Jenny Savalette de Lange

Jenny Savalette de Lange
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Henriette-Jenny Savalette de Lange (ou « Henriette-Genny Savalette Delange »), que certains disent née hors mariage en 1786 de Charles-Pierre-Paul Savalette de Langes[évasif] qui ne l'a pas reconnue (à moins qu'elle ne soit sa sœur ou demi-sœur[1]), est un personnage qui s'est forgé une naissance, une enfance malheureuse et un réseau d’amis complaisants pour s'intégrer à la cour de France, où elle est pensionnée par Louis XVIII et Charles X. Les enfants de son quartier, intrigués par son amorce de moustache, la surnomment « Tante Barbe ».

La nièce de Mlle Savalette de Lange et une de ses voisines découvrent, lors de la toilette mortuaire de cette Jenny Savalette de Lange décédée à Versailles le , le somme de 150 000 francs-or et surtout... qu'il s'agit en fait d'un homme[2]

Cette personne s'étant travesti toute sa vie demeure une énigme : le fait-divers fut rapporté dans les journaux[3], puis dans un essai publié au printemps 1859 par un certain Herail[4], et la presse du temps de nouveau s'en émut : ainsi, Paul d'Ivoi écrit que la seule différence avec l'abbé de Choisy réside dans le fait que tout le monde savait à quoi s'en tenir avec celui-ci, alors que cette demoiselle parvint à tromper tout le monde sans que l'on comprenne bien comment[5].

En 1898, l'historien G. Lenotre revient sur cette cette personnalité dans Le Monde illustré : ayant pris contact avec le conservateur du château de Versailles, celui-ci lui précise que Savalette de Lange habita un temps dans les combles du château, avant l'arrivée de Louis-Philippe au pouvoir[6].

L'une des explications vraisemblables de cette imposture identitaire se trouve dans la situation politique qui émerge en France au moment de la Restauration : de retour à Paris, de nombreux émigrés royalistes réclament au gouvernement de Louis XVIII des dédommagements, et certains connaissent alors une forme de déclassement, sans parler des personnels attachés à ces familles. C'est aussi à cette époque qu'apparaissent opportunément les faux Louis XVII[7].

Références

  1. Franck Ferrand, « Les travestis », émission Au cœur de l'histoire sur Europe 1, 27 septembre 2012
  2. Herail, Sur l’homme-femme connu sous le nom de mademoiselle Savalette de Lange, Paris, Dilecta Eds, , 110 p. (ISBN 2-916275-09-6).
  3. « Un personnage étrange vient de mourir à Versailles... », in: La Patrie, Paris, 18 mai 1858, p. 2.
  4. Acte de décès à Versailles, n° 463, vue 106/224.
  5. Paul d'Ivoi, « Chronique parisienne », in: Le Messager, Paris, 29 avril 1859, p. 3.
  6. G. Lenotre, « Variété : Monsieur ou Madame ? », in Le Monde illustré, Paris, 11 juillet 1898, p. 6.
  7. Philippe Di Folco, Histoires d'imposteurs, Paris, Librairie Vuibert, 2012, p. 25-33.

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