Il fait aussi une carrière militaire avec le grade de Brigadier des armées du Roi (1740), puis de Maréchal de camp (1743) et de lieutenant-général (1747).
Héritier d'une grande fortune, il est réputé pour son importante collection d’œuvres d'art, faisant la part belle aux arts décoratifs plus qu'à la peinture ou à la sculpture. Cette collection était essentiellement composée de meubles, vases en porcelaine et de pierres dures - porphyre rouge antique, porphyre vert, marbre vert antique, jaspe, albâtre fleuri, etc. - à montures de bronze doré[8], colonnes antiques...
Cette collection, rassemblée à partir de 1776 en son hôtel particulier place Louis XV (actuellement hôtel de Crillon, place de la Concorde), fut dispersée après sa mort, lors d'une vente publique[9], à laquelle Louis XVI se porta acquéreur de 51 lots, comprenant pour l'essentiel les plus belles pièces, destinées aux décors du futur Muséum[10]. Marie-Antoinette acheta cinq lots pour son usage personnel.
Les pièces acquises pour le Muséum furent entreposées pendant dix ans, puis furent retirées des galeries du Louvre pour servir à l'ameublement des résidences des souverains[11].
Les boiseries de l'hôtel d'Aumont, devenu par la suite hôtel de Crillon, sculptées sur des dessins de l'architecte Pierre-Adrien Pâris, ont été démontées au moment de la transformation en hôtel de voyageurs par Walter-André Destailleur, en 1906. Les boiseries du grand salon, du petit salon et de la grande salle à manger ont été remontées à l'hôtel de La Tour d'Auvergne (actuelle ambassade du Chili), celles du boudoir et de la petite salle à manger ont été acquises par la famille de Susan Dwight Bliss. Elles sont aujourd'hui conservées au Metropolitan Museum of Art et à Middlebury College[15].
P.-A. Pâris, petit salon et salle à manger de l'hôtel d'Aumont (ou hôtel de Crillon), v. 1777-1780, remontés à l'hôtel de La Tour d'Auvergne (Ambassade du Chili)
Il a été le vénérable de la loge de Bussy-Aumont[16]. Cette loge aurait commencé à exister dès 1732, mais elle a demandé des constitutions à la Grande Loge que présidait J. H. MacLean. Derwentwater[17]. qui avait remplacé MacLean et les officiers de la Grande Loge installèrent la loge chez Landelle « à l'Hôtel rue de Bussy ». La loge de Bussy est considérée comme régulière à partir du . Le , elle a comme vénérable maître à sa fondation Louis Collins, peintre du roi. Une délégation de la loge a reçu de Derwentwater une patente constitutive le en remplacement de la patente provisoire. Le duc d'Aumont est maître dans cette loge dès et il a dû être vénérable peu de temps après sa réception. On ne sait pas à quelle date la loge de Bussy a pris le nom de Bussy-Aumont. Le duc d'Antin a été élu grand maître en 1738. Louis de Bourbon-Condé (1709-1771) lui a succédé comme « Grand Maître de toutes les loges régulières de France » en 1743.
Louis d'Aumont (3 avril 1729 - 1er janvier 1731) ;
Jeanne Louise Constance d'Aumont (Paris, 11 février 1731 - Versailles, 1er octobre 1816), mariée avec Gabriel Louis François de Neufville, duc de Villeroy, pair de France, lieutenant général des armées du Roi, gouverneur de Lyon, chevalier des ordres du Roi (1731-1794), sans postérité ;
Louis Alexandre Céleste d'Aumont, duc de Villequier, 7e duc d'Aumont, (Paris, 4 août 1736 - château de Villequier-Aumont, 15 août 1814), marié en 1759 avec Félicité Louise Le Tellier de Courtanvaux (1736-1768), dont postérité.
Notes et références
↑Journal de Papillon de la Ferté, E. Boysse (éd.), Paris : Paul Ollendorff, p. 8.
