Johann Ulrich SteiglederJohann Ulrich Steigleder
Johann Ulrich Steigleder né à Schwäbisch Hall (Saint-Empire) le et mort à Stuttgart le , est un compositeur et organiste du premier baroque allemand. Il est le membre le plus célèbre de la famille Steigleder, qui comprenait également son père, Adam Steigleder (1561–1633) et son grand-père, Utz Steigleder († 1581). Johann Ulrich Steigleder est le premier organiste du baroque d’Allemagne du sud[1], comparable aux maîtres du nord, Samuel Scheidt ou Scheindemann, dont la descendance a pris noms de Buxtehude et Bach. En revanche au Sud, la filiation n'a pas donné de grands maîtres[2]. BiographieFamilleJohann Ulrich Steigleder est issu d'une vieille famille d'organistes. Son grand père, Utz, était en poste dès 1534[3] à Wurtemberg successivement au service des ducs Ulrich, Christophe et Ludwig de Württemberg. Une seule œuvre de lui a survécu, Veni Sancte Spiritus à six voix[3]. Son père, Adam Steigleder, élève du Liégeois Simon Lohet, entre 1575 et 1578[3], avait reçu par le duc Ludwig, une bourse pour étudier à Rome de 1580 à 1583, mais on ne connaît pas ses professeurs[3]. Après son séjour en Italie, il s'installe à Schwäbisch Hall où il tient la tribune de l'église St. Michel. En 1592, Adam épouse Agnes à Stuttgart[2]. Dès 1595, il est organiste à la cathédrale d'Ulm. Il prend sa retraite en 1625 à Stuttgart. Il ne subsiste d'Adam que trois œuvres d'inspiration italienne, dont une, attribuée à Giovanni Gabrieli par une autre source[3]. VieJohann Ulrich reçoit sa formation de musique – clavier et composition – d'un seul maître[3], son père, ainsi que nous l'apprend la préface de son Tabulatura Ricercar : « en plus de l'étude de l'orgue, je fus également poussé par mon père à la composition pour orgue[4] ». En 1613, à tout juste 20 ans, il est organiste de la Stephanskirche à Lindau (Bavière), sur le lac de Constance. Un procès-verbal du Conseil de Lindau, nous apprend qu'il avait une jambe de bois[2], ce qui ne l’empêche pas d'exercer son activité. En 1617, il quitte Lindau pour Stuttgart, où il devient organiste de l'église de l'abbaye. Le , il épouse Chaterina, fille d'un greffier de Bebenhausen[2], près de Tübingen. Le couple aura deux filles, mais pas de fils[2]. En 1627 Steigleder est nommé organiste de la cour ducal de Wurtemberg dans la même ville, reprenant la suite de son père (en retraite)[2] et de son grand-père. À Stuttgart, il a peut-être été, entre autres, le maître du jeune Johann Jakob Froberger, né à Stuttgart en 1616. Après la bataille de bataille de Nördlingen en , Stuttgart devient possession autrichienne et l'orchestre est dissout et la collégiale transmise aux Jésuites[2]. Il est, à Stuttgart, parmi les 4 000 âmes qui meurent d'une épidémie de peste en 1635[2], dans la misère engendrée par la guerre de Trente Ans, âgé seulement de quarante-deux ans. ŒuvresLes œuvres les plus importantes de Steigleder sont deux recueils publiés de pièces d'orgue, qui le montre moins fonctionnaire, que compositeur d'importance[2].
Le premier, Ricercar Tabulatura est publié à Stuttgart en 1624, présente un certain nombre d'innovations importantes. C'est la première collection de musique allemande à être publiées avec des plaques de cuivre gravés : selon la page de titre, le compositeur en a effectué la gravure lui-même[1],[3]. Malgré son titre, tablature, il s'agit – avec les Tabulatura nova de Samuel Scheidt paru la même année[1] – de l'une des premières collections allemandes imprimées à adopter la notation de cinq lignes avec des notes, au lieu de la notation en lettres[3], pratiquée encore jusqu'à la fin du siècle au Nord. Enfin, Steigleder était parmi les premiers à faire la transition entre les indications modales, telles que primi Toni, secundi toni... par les tonalités modernes : les six premiers ricercare sont désignés de leur lettre, en E, en D, etc. Le Tabulatura Ricercar se compose de 12 ricercare qui explorent un large éventail de techniques et de modèles, des œuvres monothématiques simples (nos 2, 6, 7, 9, 10)[1], des morceaux avec des sujets doubles (nos 1, 3, 4, 11), à plusieurs sections, etc. Certaines pièces sont influencés par l'écriture du virginal anglais (beaucoup de musiciens britanniques travaillaient à la cour de Stuttgart)[3] et inspirés par Sweelinck dans leur structure, avec l'utilisation de diminution et d'augmentation (par exemple le no 9), en procédés d'échos (no 11). Le ricercare no 3 en fa, contient sur 63 mesures, un long intermède construit sur l'imitation de l'appel du coucou[3] (quelque 120 répétitions)[5], à l'instar des capriccio supra il Cucu de Frescobaldi et Kerll. Les pièces sont de longueur très variable, comprenant de 70 à près de 230 mesures pour les nos 1, 2, 3 et 11. Le seul exemplaire conservé se trouve à la Bibliothèque de Stuttgart (Württembergische Landesbibliothek). Thème du Ricercare no 6 Le second recueil, Tabulaturbuch est publié à Strasbourg en 1627. Il est composé de 40 variations sur le choral de Luther, « Vater unser im Himmelreich » [Notre Père céleste]. Cette collection est destinée à l'orgue d'église et Steigleder précise que l'interprète peut choisir le nombre de variations à jouer, lesquels et dans quel ordre. Certaines variations nécessitent un instrument d'appui, ou un chanteur, pour renforcer la mélodie du choral. Steigleder utilise une vaste gamme de techniques simples en contrepoint à deux voix (no 12), fantaisies et toccatas multi-sections étendues, différents canons, imitation du Lesson : Two Parts in One de Tallis (no 24)[3], ostinato (no 29), hoquet et d'autres procédés. Les nos 15 et 17, sont de « dignes précurseurs » de l'Orgelbüchlein de Bach[3]. L'influence anglaise des luthistes John et David Morell et Andrew Borell actifs à la cour, s'y sent comme dans le recueil de 1624, notamment dans la conclusion de la tripartite toccata[3]. On possède aussi deux compositions vocales et une quinzaine d'œuvres liturgiques anonymes pour orgue attribuées par Franz Hirtler[3],[6]. En partie en raison de sa mort prématurée, Steigleder n'a pas eu beaucoup d'influence sur le développement de la musique pour clavier en Europe. Des connexions thématiques de son travail ont cependant été trouvés dans la musique de Froberger. Discographie
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Études
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