Cette liste recense les élections organisées durant l'année 1990. Elle inclut les élections législatives et présidentielles nationales dans les États souverains, ainsi que les référendums au niveau national[1].
Commentaires généraux
Des élections multipartites sont organisées dans des pays du bloc de l'Est et dans des républiques internes à l'Union soviétique. Certaines (Géorgie, Lettonie, Tchécoslovaquie…) voient la victoire de partis anti-communistes et indépendantistes ; d'autres (Azerbaïdjan, Ukraine, Mongolie…), la victoire des communistes lors d'élections libres. En Allemagne de l'Est (), les communistes sont battus, entraînant la disparition du pays et la réunification de l'Allemagne le . Dans les républiques internes à la Yougoslavie, la fin du régime du parti unique amène à la défaite électorale des communistes en Bosnie-Herzégovine et en Macédoine (novembre), où les électeurs se tournent vers des partis d'une droite nationaliste ethnique. Au Monténégro, à l'inverse, les communistes conservent le pouvoir à l'issue d'élections libres et multipartites (décembre).
Au Myanmar (Birmanie), la Ligue nationale pour la démocratie, d'Aung San Suu Kyi, remporte largement les élections du mois de mai. Les résultats ne sont toutefois pas reconnus par la junte militaire, qui conserve le pouvoir.
En Afrique, le Gabon et la Côte d'Ivoire font l'expérience d'élections multipartites, après l'abandon d'un régime à parti unique, mais sans que cela n'entraîne d'alternance au pouvoir. Dans le même temps, les citoyens du Bénin et de Guinée approuvent par référendum une transition vers le multipartisme (décembre).
En Colombie, en proie aux violences terroristes orchestrée par les cartels de la drogue, les principaux candidats à l'élection présidentielle du mois de mai sont assassinés. Au Pérou, l'élection d'Alberto Fujimori à la présidence de la République (juin) aboutit à l'instauration d'une violente dictature néo-libérale.
La RSS turkmène à cette date est un État membre de l'URSS. Le multipartisme a été adopté en principe, mais aucun parti d'opposition n'a encore émergé ; le Parti communiste demeure le seul parti reconnu.
Le Parti communiste conserve la très grande majorité des sièges, les autres revenant à des élus sans étiquette. Au mois d'août, le Soviet suprême du Turkménistan proclame la souveraineté du pays, sans toutefois rompre formellement avec l'URSS. En octobre, le pays organise sa première élection présidentielle.
Les Palaos à cette date sont un territoire sous tutelle des États-Unis d'Amérique. Le gouvernement américain accepte d'accorder l'indépendance, à condition que le pays demeure lié aux États-Unis par un traité de libre association. C'est cette proposition qui est soumise aux électeurs.
La proposition est approuvée par 60,8 % des votants. Néanmoins, le taux de participation étant inférieur à 75 %, la mesure n'est pas adoptée.
Élections entamées le , mais abandonnées en raison d'accusations de fraude, et reportées au mois de mars. Premières élections multipartites depuis l'indépendance du pays.
Le Togo à cette date est un État à parti unique. les électeurs ont le choix entre plusieurs candidats par circonscription, mais ils sont tous proposés par le même parti.
Le Parti communiste conserve la majorité absolue des sièges, malgré d'importantes victoires de candidats d'opposition. Boris Eltsine, député élu sous l'étiquette communiste, est élu président du Congrès, et donc chef d'État de facto de la Russie.
2d tour. (Un troisième tour est organisé du 7 au dans quelques circonscriptions où le taux de participation avait été trop faible.) Premières élections multipartites depuis 1926. Le mouvement Sąjūdis (mouvement indépendantiste et réformateur, composé à la fois de non-communistes et de communistes favorables à la politique de glasnost et de perestroika de Mikhaïl Gorbatchev) ne participe pas à l'élection en tant que tel, mais soutient de nombreux candidats sans étiquette, ainsi que des candidats de la branche indépendantiste du Parti communiste.
Les candidats soutenus par le mouvement Sąjūdis remportent la majorité absolue des sièges au Soviet suprême. L'assemblée élit Vytautas Landsbergis (conservateur) à la tête du pays, et déclare son indépendance le .
Premières élections où les partis soient en concurrence, plutôt qu'appartenant à une liste commune. Pour la première fois, les citoyens peuvent donc choisir entre différents partis politiques.
