Saint Mamert est le premier des trois saints de glace (avec saint Pancrace et saint Servais) ; il est célébré le 11 mai. Sa renommée est due au fait qu'il est celui qui a institué les Rogations, processions qui se célébraient trois jours avant l'Ascension et qui appelaient la bénédiction de Dieu sur les champs.
Frère du théologien et poète Claudien Mamert[1],[4], il semble s'être distingué comme lui par son éducation littéraire, comme par sa science théologique.
Adon le plaçait sous le règne des empereurs Valentinien II (375-392) et Marcien (450-457)[4]. Il cite l'évêque à plusieurs occasions :
« Mamertus Viennensis episcopus insignissimus habetur, qui inter alia mirifica, ob imminentem cladem ante Ascensionem Domini solemnes instituit litanias.
Mamert est considéré comme l'évêque de Vienne le plus remarquable, lui qui, entre autres choses admirables, à la suite d'une catastrophe qui se produisit avant l'Ascension du Seigneur, institua des litanies solennelles. »
« À cette époque, le bienheureux Mamert, évêque de Vienne, écarta de la ville de Vienne, par ses larmes et ses prières, un fléau qui la menaçait. Car des incendies fréquents, des tremblements de terre incessants, des grondements nocturnes funèbres menaçaient d’un événement prodigieux et funeste qui ruinerait toute la ville, et là où les hommes se réunissaient en nombre, on pouvait remarquer des bêtes sauvages se comporter comme si elles étaient une espèce domestique : des loups, des ours, et même des cerfs, naturellement craintifs, pénétraient par les portes étroites jusque sur la vaste étendue du forum. […] Cependant, saint Mamert, prêtre invincible, demeura inébranlable devant les autels de la sainte fête, et enflammant la chaleur de sa foi, par un flot de larmes réfréna la puissance laissée aux flammes, et l’incendie se retira. »
Ulysse Chevalier, dans le Regeste dauphinois (1912), le mentionnait dans un acte daté de l'année 451 dans lequel on apprend que l'évêque Aignan d'Orléans lors d'une halte à Vienne l'aurait guéri[5].
Selon les documents, Mamert semble monter sur le siège épiscopal vers 460[4]. Il est mentionné pour la première fois comme évêque en 463, dans une lettre de dénonciation au pape Hilaire[6]. L'acte indique qu'il aurait « consacré un évêque à Die, après s'être emparé de la ville et contre le gré des habitants. »[6] Mamert a ainsi ordonné l'évêque de Die, alors que celui-ci ne relève pas de son autorité mais à celui d'Arles[7], entrant ainsi en opposition avec Léonce d'Arles[2],[4]. Le pape écrit à l'archevêque Léonce pour recevoir un compte-rendu de la situation, s'étonnant de ne pas en avoir été averti plus tôt[8] et convoque un synode à Arles afin de régler cette affaire[9]. Mamert doit se soumettre.
L'évêque est attesté aux conciles d'Arles (463 et 474)[4]. Le synode d'Arles de 474 (473?) jugeait la doctrine de la prédestination d'un prêcheur gaulois nommé Lucidus[10].
Il introduisit en Gaule la procession des Rogations à partir de 470, afin de mettre fin à une série de calamités naturelles[11]. Mamert convoqua un synode à Vienne vers 474/475[12].
Dans l'ancienne église de l'abbaye Notre-Dame de Daoulas existait une chapelle Saint-Mémor (saint Mémor est assimilé localement par les habitants à saint Mamert)[16]. Une statue de saint Mémor se trouve dans la chapelle Saint-Éloy en Ploudaniel, une autre dans l'église Notre-Dame-de-Liesse de Saint-Renan et une chapelle Saint-Mémor, disparue, a existé à Gouesnou, mais il s'agit d'un autre saint connu aussi sous le nom de saint Mémoire, fort peu connu, souvent représenté tenant ses entrailles entre ses mains, et probablement d'origine orientale car il est représenté avec un turban sur sa tête (voir Mammès de Césarée).
Il existe une chapelle sur la commune de Condat-en-Combraille (lieu-dit Saint Bard). Chaque année, le deuxième week-end de mai on célèbre la fête de Saint Mamert avec une messe en plein air et une procession.
