Selon la légende, elle portait dans son pommeau de nombreuses reliques, entre autres celle de la Sainte Lance, celle qui aurait percé le flanc du Christ sur la croix, ce qui explique son nom.
« Nous avons fort à dire sur la lance
Dont Notre Seigneur fut blessé sur la Croix.
Charles, grâce à Dieu, en a la pointe.
Il l'a fait enchâsser dans un pommeau d'or. ;
En raison de cet honneur et de cette grâce,
Le nom de Joyeuse fut donné à l'épée.
Les barons français ne doivent pas l'oublier :
C'est de là que vient « Montjoie », leur cri de guerre
C'est pourquoi aucun peuple ne peut leur résister. »
En réalité, l'étymologie du cri « Montjoie » est discutée ; il n'est pas certain qu'il soit en rapport avec le nom de l'épée de Charlemagne[2].
Dans leur description de Charlemagne, les Grandes Chroniques de France, manuscrit du XVe siècle enluminé par Jean Fouquet, racontent que « d'un seul coup de son épée, Joyeuse, il fendait un chevalier en armes »[3].
La ville de Joyeuse dans l'Ardèche devrait son nom à l'épée de Charlemagne. Égarée sur un champ de bataille, celle-ci aurait été retrouvée par un des lieutenants de l'empereur qui, pour le remercier de sa fidélité, lui remit un fief rebaptisé Joyeuse et le droit d'en porter le nom.
L'épée du sacre des rois de France
L'épée utilisée lors du sacre des rois de France, probablement depuis Philippe Auguste en 1179, de manière documentée depuis Philippe III le Hardi en 1271, s'appelait aussi Joyeuse, et l'on prétendait qu'il s'agissait de la même. En fait, elle avait été fabriquée plus tardivement, à partir d'éléments d'époques diverses :
le pommeau date de la fin de l'époque carolingienne (Xe siècle) ;
les quillons en forme de dragons opposés composant la garde datent du XIIe siècle ;
la poignée date du XIIIe ou du XIVe siècle ;
la plaque du fourreau ornée de pierreries a été exécutée au XIIIe siècle.
Pour son sacre en 1804, Napoléon a fait recouvrir le fourreau d'un velours vert brodé de feuilles de laurier d'or, et remplacer les fleurs de lys par des pierreries. Pour son sacre en 1825, Charles X a demandé à Jacques-Eberhard Bapst-Ménière, joaillier de la Couronne, de retirer du fourreau les particularismes napoléoniens, revenant ainsi à un velours fleurdelysé, encore visible aujourd'hui[4],[5].
↑François Avril (commentaire), Marie-Thérèse Gousset (commentaire) et Bernard Guenée (commentaire), Les Grandes Chroniques de France : Reproduction intégrale en fac-similé des miniatures de Fouquet, manuscrit français 6465 de la Bibliothèque nationale de Paris, Paris, Philippe Lebaud, , 291 p. (ISBN2-86594-030-6).
↑Hervé Pinoteau, Le chaos français et ses signes : Étude sur la symbolique de l'État français depuis la Révolution de 1789, La Roche-Rigault, Presses Sainte-Radegonde, , 514 p. (ISBN2-908571-17-X), p. 513.
↑David Chanteranne, Le Sacre de Napoléon, Paris, Tallandier, coll. « Bibliothèque napoléonienne », , 344 p. (ISBN2-84734-123-4).