Maximilien Joseph Eugène Auguste Napoléon de Beauharnais (en allemand : Maximilian von Leuchtenberg et en russe : Максимилиан Лейхтенбергский), duc de Leuchtenberg et, par son mariage, prince Romanovsky, est né le à Munich, en Bavière, et décédé le , à Saint-Pétersbourg, en Russie. Chef de la maison de Beauharnais de 1835 à sa mort, c’est également un membre de la famille impériale de Russie, un mécène et un minéralogiste.
Nicolas de Leuchtenberg (1843-1891), duc de Leuchtenberg et prince Romanovsky, qui épouse morganatiquement Nadedja Annenkova (1840-1891), titrée comtesse de Beauharnais ;
Eugène de Leuchtenberg (1847-1901), duc de Leuchtenberg et prince Romanovsky, qui épouse, en 1869, Daria Opotchinine (1845-1870) avant de se remarier, en 1878, à Zénaïda Skobelev (1856-1889), titrée comtesse de Beauharnais ;
Georges de Leuchtenberg (1852-1912), duc de Leuchtenberg et prince Romanovsky, qui épouse en 1879, la princesse Thérèse d'Oldenbourg (1852-1883) avant de se remarier, en 1889, à la princesse Anastasia de Monténégro (1867-1935). Le couple divorce en 1906.
Victimes du protocole bavarois, qui leur rappelle constamment que leur rang est inférieur à celui des Wittelsbach[N 1], les Beauharnais bénéficient toutefois d'un réel bien-être matériel dans leur exil. Avec sa fortune, le prince Eugène a ainsi acquis plusieurs châteaux et domaines, parmi lesquels le palais Leuchtenberg de Munich et des terres situées dans le canton de Thurgovie, en Suisse[2]. Le prince français a, par ailleurs, reconstitué ses collections d'art en Bavière et ses enfants grandissent au milieu d'œuvres de grande qualité[3].
Comme la plupart des hommes de sa classe sociale, Maximilien est destiné à une carrière militaire. Encore adolescent, il est nommé par son grand-père commandant du 6e régiment de cavalerie bavarois[4] avant d'être promu par son oncle, le roi Louis Ier de Bavière, colonel du régiment de Uhlans[5]. En 1835, le prince Auguste meurt à Lisbonne sans laisser de descendance. Dernier représentant masculin de la maison de Beauharnais, Maximilien devient alors duc de Leuchtenberg et hérite de l'essentiel de la fortune familiale[4].
Voyage en Russie
En 1836, le grand-duc Michel Pavlovitch de Russie effectue une visite officielle à Munich. Il rencontre alors la princesse Augusta-Amélie et sa famille, qui le reçoivent avec faste dans leur demeure. Peu de temps après ces événements, le tsar Nicolas Ier invite le roi Louis Ier de Bavière à envoyer un prince de sa maison assister à des manœuvres militaire en Russie. Saint-Pétersbourg essayant depuis plusieurs années de marier une grande-duchesse russe à l'un des fils du roi[N 2], celui-ci rejette poliment l'invitation. Cependant, l'empereur insiste et demande spécifiquement au souverain de lui envoyer son neveu, le prince Maximilien. Après consultation de sa sœur, qui se réjouit immédiatement des avantages que pourrait amener ce voyage, Louis Ier demande donc à son neveu de partir en Russie pour y représenter la Bavière[6].
Rapidement, une idylle se noue entre le prince et la grande-duchesse Marie Nikolaïevna, fille préférée du souverain russe[8]. Le tsar s'en montre satisfait car il apprécie Maximilien et le considère comme un parti approprié pour sa fille. Il fait toutefois connaître ses exigences au jeune duc de Leuchtenberg : en cas de mariage, celui-ci doit s'engager à s'établir en Russie et à servir dans l'armée impériale. Surtout, il doit accepter d'élever ses enfants dans la religion orthodoxe et de faire d'eux des princes russes. Après avoir consulté sa mère, Maximilien accepte les conditions du tsar et ses fiançailles avec Marie sont officiellement annoncées le . Satisfait, le tsar confère à son futur gendre la quasi-totalité des ordres russes et polonais[9]. Peu de temps après, le duc de Leuchtenberg rentre en Bavière afin d'y régler ses affaires[10].
Mariage et vie privée
Le mariage de Maximilien et de Marie est célébré dans la chapelle du palais d'Hiver, à Saint-Pétersbourg, le . Il donne lieu à 15 jours de festivités[11], mais soulève la désapprobation des Moscovites, qui sont choqués de voir l’une de leurs princesses s’unir à un prince français, dont le père a participé à la prise de leur ville en 1812[12]. Immédiatement après les épousailles, le duc de Leuchtenberg reçoit du tsar Nicolas Ier le prédicat d'altesse impériale et le titre de prince Romanovsky. Il est nommé major général de l'armée russe et colonel en chef du régiment de hussards de Kiev. Il reçoit par ailleurs une rente annuelle de 100 000 roubles. De son côté, le tsar confère à Marie une rente de 700 000 roubles ainsi qu'une somme de 2 millions payable en bons du trésor à 4%. Afin de loger le couple, l'empereur s'engage finalement à construire et à meubler à ses frais un palais meublé à Saint-Pétersbourg et un autre situé dans les environs de la capitale[10].
