Léon TrulinLéon Trulin
Léon Trulin, né en 1897 à Ath en Belgique et mort le à Lille en France, est un agent de renseignement belge, fusillé, à 18 ans, par les autorités militaires allemandes pour espionnage, durant la Première Guerre mondiale. BiographieLéon Trulin est né à Ath, en Belgique le . Il était l’avant-dernier d’une famille qui comptait huit enfants. Son père était plombier-zingueur, sa mère ouvrière en fourrure. À la mort de son père, âgé de 43 ans, la famille quitta sa ville natale pour s'installer à La Madeleine, puis Lille. Élevé dans le catholicisme, Léon fréquenta cependant les écoles laïques (Victor Hugo à La Madeleine et Monge à Lille). En , pour aider sa famille à surmonter sa misère, il est engagé comme apprenti dans une usine de pelleterie et de fourrures. Il est blessé dans un accident de travail. Durant sa longue convalescence (8 mois), il lit énormément et acquiert une culture rare pour un ouvrier de l'époque. À sa guérison, il trouve du travail dans une usine de métallisation. Le soir, il suit des cours de dactylographie et s'inscrit à l'école des Beaux-Arts. Il devient employé. Le , la guerre éclate. En , Léon Trulin gagne l'Angleterre pour s'engager dans l'armée belge qui refuse ses services en raison de son aspect maladif. Il accepte alors des missions de renseignements et se rend plusieurs fois dans le Nord de la France. Avec son ami Raymond Derain, il crée le système "Noël Lurtin" (anagramme de son nom) ou Léon 143. D'Ath à Bruxelles, d'Anvers à la frontière néerlandaise, ils glanent de précieux renseignements. Dans la nuit du 3 au , Raymond et Léon, venant d'Anvers, se dirigent vers Putte-Kapellen, sur la frontière belgo-néerlandaise. En traversant des fils barbelés et électrifiés, ils sont arrêtés par une patrouille allemande. Ils sont conduits à la prison des Béguines à Anvers. Léon occupe la cellule 176, du 4 au . Le au soir, il est transféré à la citadelle de Lille. Il y retrouve ses compagnons de résistance. Le , au terme d'une audience sommaire, dans la salle du Tribunal militaire allemand, installé dans les bureaux du journal La Dépêche, rue Nationale, le verdict est rendu : Léon Trulin, Marcel Gotti et Raymond Derain sont condamnés à mort. Lucien Dewalf, Marcel Lemaire et André Hermann écopent de quinze ans de prison et cinq ans de perte des droits civiques. Marcel Denèque est acquitté. La sentence est soumise, deux jours plus tard, au maître tout puissant de la ville de Lille, le général-gouverneur de Lille von Heinrich, qui entérine la mise à mort de Léon Trulin (18 ans), sans qu'aucun recours en grâce ne puisse être effectué, commue les peines de mort de Raymond Derain (18 ans) et de Marcel Gotti (15 ans) en travaux forcés à perpétuité, maintient les 15 ans de réclusion de Lucien Deswaf (18 ans), de Marcel Lemaire (17 ans) et d'André Hermann (17 ans), en leur ôtant, toutefois, la perte du droit civique, et l'acquittement de Marcel Denèque (17 ans). Quand on lui a signifié le jugement, Léon Trulin a dit simplement: « J'ai fait ça pour ma patrie ». Puis, il a écrit sur son petit carnet : « Le , à 4 h 10, heure française, reçu arrêt de mort vers 3 h 1/4 ». Et au-dessous ces lignes : « Je meurs pour la patrie et sans regret. Simplement je suis fort triste pour ma chère mère et mes frères et sœurs qui subissent le sort sans en être coupables ». Le , dans les fossés de la Citadelle, le jeune Trulin, que le bâtonnier lillois Philippe Kah appela L'adolescent chargé de gloire dans le livre qu'il lui consacra, est fusillé de douze balles. Dernière lettre de Léon Trulin le 7 novembre 1915 (à sa mère)
« Le 7 novembre 1915 Ma bien Chère Mère, Je suis désolé de tout ce que j'ai fait depuis le 30 juin, jour du départ. J'ai bien souffert pendant le mois de juillet, souvent sans feu, ni lieu, puis au mois de septembre la vie a changé. J'ai été un peu plus heureux, je me suis distrait pendant 1 mois (en Hollande, en Angleterre) puis de retour en Belgique, puis crac voilà le malheur. Je me fais prendre par malchance à ½ minute du territoire hollandais. Je vous en supplie ne désespérez pas et vivez pour René qui serait orphelin (malheureux) vivez aussi pour mes frères et sœurs et montrez l'exemple de la résignation et marchez la tête haute votre fils s'est dévoué pour sa patrie (Vive la petite Belgique). Je vous embrasse bien fort et courage mère. Nous nous reverrons un jour, embrassez mes frères et sœurs pour moi et dites-leur que votre fils a su mourir en brave. Maintenant je vais me coucher, il est déjà tard pour être près, frais et dispos demain jour de l'exécution. Je pardonne à tout le monde, amis et ennemis, je fais grâce parce que l'on ne me la fait pas. Vous trouverez un carnet où je marque mes volontés. Je vous demande de pardonner D... ce qu'il a fait, je lui ai pardonné, c'est la parole d'un condamné qui vous la réclame. Votre fils qui vous fait tant souffrir et qu'il en est peiné. Léon Trulin
Le 7 novembre 1915 Dernier jour avant ma mort. Excusez-moi si je n'écris pas très bien, je suis mal installé sur une table de jardin. Courage chère Mère, courage mes frères et sœurs et vivez tous en paix et sans haine. Je meurs en bon chrétien. Léon Trulin[1] »Mémoire
Quatre monuments dont trois statues perpétuent sa mémoire à Lille[2] :
Notes et références
AnnexesLiens externes
Bibliographie: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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