Jeannine WormsJeannine Worms
Jeannine Worms, né Éliane Metzger le à Buenos Aires (Argentine) et morte le à Paris 8e, est une dramaturge et femme de lettres française. Le , une allée portant son nom, l'allée Jeannine Worms, a été inaugurée dans les jardins des Champs-Elysées à Paris, reliant le théâtre Marigny à l’avenue Matignon. ParcoursL'histoire d’Éliane Jeannine Metzger traverse ce siècle brutal. Elle a parcouru le monde en des temps troublés. Sa famille avait quitté l'Est de la France puis la France même pour échapper aux guerres. Elle naquit en Argentine. Enfant, elle vint à Paris mais, devant la menace des persécutions antisémites, elle dut repartir avec les siens, heureusement munis du passeport argentin. À Buenos Aires, elle tira profit des enseignements de Roger Caillois et Paul Bénichou dont elle resta proche. L'après-guerre fut plus faste. Après un séjour au Brésil, elle s'installa à Paris et savoura avec son mari Gérard Worms les belles années de Saint-Germain-des-Prés et de Saint-Tropez. Elle rejoignit alors à la fois la « vie parisienne » et la société des lettres. Son vaste cercle d'amis comptait parmi les plus proches Jean Cocteau, Emil Cioran, Eugène Ionesco, des peintres tels que Youla Chapoval, Pierre Tal Coat, Angel Alonso et Arthur-Luiz Piza. Elle se trouvait bien parmi ces Roumains, ces Latino-américains avec lesquels elles partageait et le sentiment de l'exil et une redoutable exigence morale. Femme de lettres, Jeannine Worms a parcouru tous les genres, refusant de se laisser enfermer et surtout de céder aux modes. Parisienne certes, mais intègre d'abord. Le leitmotiv de son œuvre aura été la réflexion sur les mensonges et les apparences. Mensonges véniels mais quotidiens qui minent le couple et masquent la violence sous-jacente. Mensonges collectifs devant la mort, portés par des prêches où l'homme devrait porter la culpabilité d'un destin qu'il n'a pas choisi. Le théâtre, l'essai et le roman portent tous la marque de ce travail. AphorismeSon goût pour l’aphorisme lui a fait privilégier la brièveté sur scène. Des œuvres courtes, des saynètes cruelles, au plus près du trivial et déjà contraignant le spectateur à se mettre soi-même en cause. Quand elle écrit ou revoit ses textes, Jeannine Worms traque le « gras », tout ce qui ralentit. Dans ses essais, son style reste aigu, véhément. Son souci d’élégance intellectuelle va de pair avec celui de l’honnêteté ne laissant pas de place pour les compromis. Elle a aimé les acteurs (comme Denise Gence ou Delphine Seyrig, entre autres) et n'a jamais cessé jusqu'à la fin de ses jours de fréquenter les théâtres. Ses pièces sont des classiques contemporains, étudiées dans les écoles d'art dramatique et encore régulièrement jouées. Elles ont été abondamment traduites et mises en scène dans le monde. Chez Jeannine Worms l’affirmation d’un style l’emporta sur celui d'un genre, et ce à partir d’une posture intellectuelle très déterminée. En aucun cas elle ne porta une pensée systématique, effrayée par l’esprit de sérieux sorbonnicole et élevée loin des bornages académiques, elle peut être située dans le rang des adeptes du « gai savoir ». Elle a traqué le conformisme en jouant sur les vertus du divertissement théâtral et en maniant ces flèches qui faisaient le bonheur des moralistes du grand siècle. Dans son dernier texte, Les Ratés de l’éternité, Jeannine Worms reprit son dialogue avec la Funeste et fit d’elle le personnage central d’un Theatro mundi impitoyable. Cette cosmogonie rapportée à celles de la physique contemporaine ou des grandes religions est irrespectueuse, blasphématoire. Jeannine Worms fut une sorte de Diogène au féminin. Elle a assumé la bassesse de l’homme et magnifié son courage. La camarde contre laquelle, petite femme, elle s'était dressée avec véhémence, vient d'emporter une rebelle. La rébellion portée par ses textes nous reste. BibliographieŒuvres récentes
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