Manoir des Gens d'armes

Manoir des Gens d'armes
Image illustrative de l’article Manoir des Gens d'armes
Tour ouest du manoir en 1899
Nom local tour des Gens d'armes
manoir de la Talbotière
manoir de Nollent
Période ou style pastiche médiéval
Type manoir
Début construction fin XVe siècle - début XVIe siècle
Protection Logo monument historique Classé MH (1862)
Coordonnées 49° 11′ 07″ nord, 0° 20′ 33″ ouest
Pays Drapeau de la France France
Région historique Normandie
Commune Caen
Géolocalisation sur la carte : Caen
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Manoir des Gens d'armes
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Manoir des Gens d'armes

Le manoir des Gens d'armes, également appelé manoir de Nollent ou manoir de la Talbotière, est un manoir de la première Renaissance situé à Caen, dans la région française de Normandie. Il est classé au titre des monuments historiques depuis 1862.

Histoire

Le manoir est connu à l'origine sous le nom de « manoir de la Talbotière » du nom d'une terre qui appartenait à la fin du XIIIe siècle à Alexandre de Couvrechef, seigneur de Cresserons[1]. Il y fait construire un premier manoir nommé « des Talbotières »[2]. Il échoit en 1436 à Jean de Couvrechef, marié avec Perrette Bertran qui lui donne une fille, Guillemine[1]. En 1487, il donne la terre et son manoir en dot à sa fille lors de son mariage avec Philippe de Nollent, seigneur de Saint-Contest[3] et avocat du roi à Caen[1]. Leur fils, Gérard[4], en hérite et fait édifier un nouveau manoir[3] qu'il place sous la devise « Amor vincit Mortem »[5]. La date exacte de construction n'est pas connue, mais l'abbé de la Rue estime qu'elle s'est déroulée entre le règne de Louis XII et le début de celui de François Ier[3]. Gérard épouse en secondes noces Marguerite de Clinchamps. En 1571, le manoir échoit à Philippe de Nollent et à son épouse, Michelle d'Harcourt.

En 1619, l'édifice passe dans les mains de François Le Révérend, écuyer, sieur de Calix[1] puis dans celles de son frère héritier, Michel, sieur de Bougy et reste dans cette famille[6].

Aux XVIIIe siècle et XIXe siècle, le manoir a une vocation agricole et une ferme est installée sur l'emplacement du mur hémicycle du jardin clos. Eugène Liot, ancien juge de paix de Caen, en décrit la composition en 1891 : elle comporte une porcherie, deux étables et un magasin. Le jardin sert de basse-cour et la maison d'habitation, « réparée », garde de son ancien état la tourelle carrée, « une frise formée de feuillages et deux médaillons ». L'auteur constate la disparition des deux hommes en armes qui figuraient sur les gravures faites du manoir au siècle précédent et de l'une des deux gargouilles de la tour ouest[1].

Le manoir est classé au titre des monuments historiques par liste de 1862[7].

Dans les années 1930, le manoir abrite une cidrerie. Au lendemain de la libération de Caen, une cité d'urgence, composée de baraquements en bois, destinée à abriter une cinquantaine de familles à la rue, est provisoirement établie à proximité immédiate du manoir, dans le verger de la ferme. Ces logements d'urgence font place dans les années 1970 à des immeubles collectifs qui se dressent à l'arrière du manoir[5].

Les bâtiments sont dévolus pour partie à la Ville de Caen (maison d'habitation) et pour l'autre à l'Etat, ministère de la culture (tours et enceinte)[8] qui y loge les services de la Conservation régionale des Antiquités préhistoriques jusqu'à leur intégration dans le Service régional de l'archéologie de la Direction régionale des affaires culturelles de Basse-Normandie. Durant cette période, le manoir abrite un dépôt lapidaire[5].

Au début des années 2000, le manoir, acquis par la Région de Normandie, est affecté à l'ancien Centre régional de culture ethnologique et technique (CRéCET)[2].

Le , la collectivité régionale vend le bien à des particuliers[9].

Architecture

Selon le plan de François Bignon daté de 1672, le manoir comprend à l'origine une enceinte fortifiée avec quatre tours au milieu de laquelle est érigé un logis[3]. Le mur nord formait un hémicycle[10]. Le mur sud, encore existant, longe la rue Basse (ancien chemin menant à Colombelles).

