Le Glorieux (Q168)

Le Glorieux
illustration de Le Glorieux (Q168)
Ravitaillement en vivres et carburant du Glorieux par le Quercy, le 20 juin 1942.

Type Sous-marin
Histoire
A servi dans  Marine nationale
Chantier naval Arsenal de Cherbourg
Quille posée 10 février 1930
Lancement 29 novembre 1932
Armé
Statut désarmé le 27 octobre 1952
Équipage
Équipage 5 officiers
14 officiers mariniers
45 marins
Caractéristiques techniques
Longueur 92,30 m
Maître-bau 8,10 m
Tirant d'eau 4,40 m
Déplacement 1 572 tonnes en surface
2 082 tonnes en plongée
Propulsion 2 moteurs diesel
2 moteurs électriques
Puissance Diesel : 2 x 3 000 ch
Électrique : 2 x 1 200 ch
Vitesse Surface : 17,5 nœuds
Plongée : 10 nœuds
Profondeur 80 m
Caractéristiques militaires
Armement 9 tubes lance-torpilles de 550 mm
2 tubes lance-torpilles de 400 mm
1 canon de 100 mm
1 mitrailleuse-double de 13,2 mm/76
Rayon d'action 14 000 milles à 7 nœuds (surface)
100 milles à 7 nœuds (immersion)
Carrière
Port d'attache Cherbourg
Indicatif Q168

Le Glorieux est un sous-marin français de la classe 1 500 tonnes. Lancé en 1932, il appartient à la série M6. Il est l'un des cinq sous-marins de cette classe, sur trente-et-un, à survivre à la Seconde Guerre mondiale[1].

Histoire

Développement

Le Glorieux fait partie d'une série assez homogène de 31 sous-marins océaniques de grande patrouille, aussi dénommés 1 500 tonnes en raison de leur déplacement. Tous sont entrés en service entre 1931 (Redoutable) et 1939 (Sidi-Ferruch).

Longs de 92,30 mètres et larges de 8,10, ils ont un tirant d'eau de 4,40 mètres. Leur immersion maximale de sécurité est de 80 mètres. Ils déplacent en surface 1 572 tonnes et en plongée 2 082 tonnes. Propulsés en surface par deux moteurs Diesel d'une puissance totale de 6 000 chevaux, leur vitesse maximum est de 18,6 nœuds. En plongée, la propulsion électrique de 2 250 chevaux leur permet d'atteindre 10 nœuds. Appelés aussi « sous-marins de grandes croisières », leur rayon d'action en surface est de 10 000 nautiques à 10 nœuds et en plongée de 100 nautiques à 5 nœuds.

Mis en chantier le avec le numéro de coque Q168, Le Glorieux est lancé le et mis en service le . Avec le Sfax et le Casabianca, ils sont les seuls 1 500 tonnes à disposer d'un radiogoniomètre[2].

Seconde Guerre mondiale

Il est affecté, au début de la Seconde Guerre mondiale, à la 1re division de sous-marins, basée à Toulon, qu'il forme avec Le Héros, Le Conquérant et Le Tonnant[3]. Du au , il patrouille avec le Redoutable le long des côtes de Madère, où s'est réfugiée une partie de la flotte de commerce allemande, suspectée de servir de ravitailleurs aux U-Boote allemands[4]. Le , la division est affectée à la base de Dakar. Le 17, il est chargé, avec Le Tonnant, d'escorter vers Freetown un cargo britannique en avaries mais les deux sous-marins ne parviennent pas à le localiser en raison de mauvais renseignements et rentrent à Dakar[5]. Au mois d'avril, la division est transférée à Bizerte malgré le maintien du Glorieux et du Héros à Dakar.

Après l'attaque de Mers el-Kébir par les Britanniques le , Le Héros et Le Glorieux se postent aux approches de Dakar, devant l'avancée d'une flotte britannique. Les deux sous-marins tentent d'attaquer mais ne peuvent s'approcher suffisamment, tandis que les Britanniques lèvent le blocus après l'attaque du Richelieu par des Fairey Swordfish[6]. Les deux sous-marins sont ensuite placés en gardiennage à Toulon, qu'ils quittent en pour rallier Dakar. Au cours des opérations de réarmement, Le Glorieux heurte le cuirassé Condorcet. Les avaries sur sa poupe nécessitent dix jours de travaux[7].

En , un convoi de quatre cargos français en route vers Dakar est arraisonné par les Britanniques. En représailles, les Français envoient Le Glorieux et Le Héros attaquer le commerce britannique sur la côte sud-africaine. Le , Le Glorieux attaque sans succès un cargo devant Port Elizabeth. Deux jours plus tard, Le Héros coule le cargo Thode Fagelund (5 750 tonneaux) au large d'East London[8]. Il se rend ensuite à Diego-Suarez, à Madagascar. À la fin décembre, il escorte un aviso parti ravitailler Djibouti, dont les Alliés font le blocus. Il effectue plusieurs patrouilles avec le Vengeur en janvier 1942 depuis Djibouti[9]. Il rentre à Diego-Suarez en mars puis est placé en réparations à Nossi-Bé puis à Majunga[10]. Craignant une attaque japonaise sur Madagascar, qui compromettrait la sécurité et le ravitaillement de l'Inde, les Britanniques mènent une action sur Diego-Suarez, à partir du [11]. Le Glorieux appareille immédiatement pour le cap d'Ambre et s'approche, sans pouvoir l'attaquer, du porte-avions HMS Indomitable. Le , après le naufrage des trois 1 500 tonnes Bévéziers, Le Héros et Monge, il évacue vers Androka, au sud de Madagascar, puis regagne Toulon, où il arrive le [12].

