Né le , Joseph Melançon fait ses études au Collège Sainte-Marie de Montréal. Dès 1896, sous les pseudonymes de Léon Manc, Léon Man et Léon M., il avait publié onze poèmes dans Le Monde illustré. Il adopte ensuite un autre pseudonyme, orthographié Lucien Régnier ou Lucien Rénier pour finalement se fixer sous la forme Lucien Rainier[1].
Son poème Somnium[2], dédié à Arthur de Bussières, impressionne vivement son ami Nelligan. Il en fait lecture lors d'une séance de l'École littéraire de Montréal, le . À partir du , il publie dans la même revue sous son vrai nom. Il a tenu un journal qui renseigne sur la vie intellectuelle de l'époque. D'orientation classique, il note dans son journal : « Ce qui n'est pas clair n'est pas français »[3].
Il entre au Séminaire en 1897 et est ordonné prêtre en 1900. Il publie un recueil de poèmes en 1931. Il meurt en 1956.
Somnium
Quand vient la somnolence alourdir ma prunelle,
En moi je vois passer, songe mystérieux,
L'un après l'autre, en long cortège, mes dieux,
Spectres psalmodiant une plainte éternelle.
Ils viennent tous, couverts du linceul, et mes yeux
Regardent défiler leur suite solennelle
Qui glisse, libre de la parure charnelle,
Horriblement silencieuse, sous les cieux.
Et je suis devenu, tandis qu'ils sont passés,
Triste, songeant qu'un jour, ainsi qu'eux, trépassé,
J'aurais l'aspect sinistre et les vieux os livides.
Et je tremble d'avoir, au fond de mon esprit,
Vu le destin de l'homme en lettres d'ombre écrit
Dans l'effrayante horreur de leurs orbites vides[4].
Œuvres
Lucie Rainier, Avec ma vie : poèmes, Montréal, Éditions du Devoir, , 164 p.