Jules Ausset naît « dans un milieu plutôt aisé »[3], rue Impériale (aujourd'hui rue Léon-Gambetta) à Montivilliers, de l'union de Jean Ausset, receveur de l'Enregistrement et des Domaines, et de Florine Gosselin, sans profession[1].
Élève de Charles Lhuillier à l'École des beaux-arts du Havre où il a pour condisciples Georges Binet, Albert Roussat, Othon Friesz, Raoul Dufy, Gaston Prunier et Henri de Saint-Delis[4], il contribuera à éclairer la rigoureuse méthode pédagogique de cet admirateur de Camille Corot (ouverture de l'atelier dès six heures du matin, dessin au crayon d'après l'antique, étude des œuvres du musée…) en évoquant largement ses propres souvenirs[5] : « de ma carrière d'élève, il me reste deux dates, 1894 et 1895, sur les deux derniers dessins de nus qui me firent obtenir le prix hors concours du Gouvernement. C'était un chauffeur de transatlantique qui posait, l'école était municipale et dépendait de la commission des beaux-arts du conseil municipal, encore très bourgeois à cette époque, et qui devait défendre la morale publique contre les rêveries dangereuses qu'aurait pu présenter l'emploi du nu féminin »[6].
Il est, dans la jeunesse d'Henri et René de Saint-Delis, proche de ceux-ci, fréquentant, à l'instar de Raoul Dufy, Othon Friesz, Gaston Prunier, Christian Adam et Jean Hervieux, l'atelier où les deux frères travaillent encore ensemble, en l'Hôtel Suisse du Havre, d'où il peut « profiter de la vue magnifique qui s'y offre sur le Bassin du Roi - le berceau du Havre - et sur l'avant-port »[7].
Jules Ausset qui, parallèlement à la peinture, est adepte de la spéculation boursière (il présente ainsi, en 1898 au concours de la Société havraise d'études diverses, un essai manuscrit intitulé La spéculation à terme, son rôle et son influence sur le commerce en général qui lui vaut une récompense de 160 francs[8]), épouse Marthe Bravais au Havre le [1]. Vivant alors au 19, rue Casimir-Périer au Havre, il est membre et trésorier du Cercle de l'art moderne, une société d'amis des arts qui, parrainée par Guillaume Apollinaire, Claude Debussy et Frantz Jourdain et regroupant des artistes (on y trouve notamment avec lui Othon Friesz, Raoul Dufy et Georges Braque) et des collectionneurs, est active au Havre de 1906 à 1910[9],[3].
Charles Lhuillier et l'école municipale des beaux-arts du Havre, Musée d'art moderne André-Malraux, Le Havre, - [17].
Réception critique
« Il y a là des paysages, des natures mortes, un portrait, des aquarelles et des toiles qui montrent sous un jour simple et séduisant le talent de l'artiste, sa souplesse en même temps qu'une évolution heureuse. Non point que le peintre ait complètement rompu avec les anciens principes et s'en soit séparé, en brandissant la palette violente et les pinceaux de la révolte. Il est même à remarquer que l'ensemble de son œuvre actuelle est beaucoup moins révolutionnaire que celle qu'il présenta naguère, à l'heure où s'affranchissaient brusquement les écoles en fièvre d'impressionnisme intensif et délirant. Mais il est à noter que, tout en conservant le culte du dessin et de la ligne précise, en restant fidèle à certains principes traditionnels, il accuse une recherche active des effets neufs ; et loin d'éviter la difficulté, il s'y attaque avec une belle franchise qui rend son effort digne d'attention et de sympathie… Soulignons surtout l'intérêt de l'ensemble et, chez la plupart des études, une vibrante luminosté. »
↑ Philippe Barrey, Notice sur la Société havraise d'études diverses suivie du catalogue méthodique de ses publications, Imprimerie H. Migaux, Le Havre, 1903, p. 36.
Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999.
Pierre Sanchez (préfaces de Josiane Sartre et Chantal Beauvalot), Dictionnaire du Salon des Tuileries (1923-1962) - Répertoire des exposants et liste des œuvres présentées, L'Échelle de Jacob, Dijon, 2007.
Géraldine Lefèbvre, Le Cercle de l'art moderne au Havre (1906-1910), Les Cahiers du Muma, Somogy éditions d'art / Musée d'art moderne André-Malraux, 2011.
Gérard Bonnin, Salons et expositions, Le Havre (1833-1926), tomes I et II, L'Échelle de Jacob, Dijon, 2013.
Gérard Bonnin, Henri et René de Saint-Delis, l'impérieux désir de peindre, éditions de Laval d'Aurelle, 2020 (ISBN9782957558704) : une étude y est consacrée à Jules Ausset.