Le Front populaire (indépendantiste, libéral) remporte la majorité absolue des sièges au Soviet suprême, devant le Parti communiste. Bien que l'assemblée réélise le communiste Anatolijs Gorbunovs à le tête du pays, elle vote l'indépendance le , et l'interdiction du Parti communiste l'année suivante.
2d tour. Le Parti communiste demeure le seul parti officiellement reconnu, mais pour la première fois, les candidats d'opposition sont autorisés à se présenter (sans étiquette).
Le Front populaire (nationaliste, réformateur) s'allie avec des communistes réformateurs au Soviet suprême pour avoir une majorité. L'assemblée ainsi élue déclare l'indépendance de la Moldavie en .
Le Parti des communistes conserve environ 90 % des sièges. Néanmoins, plusieurs élus, dont certains membres du parti, sont affiliés au mouvement d'opposition démocratique.
La vie politique de cette démocratie parlementaire n'est pas axée sur les partis politiques.
Les citoyens élisent principalement des candidats favorables au gouvernement. Le premier ministre Robert Rex conserve la confiance de la nouvelle assemblée.
Les candidats sont tous choisis par le Front démocratique pour la réunification de la patrie. Il y a un seul candidat par circonscription ; les électeurs sont invités à voter pour ou contre le candidat sélectionné.
Le Parti du travail (juche, stalinisme) et ses alliés conservent la totalité des sièges. Les autorités annoncent que 100 % des électeurs ont approuvé les candidats proposés. Yon Hyong-muk demeure premier ministre.
Le Parti de l'unité nationale (droite nationaliste), au pouvoir, qui disposait d'une majorité relative des sièges au Parlement, obtient cette fois une majorité absolue. Son candidat Rauf Denktaş est réélu président de la République avec 66,7 % des voix.
Les Tonga à cette date ne sont pas dotés d'un système de gouvernement responsable. Le gouvernement est nommé par le roi sans consulter le Parlement. Seuls une minorité des membres du Parlement sont élus par les citoyens.
Les candidats favorables à la démocratie remportent la plupart des sièges alloués aux élus du peuple, mais sont mis en minorité par les représentants de la noblesse et les membres nommés par le roi.
État membre de l'URSS, l'Arménie autorise des candidats d'opposition sans étiquette.
Le Parti communiste conserve de peu une majorité absolue des sièges. La plupart des élus officiellement sans étiquette sont membres du Mouvement national pan-arménien (libéral, nationaliste, anti-communiste). De nombreux sièges ne sont pas pourvus, en raison d'un faible taux de participation. Le , le pays devient la « République d'Arménie », sans toutefois rompre formellement avec l'Union soviétique. Vazgen Manoukian devient alors premier ministre.
Le Front de salut national (gauche) remporte une large majorité des sièges au Parlement. Son candidat Ion Iliescu est élu président de la République avec 85,1 % des voix.
Le pays est en proie aux violences terroristes orchestrées par les cartels de la drogue, qui assassinent des dirigeants politiques. Le référendum, organisé à la demande notamment de mouvements étudiants pour la paix et la démocratie, demande aux citoyens de se prononcer pour ou contre l'élection ultérieure d'une assemblée constituante. Durant la campagne pour l'élection présidentielle, les candidats de trois des principaux partis sont assassinés.
César Gaviria (Parti libéral, centre-gauche) est élu président avec 48,2 % des voix. Il est le survivant d'une tentative d'assassinat par les cartels de la drogue. Il succède à Virgilio Barco Vargas (même parti). Quant au référendum, la proposition est approuvée par 95,8 % des votants. L'élection d'une assemblée constituante a donc lieu en décembre.
La tenue des élections répond aux protestations et manifestations populaires. Seuls la moitié des membres du Conseil national (corps législatif) sont élus, les autres étant nommés. Il n'y a pas de partis politiques. L'opposition appelle au boycott.
En l'absence des partis politiques, tous les élus le sont sans étiquette. Deux mois plus tard, le Koweït est envahi par l'Irak.
2d tour. Le candidat de l'Alliance populaire révolutionnaire américaine (gauche, parti au pouvoir) ayant été battu au premier tour, le résultat constitue nécessairement une alternance.
Alberto Fujimori (parti Cambio 90, droite néolibérale) est élu avec 62,4 % des voix, devant l'écrivain Mario Vargas Llosa (Front démocratique, centre-droit, libéral). En 1992, le président Fujimori dissout le Congrès, abroge la Constitution et instaure une dictature néo-libérale, marquée par la corruption, les violations des droits de l'homme et les massacres à l'encontre de groupes rebelles.
