Mattia Preti est né à Taverna en Calabre dans la province de Catanzaro, alors dans le royaume de Naples sous domination espagnole. Mattia est le troisième enfant d'une famille nombreuse pas riche mais de « qualité morale et intellectuelle » selon un de ses biographes Alfonso Frangipane[2]. Sa mère Innocenza Schipani, installée de longue date dans le village de San Martino, appartenait à l'une des quatorze familles nobles de Taverna. Mattia est baptisé le , deux jours après sa naissance, dans la chapelle paroissiale. Il a comme précepteur Don Marcello Anania, prètre de l'église Sante-Barbara de Taverna. Mattia possédait un talent naturel pour le dessin, jeune déjà, il recopiait les gravures de son frère Gregorio, parti pour Rome[3].
Preti aurait fait son apprentissage à Naples auprès du peintre caravagesqueBattistello Caracciolo, l'un des principaux peintres de l'école napolitaine des premières décennies du XVIIe siècle.
Période romaine (1630-1653)
Il rejoint selon toute probabilité son frère Gregorio Preti, également peintre, à Rome vers 1630. Dans la cité papale, alors capitale européenne de la peinture, il perfectionne sa maîtrise du naturalisme caravagesque et étudie les œuvres des grands peintres du temps, tels que Guido Reni, Le Dominiquin, Le Guerchin, Pierre Paul Rubens et Giovanni Lanfranco. Quand il ne peint pas avec eux, il se déplace en Italie, en Espagne et en Flandre pour rencontrer certains autres. En 1641, en remerciement, le pape Urbain VIII, le recommande à l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem qui le fait chevalier de grâce, un privilège rare à l'époque pour un roturier (Le Caravage avait également été admis chevalier de Malte trente ans plus tôt).
À Rome, il réalise de grands décors à fresque, comme à San Giovanni Calibita(it), à San Carlo ai Catinari, où il peint les fresques de la Vie de San Carlo du mur d'entrée en collaboration avec son frère Gregorio, et dans l'église Sant'Andrea della Valle, où il décore l'abside du sanctuaire avec des scènes du Martyre de San Andrea.
Période napolitaine (1653-1661)
Mattia Preti regagne Naples en 1653 où règne alors la peinture de Luca Giordano. Preti va alors devenir l'un des artistes les plus influents de l'école napolitaine.
Après la grande peste de Naples, il est chargé de réaliser la peinture à fresque, entre 1657 et 1659, des arcades votives des différentes portes de la ville. Seule, aujourd'hui, reste la peinture de la Porta San Gennaro. Preti réalise aussi des fresques pour diverses églises napolitaines, comme la Vita di San Pietro Celestino et la Vita di Santa Caterina d'Alessandria de la nef et des transepts de l'église di San Pietro a Majella(it). Il réalise des tableaux comme le Ritorno del frigliol prodigo au palais royal de Naples et d'autres encore pour les églises napolitaines.
Mattia Preti arrivera à Malte en 1661. Il est accueilli par le grand maître Rafael Cottoner y de Oleza. Il y résidera pendant près de quarante ans, il connaîtra cinq grands maîtres qui lui permettront d'exprimer son art en devenant le peintre officiel de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem.
Son travail le plus connu est la décoration à fresque de la voûte de la Co-cathédrale Saint-Jean de La Valette. Cette réalisation monumentale reste sa principale œuvre, qui l'occupe pendant cinq années. Il participe à de nombreux autres chantiers décoratifs sur l'île de Malte et celle de Gozo. Il réalise notamment pour la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Mdina une Conversione di San Paolo. Il peint sur toile beaucoup d’œuvres, encore aujourd'hui présentes dans des églises maltaises, dans les collections du musée national des Beaux-Arts de La Valette, mais aussi dans les musées en Italie et ailleurs dans le monde. Certaines familles maltaises possèdent des œuvres de Preti.
Il fait des voyages hors de l'archipel maltais comme en 1672 pour décorer les églises de sa ville natale Taverna.
À la fin de sa vie, il est reconnu dans toute l'Europe comme l'un des principaux peintres italiens et à Malte comme le plus important peintre maltais. L'historien de l'art Antonio Sergi estime que Mattia Preti aurait peint pendant sa période maltaise environ 400 œuvres, entre tableaux et fresques[4].
Œuvres
L'énumération des œuvres de Mattia Preti ci-dessous est une sélection, la production de Preti est estimée à plus de 500 œuvres.