En attendant la construction de leur nouvelle résidence (baptisée « palais Marie »), Maximilien et son épouse s'installent au palais d'Hiver[13]. Ils y restent jusqu'en 1845 et c'est là que naissent leurs quatre premiers enfants, Alexandra, Marie, Nicolas et Eugénie[14]. Après cette date, le couple peut enfin prendre son indépendance et Maximilien transfère ses collections de tableaux, d'armes et de minéraux en Russie. Une bonne partie d'entre elles se trouvent aujourd'hui au musée de l'Ermitage ou dans d'autres institutions du pays[15].
Les premières années du mariage de Maximilien et de Marie sont heureuses et le couple donne le jour à une nombreuse progéniture. Cependant, les relations des deux époux se dégradent à partir de 1845, date à laquelle la grande-duchesse amorce une liaison avec le comte Grigori Alexandrovitch Stroganov. La plupart des historiens considèrent d'ailleurs que Maximilien n'est pas le véritable père des princes Eugène, Serge(ru) et Georges de Leuchtenberg, qui seraient en réalité les fils de Stroganov[16]. De son côté, Maximilien n'est pas non plus un mari modèle : il multiplie, au contraire, les conquêtes féminines et s'adonne au jeu. En réalité, la vie en Russie pèse au prince, qui est humilié de n'y être que le mari de sa femme[17].
Activités
Militaire de carrière, Maximilien passe de longues périodes en dehors de la capitale[18]. Considéré toute sa vie comme un étranger, il n'est affecté qu'à des missions secondaires, ce qui blesse son amour propre. Le prince peine par ailleurs à s'habituer à la discipline russe, bien plus rude que celle en usage dans l'armée bavaroise[19].
Maximilien est également le premier entrepreneur de la famille impériale. Ami personnel de Moritz von Jacobi, il étudie avec lui la galvanoplastie et l'électromagnétisme. Surtout, il est le premier à utiliser ces procédés de manière industrielle. En 1847, il fonde ainsi une usine sur le domaine de Serguievka dans laquelle il fait construire les premières locomotives russes[21].
Outre ces activités, Maximilien patronne plusieurs organisations caritatives, parmi lesquelles la Société pour les Visites aux Pauvres, fondée en 1846. Il finance en outre la construction de la Clinique Maximilien, qui dispense gratuitement des soins aux nécessiteux[17].
Maladie et décès
En 1845-1846, Maximilien effectue une expédition minéralogique dans l'Oural. Il contracte alors une pneumonie, qui évolue rapidement en tuberculose. Durement touché par la maladie, le prince doit partir se soigner en Estonie, puis à Majorque, en Espagne. Dès 1847, cependant, les médecins considèrent que son état est désespéré et qu'aucune guérison n'est plus possible[22].
La clinique Maximilien de Saint-Pétersbourg est un établissement hospitalier fondé par le troisième duc de Leuchtenberg[24].
Expositions
En 2011, le château de Malmaison organise une exposition intitulée « Destins souverains : Joséphine, la Suède, la Russie » qui évoque largement le prince Maximilien et ses descendants[25],[26] ;
En 2012, le palais Roumiantsev organise une exposition intitulée « Les descendants russes de l’impératrice française. Les ducs de Leuchtenberg à Saint-Pétersbourg »[27].
(en) Zoia Belyakova, Honour and fidelity : The Russian Dukes of Leuchtenberg, Logos Publisher, (ASINB00C40ONY8).
(en) Zoia Belyakova, Grand Duchess Maria Nikolayevna and Her Palace in St.Petersburg, Hazar Publishing, (ISBN1-874371-54-7).
(en) Charles W. Fanning, Dukes of Leuchtenberg : A Genealogy of the Descendants of Eugene de Beauharnais, J.V. Poate, , 106 p. (ISBN0-9500183-4-1), p. 67.
(de) Richard Diener, « Maximilian Eugene Josephe Napoleon de Beauharnais, der 3. Herzog von Leuchtenberg, Fürst von Eichstätt », Historischer Verein Eichstätt, Eichstätt, no 100, , p. 7-47.
(fr) Amaury Lefébure (dir.), Destins souverains : Joséphine, la Suède et la Russie, Paris, RMN, , 124 p. (ISBN978-2-7118-5910-8 et 2-7118-5910-X).
(fr) Gérald Gouyé Martignac et Michel Sementéry, La Descendance de Joséphine impératrice des Français, Paris, Christian, , 225 p. (ISBN2-86496-058-3).
↑Reçu au palais de son grand-père, le prince Maximilien doit ainsi manger avec des couverts en argent alors que ses cousins utilisent des couverts d'or. On lui offre par ailleurs un tabouret quand sa famille peut s'asseoir dans des fauteuils (Belyakova 2010, p. 17).