appliquée sur les jantes de roues.
En herboristerie, le bouleau a de nombreuses vertus. On utilise les bourgeons ou l'écorce sèche en décoction et les feuilles en infusion comme dépuratif. La sève de bouleau appelée eau de bouleau est également utilisée dans de nombreux pays.
En phytothérapie, on utilise la feuille de bouleau en poudre pour faciliter les fonctions d'élimination rénale et digestive.
Dans le traitement du cancer, l'acide bétulinique, un composé naturel de l'écorce de bouleau, est cytotoxique pour de nombreuses tumeurs[23],[24]. Un parasite du bouleau, Inonotus obliquus, communément connu sous le nom vernaculaire de Polypore oblique ou de Chaga, présente des vertus particulières[25].
Белая берёза
Под моим окном
Принакрылась снегом
Точно серебром
(...)
Le bouleau blanc
Sous ma fenêtre
S'est couvert de neige
On dirait de l'argent.
(...)
— Sergueï Essénine
Divers
Le nom local du bouleau est également à l'origine du nom du mois de mars dans plusieurs langues slaves, comme en tchèque (březen) et en ukrainien (березень) ; il s'agirait d'une évocation de la sève qui commence à circuler à cette époque[28].
Enfin, si le frêne(ask) est l'arbre symbolisant les mythologies scandinaves, le bouleau (bjørk ou bjerk) est un symbole nationaliste norvégien, utilisé de nombreuses fois par les peintres romantiques. Johan Christian Dahl a pour un de ses plus célèbres tableaux, Bjerk i storm (Bouleau dans la tempête) représentant un bouleau situé sur une falaise et malmené par le vent.
De même en Russie, le bouleau est considéré comme l'arbre national et est fêté chaque année pendant la Semaine verte de début juin.
Betula uber (Ashe) Fernald – Endémique de Virginie
Les espèces européennes
Bouleau verruqueux (Betula pendula Roth., syn. B. verrucosa Ehrh.) – Presque toute l’Europe, mais rare dans le sud ; arbre à croissance rapide (12 m en 20 ans) pouvant atteindre 25 m de hauteur ; rameaux retombants glabres, pourvus de verrues résinifères ; feuilles triangulaires doublement dentées, glabres. Le bouleau verruqueux a une écorce blanche, lisse et brillante avec quelques taches noires, souvent accompagnées de crevasses. Espèce pionnière sur sol riche ou calcaire, parfois très sec (dunes).
Var. lapponica Lindq. se rencontre dans les régions arctiques.
Bouleau pubescent (Betula pubescens Ehrh., syn. B. alba L.) – Presque toute l’Europe, mais rare dans la région méditerranéenne et dans le sud-est ; plus hygrophile, il pousse dans les forêts humides et dans les tourbières. C'est un arbre au port élancé à croissance plus lente (10 m en 20 ans). Sa hauteur en général est de 10 à 15 m, parfois 20 m. Rameaux lisses et pubescents ; feuilles en losange, pubescentes à leur face inférieure. Le bouleau pubescent a une écorce d’un blanc plus mat, parfois rosé, avec souvent des bandes ou des lignes horizontales grisâtres, mais sans taches noires ni crevasses.
subsp. pubescens – Surtout en plaine jusqu’à environ 70° N. en Finlande et en Russie.
subsp. carpatica (Willd.) Asch. & Graebn. – Europe arctique et montagne d’Europe moyenne, des Pyrénées aux Carpates.
subsp. celtiberica (Rothm. & Vasc.) Rivas Mart. – Endémique des montagnes du nord et du centre de l’Espagne et du nord du Portugal.
subsp. tortuosa (Ledeb.) Nyman – Europe arctique, montagnes de Scandinavie et Islande.
Bouleau nain (Betula nana L.) – Europe arctique jusqu’en Russie centrale, relique glaciaire en Europe moyenne depuis la France (Margeride et Jura) jusque dans l’est des Carpates. Arbuste nain à port souvent prostré, atteignant 50 cm, parfois 1 m, à minuscules feuilles rondes et dentées (1 cm), devenant jaune or en automne. Espèce caractéristique de la zone des arbrisseaux des montagnes du nord de l’Europe.
