Née d’un père militaire, capitaine puis colonel dans l’artillerie[1], Marie Bobillier, fille unique[2], vit son enfance dans plusieurs villes, notamment Strasbourg et Metz, pour finalement s’installer à Paris en 1871. Elle apprend le piano, mais une scarlatine contractée à l’âge de treize ans, la rend invalide, influençant sa décision de consacrer sa vie à la recherche[3],[4] après avoir été aux concerts Pasdeloup[2]. C’est l'une des premières musicologues françaises[5].
Sa première publication, Histoire de la symphonie à orchestre (1882), remporte un prix à Bruxelles (Académie royale de Belgique), engageant sa réputation sans cesse croissante dans le milieu musicologique français[3]. Douée d’une méthode rigoureuse, allant puiser aux sources et documents les plus fiables, elle enchaîne les publications – plusieurs études précieuses consacrées à la musique vocale – consacrées à Ockeghem, Goudimel, Palestrina (1906), Sébastien de Brossard, Haendel, Haydn, Grétry et Berlioz. Bobillier a également abordé la musique instrumentale classique et médiéval et a laissé un précieux et indépendant Dictionnaire pratique et historique de la musique, achevé et publié par Amédée Gastoué en 1926.
Son livre intitulé Notes sur l’histoire du luth en France a ouvert la voie aux recherches ultérieures dans ce domaine[3].
Ses œuvres majeures sont Les musiciens de la Sainte-Chapelle du Palais (« son œuvre maîtresse » selon La Laurencie[6],[7]), Les concerts en France sous l’ancien régime et La librairie musicale en France de 1653 à 1790, où elle donne la preuve de sa grande érudition et de sa compétence d’historienne de la musique[3]. Jean-Marie Fauquet résume l’œuvre de Marie Bobillier d’une phrase : c’« est d’un niveau de qualité exceptionnel, à la fois par la variété des sujets traités et par la méthode appliquée[8]. »
En tant que critique ou musicologue, elle collabore aux journaux tels que L'Année musicale (entre 1911 à 1913, dont elle était un des fondateurs avec Jean Chantavoine (1877–1952), Louis Laloy et Lionel de La Laurencie[3] – elle y rédigeait notamment des bibliographies d’ouvrages français, allemands, anglais et italiens), la Revue musicale, la Revue de musicologie, les Archives historiques, artistiques, littéraires, le Correspondant, le Courrier musical, le Guide du concert, le Journal musical, Le Ménestrel et la Tribune de Saint-Gervais (le bulletin mensuel de la Schola cantorum)[3], etc. ; à l’étranger, elle collabore à la Rivista Musicale Italiana et au Musical Quarterly. Elle collabore aussi à l’Encyclopédie de la musique de Lavignac. Dotée d’une personnalité très réservée et alors que « l’estrade lui fait peur », elle donne quelques conférences ; mais décline sa participation aux sociétés savantes[6].
Elle laisse des notes, citations et relevés, accumulés tout au long de ses recherches, reliés après sa mort en dix-neuf volumes, et conservés sous le nom de Documents sur l’histoire de la musique à la Bibliothèque nationale[5],[9],[10].
Son pseudonyme provient du village du Doubs, Les Brenets, d’où est originaire sa famille paternelle[11].
Ouvrages
Monographies
Histoire de la symphonie à orchestre : depuis ses origines jusqu’à Beethoven inclusivement, Paris, Gauthier-Villars, , 168 p. (OCLC3797930, BNF35255266, lire en ligne [PDF])
Grétry : sa vie et ses œuvres, Bruxelles, F. Hayez, coll. « Academie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique » (no 36), , 287 p. (OCLC606230105, BNF30116511, lire en ligne [PDF])
Deux pages de la vie de Berlioz : les œuvres de Berlioz en Allemagne ; le premier opéra de Berlioz, Paris, L. Vanier, , 72 p. (OCLC12737478)
Jean de Ockeghem : maître de la chapelle des rois Charles VII et Louis XI, étude bio-bibliographique, d’après des documents inédits, Nogent-le-Rotrou, impr. de Daupeley-Gouverneur, , 32 p. (OCLC491487575, BNF30116513)
Sébastien de Brossard : prêtre, compositeur et bibliophile (165..–1730) : d’après ses papiers inédits, Genève, (Nogent-le-Rotrou, 1896) Éditions Minkoff, coll. « Société de l'histoire de Paris et de l'île-de-France », , 53 p. (ISBN2-8266-0934-3, OCLC40551890, BNF35255275)
Claude Goudimel : essai bio-bibliographique, Paris/Tours, (Besançon, P. Jaquin, 1898) Éditions Coderg / Librairie Ars Musicale, coll. « Musique, les hommes et les instruments » (no 4), , 46 p. (OCLC11853533)
La musique dans les couvents de femmes depuis le moyen âge jusqu’à nos jours (conférence , Tribune de Saint-Gervais, iv (1898), 25, 58, 73), Paris, Bureaux de la Schola cantorum, , 18 p. (OCLC44851066, BNF31829609)
La librairie musicale en France de 1653 à 1790, d’après les registres de privilèges (Sammelbände der Internationalen Musikgesellschaft, viii (1906–7), 401–66), Leipzig, , 65 p. (ISSN1612-0124, OCLC844123473, lire en ligne)
La plus ancienne méthode française de musique : L’art, science et pratique de plaine musique (Jacques Moderne, ca. 1530) avec introduction et appendice, Paris, Bureaux d'édition de la Schola Cantorum, , 32 p. (OCLC458585958, BNF31829619)
Les musiciens de la Sainte-Chapelle du Palais : documents inédits, recueillis et annotés par Michel Brenet (Paris, A. Picard, 1910), Genève, Éditions Minkoff, coll. « Publications de la Société internationale de musique », , 379 p. (ISBN2-8266-0041-9, OCLC1149112, lire en ligne [PDF])
Musique et musiciens de la vieille France, Paris, F. Alcan, , 249 p. (OCLC3201267, lire en ligne [PDF])
contient : Les musiciens de Philippe le Hardi, Jean de Ockeghem, maître de la chapelle des rois Charles VII et Louis XI, et Essai sur les origines de la musique descriptive par Jacques Mauduit
Haendel : biographie critique, illustrée de douze planches hors texte, Paris, H. Laurens, coll. « Les musiciens célèbres », 1912 ; 1930, 126 p. (OCLC2714575, BNF35254998, lire en ligne [PDF])
Musiciens d’autrefois (Paris, 1912)
La musique militaire : étude critique, illustrée de douze planches hors texte, Paris, H. Laurens, coll. « Musiciens célèbres », , 126 p. (OCLC1978378, BNF31829611, lire en ligne [PDF])
« Les Opéras féminins », Gazette musicale de la Suisse Romande, , p. 68–72.
« Jean Mouton », Tribune de Saint-Gervais 5 (1899), p. 323-334.
« Guy d’Arezzo, Ponthus Teutonicus et l’abbé Odon », Tribune de Saint-Gervais 8 (1902), p. 121.
« L’amitié de Berlioz et de Liszt », Guide musical 50 (1904), p. 595–687.
« Deux comptes de la chapelle-musique des rois de France », Sammelbände der Internationalen Musikgesellschaft, Leipzig, vol. 6, no 1, , p. 1–31 (ISSN1612-0124, OCLC6733321354, JSTOR929008, lire en ligne).
Albert La France, « Les femmes musiciennes sous les Bourbon d’après les documents inédits de Marie Bobillier », Revue de musique des universités canadiennes, vol. 16, no 1, , p. 60–73 (DOI10.7202/1014416ar, lire en ligne [PDF]).