La méthode PN permet la résolution de l'équation du transfert radiatif (ou équation de Boltzmann) utilisée pour la propagation des particules telles photons, neutrons, neutrinos, etc. Cette méthode été introduite[1] par James Jeans (1917)[2]. Elle consiste en un développement de la solution sur une base de polynômes orthogonaux.
si la solution est à symétrie azimutale (cas traité ici) on choisit généralement des polynômes de Legendre notés P, quoique beaucoup d'autres choix soient possibles.
La déviation au cours d'une interaction est supposée ne dépendre que du produit scalaire des angles définissant les directions de propagation Ω = (θ, Φ) et Ω' = (θ', Φ') et on définit la déviation par son cosinus α tel que
La fonction de phase est développée en polynômes de Legendre
où les gi sont les moments de Legendre de la fonction de phase
Le premier moment est souvent utilisé pour caractériser la dissymétrie de la fonction de phase, voire pour construire une fonction standard comme celle de Henyey-Greenstein[3].
Le système PN
En multipliant l'équation de transfert par chacun des et en intégrant sur μ en tenant compte de la propriété d'orthogonalité des polynômes on obtient un système de N+1 équations pour N+2 inconnues . On fera donc une hypothèse pour clore le système. La plus simple consiste à imposer mais il existe des méthodes plus élaborées exprimant LN+1 en fonction des termes connus[4].
où
On montre[5] que la solution tend vers la solution physique lorsque N → ∞.
Elle est équivalente en tous points (difficulté de mise en œuvre, performances en durée de résolution) à la méthode SN, à l'exception des pathologies, différentes dans les deux cas : cette méthode est sensible au phénomène de Gibbs[6].
Lien avec l'approximation d'Eddington
L'approximation d'Eddington a été obtenue indépendamment des travaux de James Jeans mais elle constitue en fait la méthode P1. Cette approximation est due à Arthur Eddington[7]. En utilisant l'expression des deux premiers polynômes de Legendre et les quantités définies plus haut le développement s'écrit
D'où les quantités
Cette dernière expression constitue l'approximation d'Eddington.
Méthode SPN
Cette méthode constitue une simplification de la méthode PN (S pour simplified) proposée par E. M. Gelbart de manière heuristique[8] et justifié ultérieurement par l'analyse asymptotique[9] ou par une approche variationnelle[10]. Dans cette méthode on omet la dérivée pour les valeurs paires de i, d'où
En rapportant cette expression dans le système PN on obtient le système SPN : pour i impair
Il s'agit d'un système d'équations de type diffusion donc sans difficulté numérique. Le nombre d'équations a été réduit par un facteur 2.
Un exemple simple
Supposons un milieu homogène semi-infini à diffusion isotrope. Le système PN est alors le système linéaire suivant
On suppose que N est impair : avec cette condition la matrice ci-dessus qui est diagonalisable a N + 1 valeurs propres réelles par paires de signe opposé, ce qui justifie le choix d'une valeur impaire. Sa solution se met sous la forme d'une solution générale du système homogène constitué de (N + 1) / 2 exponentielles négatives (les valeurs positives étant exclues pour obtenir une solution finie) et du terme constant S / κa constituant une solution particulière
La courbe donnant les valeurs de γi montre la convergence de la méthode avec l'ordre. Les faibles valeurs correspondantes aux termes variant le plus lentement convergent plus rapidement. D'une façon générale l'erreur varie comme N-2[11].
↑(en) M. Schäfer, M. Frank et C. D. Levermore, « Diffusive Corrections to PN Approximations », Multiscale Modeling and Simulation, vol. 9, no 1, , p. 1-28
↑(en) A. M. Sultagazin, « Convergence of the Method of Spherical Harmonics for the Non-Stationary Transport Equation », USSR Computational Mathematics and Mathematical Physics, vol. 14, no 1, , p. 165-176
↑(en) A. Eddington, The Internal Constitution of the Stars, Dover, , p. 322
↑(en) E. M. Gelbart, Simplified Spherical Harmonics Equations and their Use in Shielding Problems (Report WAPD-T-1182 (Rev.1)), Bettis AtomicPower Laboratory,
↑(en) G. C. Pomraning, « Asymptotic and Variational Derivation of the Simplified PN Approximation », Annals of Nuclear Energy, vol. 20, no 9, , p. 623-637
↑(en) R. G. McClaren, « Theoretical Aspects of the Simplified Pn Equations », Transport Theory and Statistical Physics, vol. 39, , p. 73-109
↑(en) B. Davison, « On the Rate of Convergence of the Spherical Harmonics, Isotropic Scattering », Canadian Journal of Physics, vol. 38, no 11, , p. 1536-1545