Placé en gardiennage[13], il est autorisé le par les Allemands, avec Casabianca, Redoutable, Pascal et Henri Poincaré, à se réarmer à la suite du débarquement allié en Afrique du Nord. Dans la nuit du , les Allemands font irruption à Toulon. Seuls Le Glorieux et le Casabianca avaient déjà embarqué leurs nouvelles batteries et leurs vivres, ainsi que le plein de carburant. Dès les premiers coups de feu, les commandants des Glorieux et Casabianca larguent les amarres et dirigent leurs navires vers la sortie du port sur les moteurs électriques, accompagnés par les sous-marins de 600 tonnes Vénus et Iris de la classe Minerve et du Marsouin (classe Requin), sous les tirs allemands[14]. Le Glorieux se présente devant Barcelone puis Valence, où il reste quelques heures. Le commandant Meynier, étant sèchement reçu par les autorités espagnoles qui ont saisi l'Iris à Barcelone, appareille pour OranLe Glorieux arrive le [15].

Au service des Alliés, Le Glorieux est successivement basé à Alger, Oran puis Casablanca. En , il est envoyé dans une école d'écoute sous-marine aux Bermudes[16]. Il est ensuite entièrement refondu au Philadelphia Navy Yard. Les travaux sont compliqués par l'absence de plan détaillé du navire et de ses pièces. De plus, l'absence de standardisation entre les navires — par exemple, sur les quatre 1 500 tonnes, deux sont équipés de moteurs Sulzer et deux de moteurs Schneider — irrite les ingénieurs américains[17]. Ils sont cependant impressionnés par la modernité de ces navires dont la conception a pourtant près de vingt ans[18]. Les moteurs sont intégralement révisés, les batteries changées, la coque épaisse et les barres de plongée renforcées. Certains ballasts sont transformés en soutes à combustible, pour augmenter l'autonomie des navires. De gros efforts sont faits sur une meilleure insonorisation des sous-marins[19]. Ils se voient également équipés de radars, de systèmes d'écoute plus performants et d'un ASDIC, d'un nouveau loch et d'un bathythermographe[20]. Les conditions de vie sont améliorées avec l'installation de l'air conditionné et d'un réfrigérateur. Le kiosque est modifié, avec la suppression d'une partie importante de l'abri de navigation, remplacé un par nouvel affût anti-aérien Oerlikon.

Le Glorieux rentre en Afrique du Nord à la fin de mai 1944 mais le débarquement de Provence met un terme aux opérations navales en Méditerranée. Il est à nouveau employé dans des écoles d'écoute sous-marine en attendant son départ prévu pour l'Extrême-Orient avec l'Archimède à la fin du mois de novembre[21]. Retardé, ce départ n'aura finalement pas lieu en raison de la capitulation japonaise le .

Après-guerre

Le , Le Glorieux est décoré de la médaille de la Résistance[22].

En , l'Archimède et Le Glorieux entrent en grand carénage à Cherbourg (Cherbourg-en-Cotentin depuis le ) pour une durée de dix mois. Comme à Philadelphie, les équipements des navires sont entièrement vérifiés, réparés ou remplacés[23]. Après leurs essais, ils sont basés en à Brest puis effectuent une croisière de quatre mois en Afrique en compagnie du U-2158, U-Boot type XXI versé à la Marine nationale, afin d'en évaluer les capacités[24]. De 1947 à 1949, les deux 1 500 tonnes procèdent à de très nombreux entraînements à Brest puis à Toulon. L'Archimède est placé en réserve spéciale le puis désarmé le [25].

Le Glorieux est utilisé en 1949 pour le tournage du film Casabianca dans lequel il joue le rôle de ce dernier, puis il est mis en réserve spéciale B le [26]. Le dernier 1 500 tonnes est désarmé le .

Notes et références

  1. Il s'agit d’Argo, Archimède, Casabianca, Le Centaure et Le Glorieux.
  2. Huan 2004, p. 44
  3. Huan 2004, p. 49
  4. Picard 2006, p. 35
  5. Huan 2004, p. 64
  6. Huan 2004, p. 89
  7. Huan 2004, p. 117
  8. Huan 2004, p. 119
  9. Huan 2004, p. 128
  10. Huan 2004, p. 129
  11. Huan 2004, p. 129-130
  12. Huan 2004, p. 131
  13. Huan 2004, p. 123
  14. Picard 2006, p. 76
  15. Picard 2006, p. 77-79
  16. Huan 2004, p. 163
  17. Picard 2006, p. 85
  18. Aboulker 2010, p. 54-55
  19. Aboulker 2010, p. 53
  20. Aboulker 2010, p. 55-56
  21. Huan 2004, p. 168
  22. Huan 2004, p. 236
  23. Aboulker 2010, p. 84-85
  24. Aboulker 2010, p. 87-91
  25. Aboulker 2010, p. 93
  26. Claude Huan et Jean Moulin, Les sous-marins français 1945-2000, Rennes, Marines éditions, , 119 p. (ISBN 978-2-35743-041-9 et 2-35743-041-9, EAN 978-2-35743-041-9), p. 38.

Bibliographie

Liens externes