Né dans une famille militante, son père, Charles Chapelain, ouvrier métallurgiste et marié à Lucie, une blanchisseuse, œuvra à la création du Section française de l'Internationale ouvrière[4]. C'est donc dans un milieu socialiste qu'il passa son enfance. Il est élève à l'école primaire supérieure Turgot et s'inscrit une année à la faculté de droit (1938-1939). En parallèle, il travailla comme ouvrier chez Marret-Bounin à Noisy-le-Sec[5].
C'est en tant qu'animateur du groupe des Amis de l'enfance ouvrière (Faucons rouges) à Bondy qu'il adhéra en 1935 aux J.S. et au P.S.[6]. Il va aussi être secrétaire du syndicat des biscuitiers (1936)[7]. Après avoir été secrétaire des Jeunesses Socialistes de Bondy (1937-1938), il fut congédié ainsi que 20 autres militants[8] à la suite de la Conférence nationale de Limoges de 1938 pour leur soutien à la Fédération socialiste de la Seine[Note 1]. Ils furent en effet convoqués à la Conférence afin de répondre aux accusations mais seulement trois membres s'y présentèrent[Note 2]. Le Comité National mixte des J.S. décidera aussi de dissoudre la Fédération mais celle-ci répondra par la négative[9].
À la suite de ce limogeage, il donna son adhésion aux Jeunesses socialistes ouvrières et paysannes du P.S.O.P (Parti socialiste ouvrier et paysan)[10], organisation issue de la Gauche révolutionnaire (1935-1938)[11] et fondée par Marceau Pivert[12]. Il fut secrétaire de la région parisienne et même secrétaire national-adjoint[13]. Dans les rangs de cette organisation se trouvaient des francs-maçons, notamment Marceau Pivert et cela n'était pas du goût de tout le monde. Lucien Chapelain en dénonça d'ailleurs trois membres qui se trouvaient à la direction du P.S.O.P.[14]. Membre de la Commission d'administration permanente (C.A.P.) du parti jusqu'au [Note 3], date à laquelle il entra en conflit avec ses membres qui refusaient l'activité semi-légale qu'il défendait[Note 4] et qui servirait de transition au passage à la clandestinité[15]. La même année, il se retire du syndicat de l'Alimentation[16].
À la suite de la distribution de tracts aux usines Renault de Boulogne-Billancourt[17] le [Note 5] critiquant la drôle de guerre, il fut arrêté et emprisonné à Fontevraud où il rejoint Émile Rouaix, Lucien Preiss, Maurice Jacquier et Daniel Hass. C'est le que Lucien fut jugé par le 2e tribunal militaire de la Seine et condamné à cinq ans de prison[10]. C'est lors de son emprisonnement dans l'abbaye qu'il rejoignit le P.C.F.[Note 6]. Il est libéré en 1942 grâce au P.O.P.F., organisation collaboratrice qui tente ainsi d'obtenir la sympathie des communistes français. Lucien rejoindra cette organisation et prendra part au Comité ouvrier de secours immédiat[18],[Note 7]. Deux ans plus tard, le , il est déporté à Buchenwald où il rejoint la résistance[10],[Note 8].
De retour de déportation, Lucien, ainsi que d'autres membres du P.O.P.F., est jugé en 1948 devant la chambre civique de la Seine. Il proteste en soulignant qu'il a adhéré au P.O.P.F. afin de le saboter de l'intérieur, mais il est condamné à cinq ans de Dégradation nationale[19]. Il reprend pourtant une vie politique active en tant que représentant du Parti communiste[10]. Durant la guerre d'Algérie, il est arrêté le [10] après la manifestation du à la gare de Saint-Aignan-Noyers[20] pour avoir organisé une manifestation « à l'occasion du départ des rappelés »[21]. Il est jugé par un tribunal militaire pour avoir tenté d'arrêter le train[21]. En effet, l'enquête qui était d'abord civile devint ensuite militaire[20] et condamné à sept mois[22] à la prison de Fresnes[21].
