Cette liste des rues de la Rome antique regroupe les différentes voies qui composent le réseau de voies publiques urbaines de Rome durant l'Antiquité et dont le nom nous est parvenu. Le réseau se compose de rues carrossables proprement dites (en latin classique : vicus, -i, au singulier ; vici, -orum, au pluriel) et de passages plus étroits comme les chemins et les montées (en latin classique : clivus, -i au singulier ; clivi, -orum, au pluriel).
Définitions
« Vicus [quartier] vient de via, parce que les deux côtés d'une rue sont bordés d'édifices. Fundula [impasse], rue sans issue, de fundus [fond]. Angiportum [ruelle], de angustus [étroit] ou de agere [mener], et de portus [passage]. »
À l'origine, le terme vicus désigne le quartier, l'ensemble des édifices desservis par une ou plusieurs rues désignées alors par le terme viae. Ce n'est que plus tard que le terme de vicus s'est substitué au terme via pour désigner la plus importante des rues traversant un même ensemble d'édifices[a 1],[a 2],[1].
Sous la République, les rues de Rome sont désignées par le terme vici, exceptées la Sacra Via et la Nova Via qui sont qualifiées de viae[2]. Leur largeur varie de 4 mètres à 6 ou 7 mètres, exceptionnellement 8 mètres[3]. Les plus larges d'entre elles peuvent être qualifiées de viae bien que ce terme soit davantage réservé pour désigner les voies situées en dehors des villes. Les montées, nombreuses dans une ville établie sur sept collines, portent le nom de clivi[4], voire de scalae (ou gradus) si la pente trop raide ne permet pas l'aménagement d'une rampe mais plutôt celle d'un escalier[5]. On rencontre également des voies publiques désignées par le terme semitae (« sentes ») [6].
Sous l'Empire, les vici deviennent une unité structurelle des nouvelles régions lors de la réorganisation administrative de la ville de Rome sous Auguste. À partir de cette époque, le terme de vicus conserve un double sens et désigne à la fois une rue et le quartier qu'elle traverse[7]. Avec l'agrandissement du périmètre urbain bien au-delà de l'enceinte servienne, des tronçons de voies romaines (viae) sont intégrés dans le tissu urbain, comparables aux avenues ou boulevards modernes, et conservent leur nom[8]. Sous la République
Les sources
Les noms des rues de la ville antique de Rome nous sont principalement connus grâce à leurs mentions sur des documents épigraphiques ou littéraires. La première estimation du nombre de vici à Rome est rapportée par Pline l'Ancien qui écrit après la censure de Vespasien en 73 apr. J.-C. Le nombre de vici est alors évalué à 265, un chiffre probablement légèrement supérieur, voire tout simplement égal, au nombre de vici après la réforme d'Auguste, le périmètre de la ville de Rome n'ayant pas beaucoup changé[9].
Pour le Ier siècle, on dispose d'un document épigraphique intéressant appelé « Base Capitoline », une inscription datée de 136 apr. J.-C. durant le règne d'Hadrien. Elle donne les noms de 66 vici et leur répartition dans cinq des quatorze régions augustéennes (regiones X, XI, XII, XIII et XIV)[a 3]. Les informations sont néanmoins incomplètes puisqu'elles ne couvrent qu'un tiers des régions augustéennes[9].
Enfin, pour le IVe siècle, on peut évaluer le nombre de vici en s'appuyant sur les données fournies par les deux Régionnaires, des catalogues des régions de la ville (le Curiosum Urbis et la Notitia de Regionibus). Ils donnent quant à eux un total de 423 ou 424 vici mais le sens de vicus n'est plus celui de rue mais plutôt celui de « quartiers ». Une dernière estimation est proposée en faisant un parallèle avec les 322 vici que compte Constantinople. Ce nombre a été inspiré de la Rome impériale, la nouvelle Rome ayant été construite dans la continuité de l'ancienne[10]. Quel que soit le nombre retenu (423 ou 322), le nombre de vici a augmenté durant l'Empire du fait de l'accroissement de la superficie habitée et parce que certains vici ont été découpés en plusieurs vici au cours du temps, peut-être pour adapter l'unité structurelle du vicus à un accroissement de la population, même dans les régions dont la superficie n'a pas évolué[11].
Les lexiques et dictionnaires topographiques modernes[12],[13] donnent un total de 120 vici dont les noms sont connus soit moins du tiers du nombre total de vici à la fin de l'Empire. Une majorité des noms et des localisations des vici ne nous ont donc pas été transmis[14].
Liste de vici et clivi
Nom
Type
Région
Description
Vicus Aemilianus
Vicus
Regio IX (?)
Une rue qui pourrait être située dans le quartier Aemiliana, au sud du Champ de Mars[15].
Vicus Aesculeti
Vicus
Regio IX
Connu par une inscription sur un autel dédié par les vicomagistri aux Lares[a 4]. Il devait traverser l'Aesculetum, un bosquet de chêne sur le Champ de Mars[a 5] où les comices ont ratifié la Lex Hortensia[a 6]. Si le vicus tire bien son nom de ce petit bois, il devait passer un peu au nord de l'actuel ponte Garibladi[16], le long de la Via di S. Bartolommeo où ont été retrouvés des fragments de pavement[17].
Situé sur le Palatin, mentionné sur la Base Capitoline.
Vicus Armilustri
Vicus
Regio XIII
Certainement associé à l'Armilustrium, une place au nord-ouest de l'Aventin. Le tracé du vicus pourrait correspondre à l'actuelle Via di S. Sabina[18].
