Louis-Joseph du Plessis-Mauron de Grenédan

Louis-Joseph du Plessis-Mauron de Grenédan
Fonctions
Député d'Ille-et-Vilaine
-
Maire de Saint-Avertin
- années 1810
Conseiller général d'Ille-et-Vilaine
à partir du
Conseiller de préfecture
à partir du
Maire de Rennes
-
Titre de noblesse
Comte
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 74 ans)
RennesVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Collège de Pontlevoy (d) (jusqu'en )Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Famille
Fratrie
Autres informations
Propriétaire de
Parti politique
Blason

Louis-Joseph, comte du Plessis-Mauron de Grenédan, né à Rennes le et mort à Rennes le , est un magistrat et homme politique français[1].

Biographie

Débuts en droit

Frère de François-Fortuné, il suivit ses études chez les Bénédictins de Pontlevoy, qu'il finit à 15 ans. Il soutint ses thèses de droit devant Lanjuinais[2]. Il connaissait le latin, le grec ancien, l'allemand et l'anglais, connaissait tous les principaux auteurs classiques tels que Virgile et Phèdre, et les modernes tels que La Fontaine et Corneille. Il avait également des connaissances en mathématiques et autres sciences, ainsi que des connaissances sur les arts[2].

Reçu avocat au parlement le , et émancipé par une délibération cartellaire de son père du suivant, il obtint, le , des dispenses d'âge pour siéger comme conseiller au parlement de Bretagne[2].

Durant ces années il soutint les idées des Lumières, rêvant d'« une République bien ordonnée » et étant le seul à s'opposer au sein du Parlement de Bretagne à une proposition visant à rendre obligatoire l'appartenance à la noblesse pour les conseillers[2].

Certains l'accusèrent d'avoir, le , brulé ses titres de noblesse ; il reconnut avoir fait des déclarations qui, pour lui, équivalaient à une telle destruction. Ce qui est certain est qu'il fut l'objet, ce jour-là, d'une parade en son honneur pour une déclaration en faveur du tiers état[2]. Il utilisa sa célébrité pour sauver la vie du comte de Langeron, commandant en second qui avait fait distribuer des armes à ses troupes.

Pendant la Révolution et sous l'Empire

Élu maire de Rennes le , il fit une violente opposition à la Convention, protestant contre les journées du 31 mai et sauvant plusieurs proscrits, tels que Lanjuinais, des représentants Sevestre et Billaud-Varennes, fut décrété d'arrestation, s'enfuit, refusant des offres d'exil car ne voulant pas compromettre ses amis, et se tint caché jusqu'au 9 nivôse an III après avoir écrit des lettres à Couthon, Thuriot, Saint-Just, Barère, Hérault de Sechelles et Robespierre pour protester contre leur gouvernement ; sa tête fut mise à prix par Carrier à 200 louis[2].

En 1800, il fut nommé conseiller de préfecture d'Ille-et-Vilaine, puis conseiller général en prairial an VIII ; il profita de sa position pour aider de nombreux émigrés à être réintégrés dans leurs droits et leurs biens. Maire de Saint-Avertin en Indre-et-Loire sous l'Empire (), il habitait alors son château de Cangé. il devint conseiller à la cour impériale de Rennes le , et se rallia avec enthousiasme à la Restauration en 1814[2].

Un ultraroyaliste sous la Restauration

Ayant refusé de servir Napoléon pendant les Cent-Jours, il perdit son siège à la cour de Rennes ; la seconde Restauration le lui rendit. Le , le collège de département d'Ille-et-Vilaine l'élut député. II siégea dans la majorité de la Chambre introuvable.

Lors du vote de la loi du 20 décembre 1815 instituant les cours prévôtales, il demanda de faire traduire devant les cours prévôtales tout individu soupçonné d'avoir contribué au retour de Napoléon, et proposa, en séance publique, le rétablissement du gibet[3], en commençant par l'exécution des sentences des tribunaux prévôtaux, selon lui propre à imprimer le caractère d'infamie aux condamnés qu'il estimait nécessaire pour la prévention des crimes (« l'humiliation qui l'accompagne produira des effets plus salutaires que la peine même »), la guillotine étant devenue trop noble, par l'exécution de Louis XVI, pour être utilisée sur de simples criminels, dans un discours affirmant que, par la pendaison, "la honte redeviendra par là le juste salaire du crime ; et chaque famille, craignant d'en partager l'ignominie, veillera plus soigneusement à le prévenir que les magistrats les plus vigilants" et s’achevant par "Heureux le peuple chez lequel la tache d'un seul crime se transmet de père en fils, jusqu'à la postérité la plus reculée, et auquel le progrès des lumières n'a point encore appris qu'on peut marcher la tête levée quand on a un fils parjure, un frère homicide, une mère incestueuse ! " ; cet amendement fut présenté sous les hués de la Chambre. Il déposa cependant des amendements demandant qu'il ne soit pas procédé au jugement avant détermination de la compétence[4],[5],[6],[7].

Il échoua aux élections qui suivirent la dissolution de la Chambre en 1816, et ne rentra au parlement que le , élu au collège de département d'Ille-et-Vilaine. Il reprit sa place à l'extrême-droite, parmi les ultraroyalistes, demanda le qu'on rayât de la liste des donataires de l'ancienne liste civile impériale la plupart des maréchaux ou généraux de l'Empire, dont il fit le procès en termes qui soulevèrent les clameurs de la gauche ainsi qu'une provocation en duel du général de Piré, qu'il refusa[8],[9],[10], et parla le contre la liberté de la presse, demanda que le concept de blasphème fasse son retour pour désigner les offenses à Dieu et que le terme de religion ne désigne que le catholicisme, les autres religions ne devenant que des cultes[2],[11],[12].

