L'Annonciation de CortoneL'Annonciation de Cortone
L'Annonciation de Cortone est une œuvre de Fra Angelico, conservée au Musée diocésain de Cortone. HistoireL'Annonciation de Cortone a été peinte par Fra Angelico en 1433-1434, et réalisée à tempera sur panneau de 175 cm × 180 cm. Il s'agit de l'une des trois Annonciations de Fra Angelico sur bois : les deux autres sont celle du musée du Prado à Madrid et celle de San Giovanni Valdarno. Deux autres, mais peintes à fresque, figurent au couvent San Marco de Florence, une en haut de l'escalier d'accès et une autre dans la troisième cellule. Il existe également des scènes du thème combinée à une Adoration des mages au musée San Marco, et sur un diptyque à la Galerie nationale de l'Ombrie de Pérouse. Destinée aux fidèles et non seulement aux dominicains du couvent florentin de San Marco, l'image fait appel à tous les prestiges et à la symbolique des couleurs et de l'or-lumièree divine[1]. ThèmeScène typique de l'iconographie chrétienne, L'Annonciation faite à Marie par l'archange Gabriel est décrite dans les Évangiles et d'une façon très détaillée dans La Légende dorée de Jacques de Voragine[2], l'ouvrage de référence des peintres de la Renaissance, qui permet de la représenter dans toute sa symbolique (jardin clos, colonne, présence du Saint-Esprit, évocation d'Adam et Ève chassés du Paradis). Description et interprétationL'Annonciation est le panneau principal du polyptyque. Le panneau principalLa scène de gauche, évoquant le péché originel, est conforme aux principes de l'iconographie de la peinture chrétienne : le couple d'Adam et Ève chassés du Paradis est situé hors du jardin clos de Marie (vierge comme elle), placé loin sur une colline, au-delà d'une clôture. Contrairement aux autres Annonciations de Fra Angelico, le point de fuite de la perspective mono focale centrée est situé dans la gauche du tableau : la perspective mène ainsi le regard vers une zone où, dans la « profondeur », sont représentés Adam et Ève chassés du paradis[3]. Toutefois cette construction est troublée de plusieurs manières[4] :
L'ange et Marie s'échangent des paroles qui figurent souvent dans les représentations de l'Annonciation :
La relation logique entre l'Annonciation, début du rachat, et la Chute, conséquence du péché, est courante, mais cette œuvre est innovante par la manière dont cette relation logique s'organise visuellement : du premier plan vers l'arrière-plan, c'est la remontée vers la cause, mais le mouvement d'Adam et d'Ève, de la gauche vers la droite, mène de la cause à la conséquence : dans ce va-et-vient, s'inscrit l'infini de la bonté de Dieu ; par la proportion logique des tailles, par l'idée d'un arrière-plan, et d'un premier plan intimement liés dans la succession d'un parcours, la perspective permet de visualiser la succession des évènements[3]. Pour Daniel Arasse, Adam et Ève « viennent vers » l'espace de l'Annonciation, une cohérence narrative et signifiante se crée, renforcée par la perspective dont l'emploi est tout entier soumis à la mise en évidence du sens : le point de fuite, sur le rebord gauche, est situé à l'exacte limite de la végétation, isolant la fertilité chrétienne, sous la « ligne d'horizon », de la stérilité antérieure ; les trois arcatures mènent sans cesse, selon un mouvement de va-et-vient, de la Chute à la Rédemption. Le rebord supérieur du trône d'or de la Vierge échappe à la cohérence linéaire de l'ensemble : l'or rappelle Dieu, tout comme la réponse de Marie qui, écrite à l'envers et de droite à gauche, ne peut être lue que « du point de vue de Dieu », figuré dans le rondo sculpté[1]. La prédelleÀ la base des piliers de gauche et de droite, sont représentées d'une part la Naissance de la Vierge ou, selon d'autres interprétations, de saint Dominique, d'autre part une apparition de la Vierge indiquant à saint Dominique l'habit que son ordre devra porter. La prédelle comprend des représentations de scènes de la Vie de la Vierge identiques à l'Annonciation de San Giovanni Valdarno : Ils sont attribués également à Zanobi Strozzi, un assistant de Fra Angelico.
PostéritéL'œuvree fait partie du musée imaginaire de l'historien français Paul Veyne, qui le décrit dans son ouvrage justement intitulé Mon musée imaginaire[6]. Articles connexes
Bibliographie
Notes et références
Liens externes
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