Madonna col Bambino in gloria tra i santi Gennaro e Nicola di Bari (Vierge à l'enfant en gloire avec les saints Gennaro et Nicolas de Bari) dit Madonna della purità (Madone de la Pureté) entre 1636 et 1644, huile sur toile 248 × 196 cm, église de San Domenico
Santi Pietro e Paolo (Saints Pierre et Paul) vers 1651-1652, huile sur toile 74 × 54 cm, Museo Civico
Apoteosi di San Pietro Celestino (Apothéose de saint Pierre Célestin) vers 1656-1658, Crayon noir sur papier 24 × 19 cm, Museo Civico
Il Battesimo di Cristo (Baptême du Christ) vers 1660, huile sur toile 140 × 110 cm, église de Santa Barbara
Predica di san Giovanni Battista (Prédication de saint Jean-Baptiste) avec autoportrait, vers 1672, huile sur toile 290 × 202 cm, église de San Domenico (chapelle Preti)
Dio Padre Benedicente (Deux pères bénédictins) vers 1672, huile sur toile 76 × 53 cm, église de San Domenico (chapelle Preti)
Miracolo di San Francesco di Paola (Miracle de saint François de Paule) vers 1678, huile sur toile 183 × 127 cm, église de San Domenico
Madonna col Bambino adorata dai santi Francesco di Paola e Gaetano da Thiene (Vierge à l'Enfant adorée par les saints François de Paule et Gaétan de Thiene) dit Madonna di Loreto (Madone de Loreto ) vers 1679, huile sur toile 233 × 160 cm, église de Santa Barbara
Eterno Padre (Père éternel) vers 1679, huile sur toile 40 × 60 cm, église de Santa Barbara
Madonna col Bambino tra i santi Michele Arcangelo e Francesco d’Assisi (Vierge à l'Enfant avec les saints Michel l'Archange et François d'Assise) dit Madonna degli angeli (Madone des anges) vers 1680, huile sur toile 269 × 192 cm, Museo Civico
Presentazione di Gesù al Tempio (Présentation de Jésus au temple) vers 1680, huile sur toile 202 × 136 cm, église de Santa Barbara
Patrocinio di Santa Barbara (Patronage de sainte Barbe) vers 1680, huile sur toile 460 × 305 cm, église de Santa Barbara
La Trinità con Santa Barbara, San Liborio e i santi martiri: Mercurio, Clemente, Eustorgio e Vicario (La Trinité avec les saints Barbe et Libère et les saints martyrs Mercurio, Clement, Eustorgio et Vicaire) vers 1680, huile sur toile 236 × 161 cm, église de Santa Barbara (réattribué à Preti au XIXe siècle)
Gloria di angeli adoranti (Gloire des anges en adoration) vers 1680, huile sur toile 69 × 52 cm, église de Santa Barbara
Cristo fulminante - la visione di San Domenico (Christ fulminant - la vision de saint Dominique) vers 1680, huile sur toile 372 × 260 cm, église de San Domenico (autel majeur)
Madonna col Bambino tra i santi Lorenzo, Francesco Saverio, Apollonia e Lucia (Vierge à l'Enfant avec les saints Laurent, François Saverio, Apollonia et Lucie) dit Madonna del Carmelo (Madone du Carmel) vers 1680, huile sur toile 206 × 136 cm, église de San Domenico
Crocifissione (Crucifixion) vers 1682-1684, huile sur toile 233 × 159 cm, église de San Domenico (chapelle Preti)
Martirio di San Sebastiano (Martyre de saint Sébastien) avant 1687, huile sur toile 272 × 195 cm, église de San Domenico
Martirio di San Pietro da Verona (Martyre de saint Pierre de Vérone) vers 1687, huile sur toile 290 × 202 cm, église de San Domenico
La Madonna e il Bambino consegnano il Rosario ai santi Domenico e Caterina da Siena (Madonna col Bambino tra i santi Lorenzo, Francesco Saverio, Apollonia e Lucia) dit Madonna del Rosario (Madonna del Carmelo), fin des années 1680, huile sur toile 285 × 230 cm église de San Domenico (chapelle Preti)
Redentore Infante, premières années 1690, huile sur toile 185 × 112 cm, église de San Domenico
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Dominic Cutajar, Histoire et œuvres d'art de l'église Saint-Jean de La Valette - Malte, Arte Nuova International, Malte, 1999, (ISBN99909-90-02-6)
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Catalogues d'expositions
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(it) Mattia Preti - Cavalier Calabrese, catalogue de l'exposition tenue à Catanzaro entre juillet et , Electa Napoli editore
Annexes
Articles connexes
Bernardo de Dominici écrivain des biographies de Vite dei Pittori, Scultori, ed Architetti Napolitani a été son élève