Pour évoquer Marguerite Bermond, Pierre Mazars remonte à la jeunesse de l'artiste : « Elle a vécu toute son enfance auprès des arènes de Nîmes et cette lointaine, cette profonde imprégnation a servi son art. Elle n'a pas eu à se préserver des côtés anecdotiques, des détails superficiels qui accaparent l'attention des néophytes. Les toreros, elle les connaît depuis toujours; elle sait qu'un costume de lumière, ce n'est pas un collant de satin, mais que cela pèse très lourd »[2]. Marguerite Bermond étudie à l'Ecole des beaux-arts de Nîmes avant d'être l'élève d'Édouard Georges Mac-Avoy à l'Académie de la Grande Chaumière à Paris, puis d'y rejoindre l'Académie Julian. Rendant à son tour hommage aux racines de Marg, Mac Avoy lui écrira : « Vous n'avez pas acquis votre métier dans les ateliers de Paris, mais à Nîmes, petite fille, sans le vouloir, sans le savoir, en jouant sur cette terre solide et sèche où poussent l'austère cyprès, la tomate et l'ail; cependant que les monuments de votre ville auguste, et ceux d'Arles, décidaient de votre beau visage et vous désignaient pour ce qui est noble »[3].
Elle travaille en 1945 et 1946 dans l'illustration de la littérature populaire (voir rubrique Livres illustrés ci-dessous).
Gérald Schurr[4] et Jean-Pierre Delarge[5] s'accordent à reconnaître en Marguerite Bermond une artiste représentative de cette peinture « misérabiliste » qui, dans les années 1950, constituant la suite de Francis Gruber dans le contexte pessimiste de l'après-guerre, « porte la marque de la gravité ». Claude Robert confirme qu'à Montmartre« son atelier vide et désert qu'éclaire un ciel bleu froid n'accueille que la solitude du modèle à côté d'un poêle inutile... Ses toiles reflètent avec âpreté l'angoisse d'une époque »[6].
Sa peinture essentiellement d'atelier n'exclut cependant pas quelques villégiatures que les dates apposées sur certaines œuvres permettent de remettre en chronologie : La Provence en 1954, La Hollande (Amsterdam) en 1955, la Normandie (Étretat) et l'Andalousie en 1963[7].
Marguerite Bermond décède brutalement en , quelques jours avant la vente de son atelier par le commissaire-priseur Claude Robert à l'Hôtel Drouot, événement auquel elle était en train de travailler. La Fondation Taylor lui a rendu hommage en créant un « Prix Marguerite-Bermond »[réf. nécessaire].
Livres illustrés
Jean-Michel Süe : Le chemin de la mer, Office français du livre, Paris, 1945.
Jean-Michel Süe : Compagnie fantôme, Office français du livre, Paris, 1946.
Wicky Gué : L'enfance de Caroline, Office français du livre, 1946.
Docteur Willy et C Jeumont : La sexualité 1, n°59 de la collection Marabout Université, 1964. En couverture, reproduction de la toile Premier Amour de Marguerite Bermond (Photo Peintres témoins de leur temps).
Expositions
Expositions personnelles
Galerie de l'Institut, Rue de Seine, Paris, 1954.
Galerie Tedesco, Avenue de Friedland, Paris, .
Galerie 113, Rue d'Antibes, Cannes, 1962.
Galerie André Weil, Avenue Matignon, Paris, 1963.
Galerie Le Nouvel Essor, Rue des Saints-Pères, Paris, 1964.
↑Pierre Mazars, in : Marg Bermond, Artspectives, 1985.
↑Édouard Mac Avoy, Lettre à Marg Bermond, reproduite dans Marg Bermond, Artspectives, 1985.
↑Gérald Schurr : Le guidargus de la peinture, Les éditions de l'amateur, 1993 (Cf. Bibliographie ci-dessus)
↑Jean-Pierre Delarge : Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, Gründ, 2001 (Cf. Bibliographie ci-dessus).
↑Claude Robert : Marguerite Bermond ou le retour de la figuration, pages 2 à 5, catalogue de la vente de l'atelier Marguerite Bermond, 28 octobre 1991 (Cf. Bibliographie ci-dessus).
↑Claude Robert, catalogue de la vente de l'atelier Marguerite Bermond, 27 janvier 1992 (Cf. Bibliographie ci-dessus).
↑ « Marg Bermond », La Gazette de l'Hôtel Drouot, n°6, 6 février 1987, page 16.
↑Patrick-F. Barrer: L'histoire du Salon d'automne de 1903 à nos jours (Cf. Bibliographie ci-dessus). Voir page 378.
Joël Millon et Claude Robert, commissaires-priseurs, 5 avenue d'Eylau à Paris ; deux catalogues de ventes de l'Atelier Marguerite Bermond à l'Hôtel Drouot, Paris, les lundi et lundi
La Gazette de l'Hôtel Drouot, vendredi 24 janvier 1992, « Troisième vente de l'atelier de Marguerite Bermond à l'Hôtel Drouot le mercredi 29 janvier 1992 par Maîtres Binoche et Godeau, commissaires-priseurs à Paris ».
Patrick-F. Barrer: L'histoire du Salon d'automne de 1903 à nos jours, Les éditions Arts et Images du Monde, 1992.