La tour ouest

La tour ouest est flanquée d'une tourelle côté cour. Sur sa plate-forme, sont érigées deux statues représentant des hommes en armes dans une « attitude guerrière »[11] qui « paraissent vouloir défendre l'entrée du logis, ce qui a fait donner à la maison le nom de Manoir des gendarmes »[12].. Sur la paroi de la tour, il existait une quinzaine de médaillons représentant des têtes de femme et d'homme[11]. La tour ne possède qu'une seule fenêtre avec chambranle. Non loin de cette fenêtre, les armoiries de la famille de Nollent sont encore visibles[11].

La tour est

La tour est est plus petite que la tour ouest. Elle s'est en partie effondrée[13].

La muraille

Crénelée, elle donne au manoir son allure de petit château fortifié. Les créneaux portaient des médaillons qui seraient reliés entre eux et formeraient une allégorie amoureuse[12].

Le logis

Les médaillons

Le manoir possédait au total trente-sept médaillons : quatorze dans la muraille en courtine, quinze sur la tour ouest et huit sur le logis[13]. Ces médaillons représentent des hommes et des femmes, de face ou de profil, antiques ou modernes[14]. L'un d'eux représente une femme embrassée par deux hommes à la fois[15]. Elle a été interprétée comme une représentation de Dorica, une courtisane célèbre de l'Antiquité célébrée par Strabon. Arcisse de Caumont relève dans sa Statistique monumentale du Calvados que l'un des médaillons porte l'inscription « c'est ma Doriche et amie »[16] et signale que certains médaillons portent des légendes qu'il a rapprochées, pour le style et le contenu, des légendes des quatre médaillons d'une maison en pierre de la Renaissance située au 17, rue de Geôle[12]. Eugène Liot relève trois devises ayant trait à l'amour empruntées aux Triomphes de Pétrarque[1]. Lors de l'une des restaurations de l'édifice en 1980, une grande partie des médaillons ont été déposés et se trouveraient dans la collection lapidaire gérée par le musée de Normandie[17].

Annexes

Notes et références

  1. a b c d e et f Eugène Liot (ill. Peret), Manoir de Nollent ou des Gens d'Armes, rue Basse-Saint-Gilles, Caen (Notice illustrée), Caen, , 25 p., p. 4 ; 6-8, 10
  2. a et b Philippe Laroche, Le manoir des Gens d'Armes, Caen, CRéCET, , Feuillet distribué à l'occasion des JEP 2002.
  3. a b c et d Caen illustré 1896, p. 461
  4. parfois orthographié Girard
  5. a b et c Bertrand Morvilliers, Jean-François Verout et Nathalie Lemarchand, Du village de Calix au quartier Saint-Jean-Eudes : Un village dans la ville., CPIE de l'Orne/CRéCET, , p. 19-20
  6. Edmond Révérend du Mesnil, Mémoires généalogiques sur la maison Le Révérend, sieurs de Basly, Bougy, Calix, La Comté, Soliers, Marquis de Calonges, vicomtes du Mesnil, en Basse-Normandie d'après les documents authentiques, Lyon, Imprimerie de Mougin-Rusand, , 74 p. (lire en ligne), p. 13-14
  7. « Maison dite des Gens d'Armes », notice no PA00111169, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  8. Patrice Gourbin, « La politique municipale du patrimoine à Caen pendant la reconstruction (1940-1970) », Annales de Normandie, vol. 58, no 1,‎ , p. 147–167 (DOI 10.3406/annor.2008.6199, lire en ligne, consulté le )
  9. Daniel LE GALL, « La tour des Gens d'armes a de nouveaux gardiens », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
  10. Caen 1884, p. 225
  11. a b et c Caen illustré 1896, p. 462
  12. a b et c Arcisse de Caumont, Statistique monumentale du Calvados, t. 1, Paris, Derache, 1846-1867 (lire en ligne), p. 52 : 45
  13. a et b Caen illustré 1896, p. 463
  14. Jean Guillaume, « Un caprice architectural à Caen : le jardin des « Gens-d’Armes » », Bulletin Monumental, vol. 171, no 1,‎ , p. 62–62 (lire en ligne, consulté le )
  15. Caen illustré 1896, p. 464
  16. cette lecture a été récemment contestée par Pascal Voivenel (voir site) qui lit Noriche et non Doriche.
  17. (en-US) Normandy Then and Now, « Where are the stone soldiers of Manoir des gens d’Armes? In Caen », sur Normandy Then and Now, (consulté le )


Bibliographie

  • Eugène de Beaurepaire, Caen illustré : Son histoire, ses monuments, Caen, F. Le Blanc-Hardel,
  • Guillaume-Stanislas Trébutien, Caen, son histoire, ses monuments, son commerce et ses environs : Guide du touriste, F. Le Blanc-Hardel,

Voir aussi

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Articles connexes

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