Marco Aurelio Severino est un médecin et chirurgienitalien[1] né le à Tarsia en Calabre et mort le à Naples. Il a été un auteur et un correspondant prolifique, mais, sur sa vie, les sources sont peu nombreuses et on a longtemps répété des erreurs[2].
Biographie
Après des études à Naples (où il rencontre Tommaso Campanella), Severino soutient sa thèse de médecine à Salerne[3] en 1606, puis pratique trois ans dans sa ville natale[4] avant de revenir s’établir à Naples. Il y est d'abord l'élève de Giulio Jasolino, qu'il assiste durant ses autopsies.
Durant l'épidémie de diphtérie en 1610, il pratique des trachéotomies[5]. Il enseigne à Naples l’anatomie et la médecine, dirige l’Hôpital des incurables. Sous l'influence de Campanella et, à travers lui, de Bernardino Telesio, il devient vigoureusement anti-aristotélicien[6]. Il a des difficultés avec l'Inquisition (son avocat est Francesco D'Andrea[7],[8]), et doit s'enfuir un moment. Il est finalement innocenté (et il a de bons protecteurs[9]).
Il ne quitte pas son poste durant la grande épidémie de peste de 1656 et en est lui-même victime.
Severino a montré un intérêt certain pour les échecs et est l'auteur d'un livre intitulé La philosophie des échecs.
Place dans l'histoire
Œuvres
On ne peut séparer les œuvres de Severino de ses opinions sur la méthode scientifique. Le titre de son Antiperipatias, hoc est adversus Aristoteleos (Contre les aristotéliciens)[6] parle de lui-même et sa Zootomie démocritéenne montre son choix de Démocrite plutôt que d'Aristote.
Severino est surtout célèbre pour sa Zootomia, ouvrage remarquable à plusieurs titres, étant d'abord l’un des premiers ouvrages d’anatomie comparée, ensuite une rupture avec l'aristotélisme (il s'inspire de l'atomisme de Démocrite) et finalement une refondation de l'anatomie basée sur l'observation des structures avec un microscope[10],[11].
Dans Antiperipatias, hoc est, adversus Aristotelicos de respiratione piscium diatriba, il démontre l'existence, mais pas le mécanisme, de la respiration des poissons[12].
Dans De reconditionna abscessuum natura (1632), monographie fondamentale sur les tumeurs (description et classement en bénignes ou malignes[13]), il envisage une « anatomie subtile » (microscopique) pour démonter les « machines infimes » qui composent le corps, et réduire la pathologie aux troubles de leur fonctionnement[14].
Influence
Severino a été le maître de Tommaso Cornelio et de Leonardo Di Capua.
Thomas Bartholin rapporte avoir appris de lui la technique de l'analgésie par le froid[15],[5]. Les deux médecins entretenaient des rapports soutenus.
Un autre savant avec lequel il a entretenu une correspondance a été William Harvey, dont les idées sur la circulation du sang finirent par le convaincre et dont il devint un partisan enthousiaste[9].
Il s'est résolument placé dans le camp de ceux qui fondaient la connaissance sur l'observation plutôt que sur l'autorité des maîtres.
Œuvres
Listes d’œuvres
Severino a dressé une liste de ses publications et manuscrits. On peut la trouver dans une édition de 1653 de Therapeuta Neapolitanus : « Nomenclator meletematum et diatribarum Severini » sur Google Livres. Divisée en neuf sections, elle s'étend sur quatre pages.
Antiperipatias, hoc est adversus Aristoteleos : De respiratione piscium (la respiration des poissons), De piscibus in sicco viventibus (les poissons qui vivent sans eau), Phoca illustratus, De radio turturis marini, 1639
(it) Diego D'Elia, …Essercitando in un lo stile, per iscoprire il vero, t. 1, Rubbettino, 2002
L'ouvrage est consacré à La filosofia degli scacchi (La philosophie des échecs) de Severino, mais il contient, à partir de la page 21, une biographie aussi rigoureuse que possible et très bien documentée. Extraits sur Google Livres
(en) C. B. Schmitt et C. Webster, « Harvey and M.A. Severino. A neglected medical relationship », dans Bulletin of the history of medicine, 45 (1971), p. 49–75
Stéphane Schmitt (2006). Aux origines de la biologie moderne. L’anatomie comparée d’Aristote à la théorie de l’évolution, Paris, Belin, collection Belin Sup Histoire des Sciences - Biologie : 464 p. (ISBN2-7011-3511-7)
(it) Oreste Trabucco, « Anatome codex Dei. Natura e conoscenza scientifica nella Zootomia democritaea di Marco Aurelio Severino », Sciences et religions : de Copernic à Galilée : 1540-1610 : actes du Colloque international organisé par l'École française de Rome ... : Rome, 12-14 décembre 1996, (DOI10.1400/36914, lire en ligne) ANNÉE?????
↑Severino était en relation épistolaire avec le Sicilien Giovanni Battista Hodierna, futur auteur, en 1654, de L’œil de la mouche, opuscule d'observations de l’œil de la mouche au microscope : Trabucco, Anatome, p. 401
↑Il « examine différentes parties de [l'organisation des poissons] et s'attache à prouver que les poissons respirent l'air dans l'eau tout en se méprenant néanmoins d'une manière complète à l'égard de leur organe respiratoire » : Émile Blanchard, Les poissons des eaux douces de la France, Baillière, (lire en ligne), p. 17
↑G.B. Risse (trad. de l'italien), L'anatomie et la clinique, Paris, Seuil, , 376 p. (ISBN978-2-02-115707-9), p. 180
dans Histoire de la pensée médicale en Occident, vol.2, De la Renaissance aux Lumières, M.D. Grmek (dir.).
↑M.D. Grmek (trad. de l'italien), Le concept de maladie, Paris, Seuil, , 376 p. (ISBN978-2-02-115707-9), p. 166
dans Histoire de la pensée médicale en Occident, vol.2, De la Renaissance aux Lumières, M.D. Grmek (dir.).