Sur la commune de Plaissan, une chapelle Saint-Mamert est située au sommet d'une colline du même nom. L'édifice est en ruine.
Notes et références
Notes
↑Il est à noter qu'il s'agit d'une imagination par un artiste du XIXe siècle. La procession avec l'hostie n'était possible qu'après le quatrième concile du Latran (en 1215) qui déclara le dogme de transsubstantiation. La pratique de cette façon fut donc établie à Liège avec l'institution de la Fête-Dieu en 1246.
Références
↑ abc et dUlysse Chevalier, Notice chronologico-historique sur les archevêques de Vienne : d'après des documents paléographiques inédits, Vienne, , 18 p. (lire en ligne), p. 5-6
↑ abc et dLouis Duchesne, Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule. Provinces du Sud-Est (tome premier), vol. 3, Paris, Thorin et fils, , 356 p. (lire en ligne), p. 146.
↑ a et bLouis Duchesne, Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule. Provinces du Sud-Est (tome premier), vol. 3, Paris, Thorin et fils, , 356 p. (lire en ligne), pp. 185-186.
↑ abcdefghi et jGérard Lucas, Vienne dans les textes grecs et latins: Chroniques littéraires sur l'histoire de la cité, des Allobroges à la fin du Ve siècle de notre ère, MOM Éditions, coll. « Travaux de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée », , 345 p. (ISBN978-2-35668-185-0, lire en ligne), pages 247-270 : « Adon de Vienne, Chronique », notamment le « Tableau récapitulatif de la liste des évêques de Vienne jusqu'à Avit ».
↑Ulysse Chevalier, Regeste dauphinois, ou Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés et manuscrits relatifs à l'histoire du Dauphiné, des origines chrétiennes à l'année 1349 (Tome I, Fascicules I-III), Impr. valentinoise, (lire en ligne), p. 23, Acte no 111, 451
↑ a et bUlysse Chevalier, Regeste dauphinois, ou Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés et manuscrits relatifs à l'histoire du Dauphiné, des origines chrétiennes à l'année 1349 (Tome I, Fascicules I-III), Impr. valentinoise, (lire en ligne), p. 21, Acte no 111, (avant octobre 463)
↑Ulysse Chevalier, Regeste dauphinois, ou Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés et manuscrits relatifs à l'histoire du Dauphiné, des origines chrétiennes à l'année 1349 (Tome I, Fascicules I-III), Impr. valentinoise, (lire en ligne), p. 21, Acte no 112, 10 octobre (463)
↑Ulysse Chevalier, Regeste dauphinois, ou Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés et manuscrits relatifs à l'histoire du Dauphiné, des origines chrétiennes à l'année 1349 (Tome I, Fascicules I-III), Impr. valentinoise, (lire en ligne), p. 21, Acte no 113, (463/464)
↑Cf. ce sujet la position de Fauste de Riez dans Jean-Jacques Ampère, Histoire littéraire de la France avant le douzième siècle, vol. 1, Paris, L. Hachette, , « XV - Semi-pélagianisme gaulois », p. 31
↑Ce fait est attesté par deux passages (V, xiv; VII, i) des Lettres de Sidoine Apollinaire, ainsi que par une homélie du successeur de Mamert à la tête de l'évêché de Vienne, Avit : Homilia de Rogationibus in Patrologia Latina, vol. LIX, p. 289-94.
↑Ulysse Chevalier, Regeste dauphinois, ou Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés et manuscrits relatifs à l'histoire du Dauphiné, des origines chrétiennes à l'année 1349 (Tome I, Fascicules I-III), Impr. valentinoise, (lire en ligne), p. 26, Acte no 134, (474/475)
↑Ulysse Chevalier, Regeste dauphinois, ou Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés et manuscrits relatifs à l'histoire du Dauphiné, des origines chrétiennes à l'année 1349 (Tome I, Fascicules I-III), Impr. valentinoise, (lire en ligne), p. 28, Acte no 139, 11 mai (475/476)
↑Henri Quentin, Les martyrologes historiques, p. 348
↑Léon Maître, « Remarques sur les tombeaux percés d'une fenêtre », Revue archéologique, juillet 1916, lire en ligne sur Gallica.