Bouleau peu élevé (Betula humilis L.) – Nord de la Russie, relique glaciaire dans le centre et l’est de l’Europe, du nord de l’Allemagne au nord-est de la Suisse et au centre de la Roumanie[29],[30]. Espèce arbustive de 50 cm à 2 m, à rameaux pubescents glanduleux ; feuilles ovales dentées de 2 à 3 cm.
Hybrides
Là où plusieurs espèces croissent ensemble, on peut rencontrer les hybrides suivants :
Betula × aurata Borkh. (Syn. Betula × obscura Kotula), un hybride entre Betula pendula et Betula pubescens
Betula humilis × Betula nana
Betula nana × Betula pendula
Betula nana × Betula pubescens
Quelques espèces d’autres régions
Bouleau jaune (Betula alleghaniensis Britton) – Est de l’Amérique du Nord. Arbre au tronc droit long à couleur de miel ou brun clair, à branches fortes à faible défilement. Ce bouleau à croissance lente (4,5 m en 20 ans) atteint 19 à 25 m, parfois 30 m de hauteur. Les rameaux et l’écorce ont une odeur aromatique. Le bouleau jaune est l'arbre-emblème officiel du Québec (Canada).
Bouleau flexible (Betula lenta L.) – Est de l’Amérique du Nord. Arbre à écorce brun foncé pouvant atteindre 25 m. Comme le précédent, les rameaux et l’écorce ont une odeur aromatique.
Bouleau noir (Betula nigra L.) – Est des États-Unis. Espèce décorative par son écorce brun foncé, rugueuse, qui s’exfolie en lamelles papyracées. Ce bouleau à cime ovoïde souvent à plusieurs troncs, peut s’élever jusqu’à 30 m.
Bouleau à papier (Betula papyrifera Marshall) – Amérique du Nord. Tronc sinueux et à la cime ovale et étroite. L'écorce blanche souvent à plages rosées se détache en larges bandes, d'où son nom. À croissance rapide, ce bouleau peut atteindre 30, voire 40 m.
Var. jacquemontii (Spach) H. J. P. Winkl. : plus rustique, souvent cultivée pour l’ornement. Cette variété, qui atteint 12 à 15 m, a dès sa jeunesse une écorce très blanche sans taches noires ni crevasses.
↑(en) (en) Schmidt, P., Blessing, M., Rageot, M., Iovita, R., Pfleging, J., Nickel, K. G., Righetti, L. et Tennie, C., « Birch tar extraction does not prove Neanderthal behavioral complexity », PNAS, (DOI10.1073/pnas.1911137116)
↑(de) Judith M. Grünberg, Heribert Graetsch, Ursula Baumer, Johann Koller: Untersuchung der mittelpaläolithischen "Harzreste" von Königsaue, Ldkr. Aschersleben-Staßfurt. In: Jahresschrift für mitteldeutsche Vorgeschichte., vol. 81, 1999, p. 7–38.
↑(en) Matthias Bache et al., « Betulinyl Sulfamates as Anticancer Agents and Radiosensitizers in Human Breast Cancer Cells », Int. J. Mol. Sci., (lire en ligne)
↑(en) Marcin Drag et al., « Comparision of the Cytotoxic Effects of Birch Bark Extract, Betulin and Betulinic Acid Towards Human Gastric Carcinoma and Pancreatic Carcinoma Drug-sensitive and Drug-Resistant Cell Lines », Molecules, (lire en ligne)
↑(en) Antoine Géry, Christelle Dubreule, Veronique Andre et Jean-Philippe Rioult, « Chaga (Inonotus obliquus), a Future Potential Medicinal Fungus in Oncology? A Chemical Study and a Comparison of the Cytotoxicity Against Human Lung Adenocarcinoma Cells (A549) and Human Bronchial Epithelial Cells (BEAS-2B) », Integrative Cancer Therapies, vol. 17, no 3, (lire en ligne, consulté le )
↑Alexandre Soljenitsyne (trad. René Marichal, Et chaque année : c'est juste ! Et quand ils verdissent en même temps, alors l'été sera variable.), Le chêne et le veau (autobiographie), Paris, Seuil, , 540 p. (ISBN978-2-02-002121-0, BNF34571305), p. 202