Réélu, le , il s'efforça le de justifier l'expulsion de Manuel en invoquant l'omnipotence de la Chambre et les précédents du parlement anglais[13], et vit renouveler son mandat de député, le .

Le 14 juillet 1824, il demanda et obtint la fermeture de l'école de chant et de déclamation, qu'il trouvait immorale[2].

Dans la séance du , lors de la discussion du milliard des émigrés, il demanda « la restitution intégrale des biens acquis nationalement, sans aucune indemnité, les émigrés étant demeurés les légitimes propriétaires des biens dont on les avait injustement spoliés. L'art. 9 de la Charte porte que toutes les propriétés sont inviolables, et non pas seront inviolables, et ne peut s'entendre que des propriétés légitimement acquises. » Puis il traita les acquéreurs de biens nationaux de « voleurs »[14],[15].

Lors du vote sur la loi sur le sacrilège, il déclara que la Révolution ne finirait que quand tout son héritage serait aboli et méprisé et critiqua cette loi pour avoir mis sur un pied d'égalité les différentes confessions religieuses ; il demanda également le retour des tribunaux ecclésiastiques pour les offenses contre la religion[2].

Il fut encore réélu le par 149 voix sur 249 votants et 297 inscrits, montra toujours le même royalisme intransigeant, soutint le ministère Polignac, et fut réélu, une dernière fois, le .

Fin de carrière

Son refus de prêter serment à la monarchie de Juillet, comme magistrat et comme député, fit annuler son élection, et lui fit perdre le siège de président qu'il occupait à la cour royale de Rennes depuis le .

Sa fortune ayant été investie dans la verrerie de son gendre, qui fit faillite à la suite de la révolution de Juillet, il eut à souffrir des privations, qu'il supporta avec l'aide de sa foi[2].

Publications

  • Examen des Paroles d'un croyant et du Livre du Peuple
  • Déclaration d'une partie des députés de la droite sur les principes fondamentaux du droit public
  • Hommage à la mémoire de M. le lieutenant-général Isidore Lynch
  • Protestation contre l'usurpation du trône de France par Louis-Philippe d'Orléans

Sources

Notes et références

  1. Biographie universelle et portative des Contemporains: ou Dictionnaire historique des hommes vivants et des hommes morts (de 1788 à 1828), Chez l'éditeur, rue du colombier, 21, (lire en ligne), p. 1503
  2. a b c d e f g h i j et k Prosper Jean Levot, Biographie bretonne: recueil de notices sur tous les Bretons qui se sont fait un nom soit par leurs vertus ou leurs crimes, soit dans les arts, dans les sciences, dans les lettres, dans la magistrature, dans la politique, dans la guerre, etc., depuis le commencement de l'ère chrétienne jusqu'à nos jours, vol. 2, Cauderan, (lire en ligne), p. 618-622
  3. [Francis Démier "La France de la Restauration" (1814-1830), chapitre "La réaction royaliste", page 19, édition Folio Histoire 2012
  4. Albert Maurin, Histoire de la chute des Bourbons: grandeur et décadence de la bourgeoisie, 1815-1830-1848, Bureaux de la Société des travailleurs réunis, (lire en ligne), p. 203-205
  5. Louis de Viel-Castel, Histoire de la Restauration, Lévy, (lire en ligne), p. 203-205
  6. Époque de 1815; ou, Choix de propositions, lois rapports discutés à la Chambre des députés: d'ordonnances rendues par le gouvernement; d'arrêtés, proclamations des commissaires extraordinaires et préfets du Midi, et particulièrement du dépt. du Gard; suivis de notes et d'observations sur l'administration de la justice et l'état de la France en 1815 ..., Delaunay, (lire en ligne), p. 62-66
  7. Collectifs, Histoire des droites en France (Tome 1) - Politique, Editions Gallimard, (ISBN 978-2-07-229804-2, lire en ligne)
  8. Discussion de la loi sur les dotations, et discours de MM. Étienne, Foy, Manuel et St. Aulaire, revus par leurs auteurs, et suivis du texte de la loi, Le Roy, (lire en ligne), p. 75-87
  9. Victor Duruy, Histoire populaire contemporaine de la France, Hachette, (lire en ligne), p. 95-98
  10. Achille de Vaulabelle, Histoire des deux restaurations jusqua̓̀ lá-vénement de Louis-Philippe: de janvier 1815 a octobre 1830, Garnier Frères, (lire en ligne), p. 351-355
  11. Bibliographie de la France, vol. 11, Au Cercle de la Librairie, (lire en ligne), p. 70
  12. Annuaire historique universel; ou, Histoire politique, comprenant en outre un aperçu de la littérature française, une chronique judiciaire, un tableau de la littérature étrangère, avec un appendice contenant les actes publics, traités et un article variétés renfermant une petite chronique des événements les plus remarquables et une notice nécrologique fondé par C.-L. Lesur, (lire en ligne), p. 14
  13. Jean-Claude Caron, « Les mots qui tuent. Le meurtre parlementaire de Manuel (1823) », Genèses, no 83,‎ , p. 6–28 (ISSN 1155-3219, lire en ligne, consulté le )
  14. Journal de Grenoble, administratif, politique et littéraire, (lire en ligne)
  15. Louis baron de Viel-Castel, Histoire de la restauration, Michel Lévy frères, (lire en ligne), p. 232-238

Liens externes