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Marie-Magdeleine Carbet, née le et morte le , est le dernier nom de plume adopté à partir de 1958 par Anna Marie-Magdeleine, une écrivaine et éducatrice afro-martiniquaise. Entre 1936 et 1957, elle et sa compagne lesbienne Olympe Claude, née Tricot, co-publient des poèmes, des nouvelles et des chansons sous le pseudonyme commun de Claude et Magdeleine puis de Claude et Magdeleine Carbet. En tant que femmes libérées pour leur époque, elles explorent ensemble des sujets sensibles de la vie sociale aux Antilles. Marie-Magdeleine Carbet a remporté plusieurs prix littéraires d'organismes culturels français pour ses œuvres tardives, principalement publiées au Québec entre 1970 et 1980.
Biographie
Jeunesse et formation
Louise Eugénie Anna Marie-Magdeleine, appelée Anna, naît le à Ducos en Martinique d'Inès (appelée Aya) et d'Eugène Marie-Magdeleine. À l'époque, l'île est une colonie française et son père est né dans la première décennie après l'abolition de l'esclavage. Son nom de famille est Constantin et tout au long de sa vie, lui et sa femme sont appelés Mr et Mme Constantin familièrement, bien qu'officiellement, après son mariage, son nom de famille soit Marie-Magdeleine[1]. Après avoir terminé ses études primaires dans son village natal, Anna Marie-Magdeleine fréquente le Pensionnat colonial (laïc) de Fort-de-France grâce à une bourse et y obtient son diplôme d'études secondaires à l'âge de dix-sept ans[2].
En 1923, Anna Marie-Magdeleine part poursuivre ses études à Paris. Au cours des quatre années suivantes, elle obtient ses diplômes pour l'enseignement professionnel en économie domestique, en couture et en artisanat, mais elle suit également des cours d'art à l'École des beaux-arts, ainsi que de journalisme et de droit à l'université. Pendant cette période, l'étudiante - dont le frère Gaston a épousé Cécile Nardal à Fort-de-France - a sans doute fréquenté le salon des sœurs Nardal à Clamart, mais il n'y a aucune trace d'une participation de la jeune Anna Marie-Magdeleine aux prémisses du mouvement de la négritude, associé à Paulette Nardal dans les années 1930[3].
Carrière
Ses études achevées en 1928, Anna Marie-Magdeleine retourne en Martinique et enseigne au Pensionnat colonial de Fort-de-France, où elle retrouve une de ses anciennes enseignantes, Olympe Claude, née Tricot, mère d'un garçon et divorcée. Les deux femmes entament une relation qui va durer vingt-cinq ans, adoptent le nom de plume commun Carbet et vivent ouvertement ensemble en tant que couple lesbien avec le fils d'Olympe, Léonce Clovis[réf. nécessaire].
Le pseudonyme Carbet, tiré du nom de la ville du Carbet en Martinique, symbolise leur identification à leur patrie[4] mais selon l'article « Littérature des Caraïbes » d'Encyclopædia Universalis, Marie-Magdeleine Carbet, tout comme Mayotte Capecia, revendique son identité française[5]. Les deux enseignantes se mettent à co-écrire des poèmes, des nouvelles et des chansons, dans lesquels elles s'expriment, en tant que femmes, sur des questions telles que la marginalisation, la race et la sexualité[6].
En 1935, l'année de la célébration du Tricentenaire des Antilles françaises, elles partent ensemble à Paris où elles enseignent, tout en s'adonnant à diverses activités culturelles : publication d'un recueil de nouvelles (Féfé et Doudou, Martiniquaises, sous la signature Claude et Magdeleine), d'articles, de critiques et d'essais, dans des revues telles que Droit et Liberté[7], associées au MRAP ; diffusion d'une performance sur Radio France depuis la Tour Eiffel ; participation à des clubs. Elles fondent le premier théâtre noir antillais à Paris en 1937, pour lequel elles corédigent et mettent en scène, en 1938, dans la Salle Jean Goujon dans le 8e arrondissement, une pièce de théâtre, Dans sa case. C'est l'une des premières productions créées et produites par des Noirs à Paris[8].
En 1939, les deux autrices sont missionnées par Georges Mandel, ministre français des Colonies, pour collecter le folklore des régions d'outre-mer[9]. Mais l'invasion de la France par les Allemands en 1940 aboutit à l'annulation de la mission par le gouvernement de Vichy[10].
Anna Marie-Magdeleine, qui est retournée enseigner au Pensionnat colonial en Martinique, est démise de ses fonctions par l'administration de l'Amiral Georges Robert. En 1941, elle ouvre une école privée pour enseigner l'anglais et la couture, et dispense des cours particuliers, rue Lamartine à Fort-de-France, où sa sœur Mathilde tient une chapellerie[réf. nécessaire].
Au bout de quatre ans, elle ferme l'école et ouvre, avec Olympe Claude, une librairie, la Cité du Livre, rue Schoelcher, qu'elles exploitent ensemble jusqu'en 1957, date à laquelle leur relation se dissout[11]. Olympe Claude conserve la gestion de la librairie jusqu'à sa mort en 1969. Anna Marie-Magdeleine obtient la propriété de la maison que le couple avait fait construire en 1954 sur la Route de Didier, mais retourne seule à Paris[réf. nécessaire].