Mentionné sur la Base Capitoline ainsi que sur deux autres inscriptions[a 11],[a 12]. Il s'agit peut-être du seul vicus de l'Île Tibérine. Il tirerait son nom d'un membre de la famille des Censori dont Caius Censorius Niger est le premier membre connu au IIe siècle[23].
Vicus Collis Viminalis
Vicus
Regio VI
Connu grâce à deux inscriptions[a 13],[a 14]. Son tracé devait suivre la crête du Viminal jusqu'à la Porte Viminale. Des vestiges de pavement ont été mis au jour sur une ligne allant de la Via Napoli à la Porta Chiusa[23].
Vicus Columnae Ligneae
Vicus
Regio XIII
Mentionné sur la Base Capitoline. Littéralement, « rue de la Colonne de bois »[24].
Vicus Compiti Pastoris
Vicus
Regio XII
Mentionné sur la Base Capitoline.
Clivus Cosconius
Clivus
?
Vicus Cuprius
Vicus
Regio V
Situé sur l'Esquilin, reliant le Tigillum Sororium, structure en bois liée à la légende des Horaces et Curiaces[a 15], à Subure et croisant le Clivus Orbius en son point le plus haut. Selon Varron, le nom du vicus dérive d'un terme d'origine sabine, ce qui selon lui pourrait s'expliquer par l'installation de Sabins dans cette région[20].
Vicus Curiarum
Vicus
Regio X
Mentionné sur la Base Capitoline, passant probablement près des Curia Veteres,dont il tire son nom, sur les pentes orientales du Palatin.
S'étend au sud-ouest de la Via Appia et est associé à l'Antrum Cyclopis, une grotte mentionnée seulement dans les Régionnaires de Rome et donnant sur la Vallis Camenarum[25].
Clivus Delphini
Clivus
?
Vicus Dianae
Vicus
Regio XII
Mentionné sur la Base Capitoline.
Vicus Drusianus
Vicus
Regio I
Mentionné sur la Base Capitoline. Il tire probablement son nom de la construction de l'arc de Drusus. Le vicus démarre au point d'entrée de la Via Appia dans Rome et se dirige vers le nord-est. Son tracé correspond quasiment aux actuelles Via della Ferratella et Via Druso[26].
Vicus Epicteti
Vicus
Regio XIV
Connu par la mention du terme Epictetenses[a 16] qui semble désigner les habitants dudit vicus situé dans le Transtiberim[27].
Mentionné sur la Base Capitoline et certainement associé à un autel dédié à Fortuna dubia (littéralement « Fortune douteuse ») du temps de Servius Tullius sur l'Aventin[29].
Vicus Fortunae Mammosae
Vicus
Regio XII
Mentionné sur la Base Capitoline. Il tire son nom d'un autel consacré à Fortuna Mammosa situé entre la Porte Capène et les thermes de Caracalla[30].
Vicus Fortunae Obsequentis
Vicus
Regio I
Mentionné sur la Base Capitoline. Il tire son nom d'un autel dédié à Fortuna obsequens dont la construction est attribuée à Servius Tullius[a 19].
Vicus Fortunae Respicientis
Vicus
Regio X
Mentionné sur la Base Capitoline. Il tire son nom d'un autel dédié à Fortuna respiciens situé sur le Mont Palatin, peut-être dans sa partie orientale[31].
Vicus Fortunati
Vicus
Regio XIII
Mentionné sur la Base Capitoline.
Vicus Frumentarius
Vicus
Regio XIII
Mentionné sur la Base Capitoline et situé à proximité des entrepôts de la zone portuaire en contrebas de l'Aventin. Il doit son nom à la présence de nombreux marchands de céréales (negotiatores frumentarii)[31].
Vicus Gemini
Vicus
Regio XIV
Mentionné sur la Base Capitoline.
Vicus Honoris et Virtutis
Vicus
Regio I
Mentionné sur la Base Capitoline et sur une autre inscription d'un épistyle[a 20]. Il tire son nom du temple dédié à Honos et Virtus. Il s'étend probablement entre la Via Appia et le temple, sur la pente orientale du Caelius, au sud de la Porte Capène[31].
Vicus Huiusce Diei
Vicus
Regio X
Mentionné sur la Base Capitoline et situé sur le Palatin. Il est possible que le vicus tire son nom d'un autel dédié à Fortuna Huiusce Diei (littéralement « Fortune de ce jour »[32]) [31], mais il n'existe aucune autre mention de cet autel et l'absence du nom de Fortuna dans celui du vicus permet de douter de cette hypothèse[33]. Il a pu s'agir d'un autel particulier situé dans le portique de Catulus ou d'un ancien temple dédié à Fortuna Huiusce Diei par Lucius Aemilius Paullus Macedonicus après sa victoire à Pydna[34].
Vicus Ianuclensis
Vicus
Regio XIV
Mentionné sur la Base Capitoline, probablement situé sur les pentes du Janicule.
Vicus Iovis Fagutalis
Vicus
Regio III
Situé sur le Fagutal, partie occidentale de l'Esquilin, connu par une seule inscription datée de 109 apr. J.-C.[a 21] et tenant son nom d'un autel ou petit temple dédié à Iuppiter Fagutalis[35].
Voie très ancienne permettant d'accéder au Forum Romain depuis le quartier du Vélabre. Il s'agit probablement d'une section d'une route commerciale qui permettait de rejoindre le Tibre, à l'endroit où les navires débarquaient leurs chargements de sel, depuis la Via Salaria.
Parcourt la dépression qui sépare les collines du Cælius et du Palatin. Il débute près du Circus Maximus et longe de nombreux édifices pour finir au sommet du Caelius au niveau de la porte Caelimontane.