Ces élections résultent de larges manifestations contre le gouvernement, qualifiées de révolution démocratique. Les autorités acceptent d'organiser les premières élections multipartites depuis la fondation de la République populaire mongole en 1924.
Premières élections depuis 1969. Le Tchad à cette date est un État à parti unique. Néanmoins, en application de la nouvelle Constitution adoptée en 1989, les électeurs ont le choix entre plusieurs candidats, tous officiellement sans étiquette.
Dans le cadre de la mise en place d'institutions démocratiques, le référendum propose l'élection du président de la République au suffrage universel, plutôt que par le Parlement.
La proposition est approuvée par 85,9 % des votants. Mais en raison du très faible taux de participation (14 %), la proposition n'est pas adoptée.
Les électeurs sont invités à approuver une nouvelle Constitution qui introduit une démocratie multipartite, et qui limite la présidence de la République à deux mandats.
2d tour. Élections organisées dans le cadre de la politique de glasnost de l'Union soviétique. Premières élections libres : les candidats d'opposition sont autorisés à participer.
Le Parti communiste conserve la majorité absolue des sièges ; le Front populaire (opposition, libéral-conservateur) remporte quarante-cinq sièges sur 360. Le mois suivant, néanmoins, le Soviet suprême d'Azerbaïdjan, issu de ces élections, déclare que l'Azerbaïdjan n'est plus une « république socialiste soviétique ». L'indépendance du pays est formellement proclamée en .
Face aux politiques économiques néo-libérales mises en place par le gouvernement travailliste (autrefois de gauche), le Parti national, historiquement de centre-droit, se pose en défenseur du tissu social et de la justice sociale. Le référendum qui a lieu le même jour propose d'allonger le mandat du Parlement à quatre ans, au lieu de trois.
Alternance. Le Parti national remporte la majorité absolue des sièges. Le Parti travailliste perd la moitié de ses sièges et connaît sa pire défaite depuis plus d'un demi-siècle. Jim Bolger devient premier ministre. La proposition soumise au référendum est rejetée par 69,3 % des votants.
Première élection présidentielle. Le chef de l'État jusque lors était le premier secrétaire du Parti communiste. L'élection prend la forme d'un plébiscite, le premier secrétaire sortant étant le seul candidat.
Premières élections multipartites. Premier tour initial le . À la suite de manifestations accusant les autorités de fraude, ce premier tour est annulé, et organisé à nouveau le , avec un second tour le .
Le Parti démocrate (conservateur), ancien parti unique, conserve de peu la majorité absolue des sièges au Parlement.
La Tanzanie à cette date est un État à parti unique. Pour les élections législatives, les citoyens ont le choix dans chaque circonscription entre deux candidats du même parti. Pour l'élection présidentielle, ils doivent voter pour ou contre le candidat unique. Dernières élections de cette sorte avant l'introduction du multipartisme en 1992.
Deux questions sont posées aux citoyens : Faut-il établir le suffrage universel, plutôt que de permettre uniquement aux matai (chefs de famille traditionnels) de voter lors des élections ? Et faut-il créer une chambre haute au parlement ? Le référendum s'effectue lui-même au suffrage universel.
La première proposition est approuvée à 52,6 % ; la seconde, rejetée par 60,7 % des votants.
Premières élections multipartites. La RS de Bosnie-Herzégovine à cette date est l'une des républiques fédérées de la Yougoslavie. La présidence de la république est exercée par un conseil de sept membres représentant les différentes communautés ethniques et religieuses. Les élections dans certaines parties du pays sont frauduleuses, avec beaucoup plus de suffrages exprimés que d'électeurs inscrits.
Élection d'une assemblée constituante, à la suite du référendum du mois de mai. L'élection s'effectue au scrutin proportionnel national, permettant à tous les partis d'être représentés à l'assemblée. Le pays à cette date est en proie aux violences terroristes orchestrées par les cartels de la drogue, qui assassinent des dirigeants politiques.
1er tour. Premières élections démocratiques depuis l'indépendance du pays en 1804.
Jean-Bertrand Aristide (FNCD) est élu président de la République dès le premier tour, avec 67,5 % des voix. Le second tour des élections législatives a lieu le .
Le Parti socialiste de Serbie (nationaliste) obtient la majorité absolue des sièges au Parlement. Son candidat Slobodan Milošević est élu président de la République avec 65,3 % des voix.
(fr + en) « Parline » (Données mondiales sur les parlements nationaux — suivant les pays — depuis 1968), sur le site de l'Union interparlementaire (consulté le ).