↑Christophe Levantal, Ducs et pairs et duchés-pairies laïques à l'époque moderne (1519-1790), Paris, Maisonneuve et Larose, , 1218 p. (ISBN2-7068-1219-2), p. 426-428
↑A. Peck, Period Rooms in the Metropolitan Museum of Art, New York, The MET, 1996 ; D. Kisluk-Grosheide et J. Munger, The Metropolitan Museum of Art. The Wrighstmann Galleries for French Decorative Arts, New York : The MET/New Haven : Yale University Press, 2010.
↑P. Lemonnier, "Une exceptionnelle collection de vases montées", L'Estampille/L'Objet d'art, no 244, 1991, p. 38-49
↑"Depuis quelque temps, la Cour et la ville vont voir à l'hôtel du feu duc d'Aumont les meubles précieux et effets rares qui doivent s'y mettre en vente incessamment. C'est un spectacle véritable par la foule des jolies femmes, des petits-maîtres, des élégans qui y abondent. On juge, en parcourant tant de curiosités accumulées sans ordre et sans choix, que le possesseur avoit plus de magnificence que de goût. Point de tableaux; des colonnes, des tables, des lustres, des marbres, des porphyres, des granits, des jaspes d'un prix fol, voilà en quoi consistoit le luxe du duc d'Aumont, très-simple d'ailleurs et dénué des connoissances exquises qu'auroit exigées son genre de dépense. Des bronzes assez beaux sont ce qui peut plaire le plus à l'artiste et satisfaire le vrai connoisseur dans cette profusion de richesses », Bachaumont, Mémoires secrets, 6 décembre 1782.
↑S. Castelluccio, Le Garde-Meuble de la Couronne et ses intendants, du XVIe au XVIIIe siècle, Paris : Comité des travaux historiques et scientifiques, 2004. Rééd. 2008.
↑Décors, mobilier et objets d’art du musée du Louvre de Louis XIV à Marie-Antoinette, Paris : Somogy/Musée du Louvre, 2014, p. 451
↑D. Alcouffe et alii, Les bronzes d'ameublement du Louvre, Dijon : Faton, 2004 ; J. Durand et alii, Décors, mobilier et objets d'art du musée du Louvre, de Louis XIV à Marie-Antoinette, Paris : Musée du Louvre/Somogy, 2014.
↑The Wallace Collection, S. Duffy et alii (éd.), London : Scala, 2006.
↑D. Kisluk-Grosheide et J. Munger, The Metropolitan Museum of Art. The Wrighstmann Galleries for French Decorative Arts, New York : The MET/New Haven : Yale University Press, 2010.
↑The Campus (Middlebury, Vermont), no 7, 5 novembre 1959 ; A. K. D. Healy, "In, Out and About a Room", Middlebury College News Letter, spring 1960, vol. XXXIV, no 3, p. 26-27, 45-46 ; B. Pons, Grands décors français, 1650-1800, Dijon : Faton, 1995, p. 342-363 ; A. Gady, Les hôtels particuliers de Paris, du Moyen Âge à la Belle époque, Paris : Parigramme, 2008, p. 254.
↑Alain Le Bihan, Aux origines de la franc-maçonnerie française, dans Annales, 1967, tome 22, no 2, p. 396-411(lire en ligne)
Catalogue de vases, colonnes, tables de marbre, figures de bronze, porcelaine de choix... qui composent le cabinet de feu M. le duc d'Aumont, vente du , Paris : Julliot et Paillet experts, 1782.
F. Knothe, "Retour sur l'hôtel d'Aumont : la décoration du cabinet de toilette en 1776", Revue de l'Art, no 172, 2011, p. 39-47.
S. Vriz, "Une exceptionnelle paire de vases de la collection du duc d'Aumont", L'Estampille/L'Objet d'art, no 474, , p. 58-61.
S. Vriz, "Le duc d’Aumont et les porcelaines d’Extrême-Orient de la collection de M. Jean de Julienne", Sèvres, no 22, 2013.
S. Vriz, "Le duc d’Aumont, collectionneur prolifique", L'Estampille/L'Objet d'art, no 535, , p. 46-51.
S. Vriz, "Un nouvel éclairage sur les effets des collections royales donnés au duc d’Aumont après la mort de Louis XV", Versalia, 24, 2021, p. 203-216.