Début des années 1920, un détachement de dix cavaliers démobilisés de l'Armée rouge, le commandant du poste-frontière, son épouse et un vieux géologue progressent péniblement dans un désert à la recherche d'un point d'eau. Ils doivent affronter une tempête de sable. Lorsqu'ils trouvent enfin un puits rempli d'un mince filet d'eau et contenant deux mitrailleuses démontées, ils sont alors assaillis par des guerriers basmatchis assoiffés. Un combat inégal s'engage au cours duquel, hormis un survivant, Les Treize seront décimés. Des soldats soviétiques, arrivés en renfort, saluent les morts devant leurs tombes de sable.
Le seul rôle féminin du film est interprété par Elena Kouzmina, qui, peu après la fin du tournage devint l'épouse de Michael Romm.
Une contradiction existe entre de titre du film et l'intrigue. Alors que le générique indique le nombre de dix soldats, en réalité seuls neuf sont visibles, le dixième, qui devait être interprété par Nikolaï Krioutchkov et aurait été un des rôles principaux du film, a été supprimé par Michael Romm en cours du tournage, celui-ci ne supportant pas l’alcoolisme de Krioutchkov.
Pour son deuxième film, Mikhail Romm reprit un scénario de Dudley Nichols, celui de La Patrouille perdue (1934) de John Ford, à seule fin d'honorer une commande destinée à célébrer le 20e anniversaire de la révolution d'Octobre. « L'important, lui avait-on dit, c'est qu'il y ait un désert (nous en avons d'excellents), des gardes-frontières, des pillards contre-révolutionnaires, et que presque tous périssent. »[1]
Mais, si le film de John Ford décrit l'implosion d'un groupe et sa peur panique face à un péril latent et inassimilable, celui de Romm, au contraire, fournit un exemple remarquable (qu'il nomme « unanimisme ») d'épopée à caractère héroïque. Ici, le groupe « organisme cohérent et complet, obstinément tendu vers un but unique, (...) demeure animé par une sorte d'immortalité, par une puissance surhumaine et immatérielle que le rôle du poète épique sera précisément de faire jaillir et chanter. »[2]
Références
↑Luda et Jean Schnitzer, Histoire du cinéma soviétique 1919-1940, Pygmalion, 1979