Prince héritier du Burundi à sa naissance, le prince Louis Rwagasore est le fils du mwamiMwambutsa IV et de la reine Thérèse Kanyonga. En 1939, il entame ses études à l'école primaire de Bukeye, puis à Kanyinya et Gitega. En 1945, il s'embarque pour le Rwanda, où il entre au Groupe Scolaire d'Astrida à Butare et y passera 6 ans. De retour de Belgique après des études à l’université d’Anvers, il entame sa vie politique en 1956.
Carrière politique
En septembre 1958, il fonde l'Union pour le progrès national (UPRONA) pour lutter contre les Belges et réclamer l'indépendance du Burundi. Son père le nomme chef de Butanyerera, pensant que le rôle de la famille royale doit transcender les politiques partisanes, mais Rwagasore renonce pour se consacrer entièrement à la cause nationaliste.
En , le roi se sent menacé par le nationalisme, à l'heure où le Congo belge, pays voisin, vient d'accéder à l'indépendance.
Lors du premier congrès de l'UPRONA en mars 1960, Louis Rwagasore réclame l'indépendance totale du Burundi et incite la population à boycotter les magasins belges et à refuser de payer les impôts.
Du 27 octobre au , le prince Rwagasore est placé en résidence surveillée, alors que les élections communales doivent être tenues à la mi-novembre.
Le but de son placement en résidence surveillée est de handicaper l'UPRONA, et de l'empêcher de remporter les élections communales. Le but est atteint : les élections communales sont remportées par le PDC, parti soutenu par la Belgique.
Le , ont lieu les élections législatives sous la supervision de l’ONU. Rwagasore et l'UPRONA remportent une large victoire avec 80 % des voix. Il devient premier ministre du Burundi le .
Assassinat
Le , le prince Rwagasore est assassiné d'une balle provenant d'un tireur embusqué, alors qu'il dînait dans un restaurant près du lac Tanganyika. Son assassinat est organisé par le chef Baranyanka (membre de la famille royale) avec d'autres représentants du parti PDC. Le tireur était un Grec du nom de Jean Kageorgis[1].
Le : les commanditaires de l'assassinat du prince Rwagasore sont pendus dans le stade de Gitega. Parmi eux, deux fils du chef Baranyanka : Ntidendereza et Birori.
Selon le sociologue Ludo De Witte, des documents découverts dans les archives nationales du Royaume-Uni permettraient de conclure à une implication de la tutelle belge dans l'assassinat du Prince Rwagasore[3]. La revue Toudi a publié en 2013 le texte complet de l'étude de Ludo De Witte[4].
Vie personnelle
Le , il épouse Marie-Rose Ntamikevyo (décédée en 1973) qui lui donnera deux filles[5] :
↑Après avoir été condamné à mort par un jugement en première instance, confirmé par un procès en appel, Kageorgis peut encore être gracié par le chef de l'État belge, pays qui pour quelques jours encore, exerce sa tutelle sur le Ruanda-Urundi. Le ministre belge des affaires étrangères, Paul-Henri Spaak, déconseille au roi Baudouin de commuer la peine, en raison du risque de troubles et de représailles envers les Belges présent sur place que pourrait entraîner une telle mesure, laquelle serait difficile à admettre par la population locale. Kageorgis est donc le dernier condamné à mort dont la grâce a été refusée par un chef de l'État belge[2].
Références
↑(en) Rene Lemarchand, Burundi: Ethnic Conflict and Genocide, Cambridge University Press, , 206 p. (ISBN978-0-521-56623-0, lire en ligne), « History as prologue », p. 55