Elle commence sa période littéraire la plus productive sous le nom de plume légèrement modifié en Marie-Magdeleine Carbet. Entre 1957 et 1970, elle siège au comité de rédaction et au conseil national du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP), produit des articles de journaux et six volumes de poésie. Elle collabore avec l'écrivain guadeloupéen Gilbert de Chambertrand et s'engage en faveur du métissage[10]. Elle continue à participer à des émissions de radio et à donner des conférences, pour promouvoir la culture des Antilles françaises[réf. nécessaire].
Après 1970, elle oriente son activité littéraire vers le Québec en publiant trois romans et plusieurs recueils de poésie et de comptines chez l'éditeur Leméac de Montréal, tout en participant à l'Association des écrivains catholiques de langue française, basée à Paris. Elle intègre des noms créoles, entre guillemets, dans certains de ses récits comme dans les Contes de Tantana[12]. Ses poèmes d'amour mentionnent souvent des personnes non genrées[13].
En 1988, Marie-Magdeleine Carbet revient à Fort-de-France pour vivre avec sa sœur Mathilde dans sa maison de l'Ancienne route de Schoelcher[14]. Marie-Magdeleine Carbet meurt le à Fort-de-France[réf. nécessaire].
Publications
Sous le nom de Claude et Magdeleine Carbet
Féfé et Doudou, Martiniquaises, Paris, J. Crès, , 238 p. (OCLC20559093, lire en ligne); réédité à Paris, L'Harmattan (collection Autrement Mêmes), introduction par Charles W. Scheel, 2024, 163 pages.
Chansons des Isles (poèmes), Paris, Orphée,
Piment rouge (ill. Thérèse Ambourg), Paris, Les Cahiers d'art et d'amitié, coll. « La poésie » (no 15), , 36 p. (OCLC459076130, lire en ligne)
C̜à et là dans la Caraïbe, Paris, Ceux d'outre-mer, coll. « Ceux d'outre-mer », , 87 p. (OCLC78501817, lire en ligne)
avec Gilbert de Chambertrand, Braves gens de la Martinique / Claude et Magdeleine Carbet (Document d'archives téléchargeable gratuitement), Fort-de-France, , 138 p. (OCLC1254650789, lire en ligne)
Braves gens de la Martinique (Document d'archives téléchargeable gratuitement), Fort-de-France, , 138 p. (OCLC1254650789, lire en ligne)
Chansonnelle : l'île aux oiseaux (ill. Gilbert de Chambertrand, attribué à la seule Marie-Magdeleine Carbet par décision du Tribunal de Fort-de-France en 1958), Fort-de-France, La Cité du Livre, 1960 ?, 32 p. (OCLC469723909, lire en ligne)
↑Encyclopaedia Universalis, Littératures des Caraïbes: Les Grands Articles d'Universalis, Encyclopaedia Universalis, (ISBN978-2-341-00305-6, lire en ligne)
↑E. Anthony Hurley, « Choosing Her Own Name, or Who Is Carbet? », CLA Journal, vol. 41, no 4, , p. 387–404 (ISSN0007-8549, lire en ligne, consulté le )
↑Christiane P. Makward et Madeleine Cottenet-Hage, Dictionnaire littéraire des femmes de langue française: de Marie de France à Marie NDiaye, KARTHALA Editions, (ISBN978-2-86537-676-6, lire en ligne)
↑Christiane P. Makward et Madeleine Cottenet-Hage, Dictionnaire littéraire des femmes de langue française: de Marie de France à Marie NDiaye, Karthala Éditions, (ISBN978-2-86537-676-6, lire en ligne), p. 109
↑Hanétha Vété-Congolo, « Quand la femme inscrit l’enfant dans le conte ou construire la société et l’être martiniquais », Les Cahiers du GRELCEF, no 1, , p. 159-178
↑(en) Ileana Rodríguez et Mónica Szurmuk, The Cambridge History of Latin American Women's Literature, Cambridge University Press, (ISBN978-1-316-41910-6, lire en ligne)
(en) E. Anthony Hurley, "Obeah" and Other Martinican Stories, East Lansing, Michigan, Michigan State University Press, , xi-xxxv (ISBN978-1-611-86237-9, lire en ligne), « Introduction »
(en) Hanétha Vété-Congolo, Dictionary of Caribbean and Afro–Latin American Biography, Oxford, England, Oxford University Press, (ISBN978-0-199-93580-2, lire en ligne), « Carbet, Marie-Magdeleine (1902–1995) »
(en) Ileana Rodríguez et Mónica Szurmuk, The Cambridge History of Latin American Women's Literature, Cambridge, England, Cambridge University Press, (ISBN978-1-316-41910-6, lire en ligne)
(en) E. Anthony Hurley, Through a Black Veil: Readings in French Caribbean Poetry, Trenton, New Jersey, Africa World Press, (ISBN0865435960, lire en ligne)
(en) E. Anthony Hurley, « Intersections of female identity or Writing the woman in two novels by Mayotte Capécia and Marie-Magdeleine Carbet. », French Review, vol. 70, , p. 575-586 (lire en ligne)
Christiane P Makward et Madeleine Cottenet-Hage, Dictionnaire littéraire des femmes de langue française: de Marie de France à Marie NDiaye, Paris, France, Éditions Karthala, (ISBN2865376761, lire en ligne)
(en) Charlotte H. Bruner, « Reviewed work : Francophone Women Writers from Sub-Saharan Africa and Its Diaspora: Bibliography, Part II », Callaloo, vol. 8, no 3, , p. 278-280 (lire en ligne)
Liens externes
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