Ne doit pas être confondue avec Palmire Dumont dite Madame Palmyre, personnalité de la nuit parisienne
Madame Palmyre ou Palmire est une marchande de modes, modiste parisienne et couturière du XIXe siècle. Elle entre au service de l'impératrice Eugénie au début des années 1850 et inspire des grands noms de la littérature française.
Biographie
Début de carrière
Madame Palmyre est devenue une couturière très demandée pendant la monarchie de Juillet[1], sous Charles X[2]. Dans les années 1840, Madame Camille, Madame Victorine, Madame Vignon-Chauvin et Madame Palmyre sont des grandes figures de mode[1]. En , les affaires marchent si bien qu'elle n'est pas en mesure d'honorer un contrat où elle s'engageait à céder ses invendus à un autre commerçant, qui lui intente un procès[notes 1][3]. Elle a ses ateliers dans le 2ème arrondissement[4], au 11[5] puis au 15 rue Laffite[6],[7][notes 2][8]. Ses réalisations sont présentées dans les revues destinées à un public féminin telles que le Journal des couturières et des modistes[9], Le Bon Ton[10] , le journal des coiffeurs[11] ou la Mode[5],[12].
Eugénie de Montijo
Sous le Second Empire, elle jouit de la faveur de l'impératrice Eugénie de Montijo[13],[14],[15]. Avec Madame Vignon-Chauvin, Madame Palmyre elle est l'une des deux « grandes couturières » sollicitées à l'occasion du mariage impérial de [16]. Tandis que sa collègue s'attèle à confectionner la robe de mariée du mariage religieux de la future impératrice, Madame Palmyre doit confectionner les toilettes qui constitueront le trousseau de la mariée[17][11]. Elle est également chargée des robes du soir et des deux robes de satin prévues pour la mariage civil car, à la veille de son mariage au mois de , « l'Impératrice hésite encore » sur la couleur, entre le blanc et le rose[18]. Pour satisfaire la curiosité de sa clientèle qui souhaite voir les tenues que portera la future souveraine pour l'occasion, elle organise une avant-première et fait exposer les deux robes dans une vitrine[19]. Le milieu est très concurrentiel : l'historien Philippe Perrot insiste sur le fait que les deux modistes ont travaillé séparément car elles étaient des « ennemies mortelles »[20].
Avec Charles Frederick Worth, c'est une des pionnières de la haute couture[21]. Toutefois, alors que Palmyre et ses consœurs sont des « faiseuses »[22] qui conçoivent des vêtements en tenant compte des souhaits de leurs clientes[notes 3], Worth dessinera les vêtements selon son inspiration et laissera ensuite les clientes choisir parmi ses créations[16].
Postérité
Dans les musées
Des gravures de modes représentant les robes de Madame Palmyre sont visibles dans les collections du Victoria and Albert Museum à Londres[10] et au palais Galliera à Paris[12], et présentées à l'occasion d'expositions temporaires[22].
Dans la littérature
Alfred de Musset la cite dans ses œuvres[16]et notamment, dans son poème Par un mauvais temps (1847)[23]. La même année, elle est également mentionnée dans la lettre XXII de The American in Paris de John Sanderson, comme archétype de la modiste française qui n'a rien à voir avec son homologue américaine[24]. L'épistolierJules Barbey d'Aurevilly écrit à Guillaume-Stanislas Trébutien[25], alors amoureux d'une femme mariée « Vous palmyrisez en parlant d’elle, et comme cette magicienne de Palmyre dont la baguette est une aiguille, vous la créez en l’enjuponnant dans des facultés adorables »[26]. Dans sa correspondance avec son amie la Comtesse Manuela de Teba[27], mère de l'impératrice, Prosper Mérimée écrit, en , au sujet des traînes démesurées qui gênaient les mouvements des dames de la cour impériale, « Les hommes s'étant moqués des queues de femmes l'an passé, ne seront pas admis demain [à la cérémonie de Nouvel an] et ne verront pas les nouvelles extrémités où Melle Palmyre a porté les queues. »[28] Enfin, critiquant une édition post-mortem des lettres de Sainte-Beuve[notes 4], l'éditorialiste Armand de Pontmartin imagine dans les années 1880, un dialogue entre Palmyre et la journaliste Delphine de Girardin[29].
Notes et références
Notes
↑Elle est condamnée à verser au plaignant 50 francs or de dommages et intérêts.
↑L'adresse est signalée parmi les « artistes qui ont la meilleure réputation pour les chapeaux pour dames » dans le Guide for Strangers visiting Paris de 1857 (p.188).
↑« J'ai dessiné une robe que Palmyre m'a faite. Elle est si jolie que je t'en ai fait faire une exactement pareille », écrit l'impératrice Eugénie dans sa correspondance privée. Selon René-Lafarge, imaginer de nouveaux modèles, avec sa dame de compagnie, l'aquarellisteCécile Delessert, Comtesse de Nadaillac quand aucun de ceux qui lui son proposés ne lui plaisent est une des habitudes de l'impératrice.
↑A l'occasion de la publication en 1880 de Nouvelle correspondance de C.-A. Sainte-Beuve / avec des notes de son dernier secrétaire [Jules Troubat] chez Calmann Levy.
↑Annuaire général du commerce et de l'industrie, de la magistrature et de l'administration, ou, Almanach des 500,000 adresses de Paris, des départements et des pays étrangers, Chez F. Didot Frères, (lire en ligne)
↑Jean-Claude Daumas, La révolution matérielle. Une histoire de la consommation (France, XIXe – XXIe siècle), Flammarion, (ISBN978-2-08-144752-3, lire en ligne)
↑Pascale Auraix-Jonchière, « Jules Barbey d’Aurevilly. L’épistolier et la comédie (”Lettres à Trebutien”) », Revue des lettres modernes, (HALhal-3025609, lire en ligne)
Thècle René-Lafarge, L'impératrice Eugénie et ses femmes / Th. René-Lafarge ; préface de M. Henry Bordeaux,..., (lire en ligne)
(sv) Alvar Granström(sv), Kvinnor och krinoliner : en mode- och sedeskildring från krinolinmodets tid [« Les femmes et les crinolines : une description de la mode et des coutumes à l'époque de la mode des crinolines »], Stockholm, Carlsson, (ISBN9177983815, présentation en ligne)
R. Van Wijk (dir.), Musée littéraire: collection remarquable de politique, histoire, géographie, littérature, sciences, commerce, industrie, beaux-arts etc (Revue de presse), R. Van Wijk, (lire en ligne), « Tribunal », p. 69-70
(en) Philippe Perrot (trad. Richard Bienvenu), Fashionning the bourgeoisie [« Les Dessus et les dessous de la bourgeoisie: Une histoire du vêtement au xixe siècle »], Princetown University Press, , 273 p. (ISBN978-0-691-00081-7, lire en ligne), p. 40-41