Il est marié avec Mireille Chapelain, secrétaire particulière du président du conseil général de Seine-Saint-Denis. Ils ont deux enfants[10].
Prises de positions
Chapelain est un défenseur de la paix, ce qu'il montre dès 1937, lors des réunions des Jeunes Socialistes[23] et en 1956 en organisant quatre manifestations pour la paix en Algérie[10].
Il est inscrit dans le "Carnet B", liste des antimilitaristes qui pourraient mettre en danger la mobilisation[24].
Fonctions
Il fut secrétaire de la section Saint-Denis[Quand ?].
Année(s)
Fonction
Élu conseiller municipal communiste de Bondy
-1947
Maire-adjoint à Bondy
1945-1946
Membre du comité fédéral de la Seine-Est
1946-1948
Membre du comité fédéral de la Seine
-
Collaborateur du Comité central en Haute-Saône
1955-1956
Secrétaire de la section P.C.F. du Bondy
À partir de
Député suppléant de la 5e circonscription de Seine-Saint-Denis
Il fut aussi le directeur de publication de la revue 93 hebdo, hebdomadaire créé en 1990 qui servait de lien entre le P.C.F. et la Seine-Saint-Denis[26].
Il dirigea avec Daniel Anker l’Association des anciens déportés de Buchenwald[10].
Postérité
Une avenue à Bondy porte le nom de Lucien Chapelain[27].
Jean Rabaut, Tout est possible! Les "gauchistes" français de 1929-1944, Paris, Denoël / Gonthier, 1974 (Grand Format Méditations).
Georges Vidal, La Grande Illusion? Le Parti communiste français et la Défense nationale à l'époque du Front populaire (1934-1939), Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 2006.
↑Jacques Maitron (éd.), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Paris, Les Éditions Ouvrières, 1964-1993, t. XXII, p. 94.
↑Jacques Fantino (éd.), Identité et altérité: la norme en question? Hommage à Pierre-Marie Beaude, Paris, Cerf, 2010 (Sciences humaines et religions), p. 184.
↑ a et bLe Parisien, « Décès du militant et déporté Lucien Chapelain », Le Parisien, (lire en ligne, consulté le ).
↑Cf. Charles Chapelain, notice du Maitron : « Né le 28 juillet 1895 à Pommeuse (Seine-et-Marne), mort le 13 janvier 1964 à Bondy (Seine) ; ouvrier métallurgiste ; conseiller municipal socialiste de Bondy (Seine) » [lire en ligne]. Jacques Maitron (éd.), op. cit., p. 93.
↑« Ouvriers biscuitiers et en pâtes alimentaire », dans Le Populaire, no 5004, 24 octobre 1936, p. 6.
↑« Le Comité National mixte des Jeunesses Socialistes a tenu hier sa première réunion, au cours de laquelle il a pris d'importantes décisions », dans Le Populaire, no 5546, 22 avril 1938, p. 4.
↑La crise du parti socialiste (S.F.I.O.), dans Le Temps, no 27990, 29 avril 1938, p. 3.
↑ abcdefg et hJacques Maitron (éd.), op. cit., p. 95.
↑Michel Dreyfus, PCF. Crises et dissidences. De 1920 à nos jours, Bruxelles, Éditions Complexe, 1989 (Questions au XXe siècle), p. 234.
↑Fabien Conord, Les Gauches Européennes au XXe, Paris Armand Colin, 2012 (Collection U, Histoire), p. 111.
↑Georges Vidal, La Grande Illusion? Le Parti communiste français et la Défense nationale à l'époque du Front Populaire (1934-1939), Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 2006, p. 312.
↑Jacques Kergoat, Marceau Pivert, socialiste de gauche, Paris, Éditions de l'Atelier/ Éditions Ouvrières, 1994 (La part des hommes), p. 152.