Jeanne Loviton naît le à Paris, de père inconnu[1]. Sa mère est une artiste connue sous le nom de Denise Fleury : cette dernière épouse en 1913 l'éditeur Ferdinand Loviton (mort en janvier 1942), fondateur des éditions Domat-Montchrestien[2] qui reconnaît sa belle-fille Jeanne la même année[3]. Jeanne Loviton suit des études secondaires au lycée Fénelon et au collège Notre-Dame de Sion. Après avoir passé son baccalauréat[3], elle est licenciée en droit le [4].
Elle obtient une carte d'avocat-stagiaire le ; Maurice Garçon l'engage comme secrétaire durant environ une année. Si elle ne plaide pas à la cour, elle demeure inscrite au barreau comme avocat-conseil.
Elle épouse à 24 ans l'écrivain Pierre Frondaie, dont elle divorce en 1936. C'est à cette époque qu'elle commence ses activités de journaliste et publie sous le pseudonyme de Jean Voilier. Son premier roman, Beauté raison majeure, est publié en 1936 aux éditions Émile-Paul Frères[5]. Elle écrit ensuite d'autres romans : Jours de lumière (1938)[6], Ville ouverte en 1942, illustré par Paul Valéry[7].
Jeanne Loviton acquiert en 1939 le château de Béduer, dans le Lot, dont elle reste propriétaire jusqu'en 1985[8].
Elle vécut entre autres 11, rue de l'Assomption à Passy (Paris 16e), dans un hôtel particulier acquis avec son père Ferdinand en 1936, « tanière romantique » créée par Madeleine Castaing dans une ancienne dépendance du château de la Tuilerie remontant à Louis XVI ; son mobilier, conservé après la vente de cette propriété par sa fille adoptive Mireille Fellous-Loviton, fut mis en vente par celle-ci en 2015[9].
Elle publie un ouvrage pour la jeunesse, Les Manèges, en 1989 (Belfond-jeunesse)[10].
Le , sur l'esplanade des Invalides à Paris, l'éditeur Robert Denoël — dont les biens sont en partie placés sous séquestre et sous le coup d'une enquête — est mystérieusement assassiné d'une balle dans le dos. Alors qu'il se rendait au théâtre dans sa Peugeot 302 noire en compagnie de Jeanne Loviton, un des pneus de la voiture aurait crevé. Le meurtre a été commis pendant qu'il aurait été en train de changer la roue, et que sa compagne se soit éloignée afin d'appeler un taxi. L'assassin ne fut jamais retrouvé et l'affaire non élucidée fut classée en 1950. Interrogée comme témoin principal, Jeanne Loviton fut suspectée du meurtre car son témoignage comportait des confusions. Cécile Denoël, la veuve de l'éditeur, l'accusa ouvertement, de même que Céline, de son exil danois, qui en fit « la figure la plus insultée de toute la comédie célinienne[12] ».
Denoël avait des projets de remariage avec celle qu'il avait placée comme actionnaire principale de sa maison d'édition, via un montage financier complexe : Loviton était depuis octobre 1945, propriétaire du fond via les éditions Domat-Monchrestien qu'elle possédait en propre. En décembre 1948, suite à la plainte de Cécile Denoël, et alors que la maison Denoël est acquittée de toutes charges, le tribunal de commerce de Paris estime cette vente simulée. Loviton fait appel et est déclarée en décembre 1950, seule gérante. Elle cède moins d'un an plus tard 90 % des parts aux éditions Gallimard[13],[14].
Œuvre
Ouvrages publiés
Beauté raison majeure, Émile-Paul frères, 1936.
Jours de lumière, Émile-Paul frères, 1938 ; rééd. avec des ill. de Paul Charlemagne, J. Ferenczi et fils, 1940.
Jeanne Loviton a conservé de sa relation avec Paul Valéry ce que l'on a appelé les « archives Valéry »; c'est pourquoi, lorsqu'elle confia la décoration intérieure de sa maison de Senneville (Guerville, Yvelines) à Madeleine Castaing, étant ensuite en litige avec elle, elle évita d'aller demander une estimation de ses « archives » à son fils, l'expert Michel Castaing[pas clair][réf. nécessaire].
Iconographie
Une photographie de Jeanne Loviton publiée sur le site Robert Denoel, éditeur[15] — lequel charge Jeanne Loviton de façon non neutre – a été reproduite dans le bulletin n° 31 () de l'association Mémoire de l'abbé Lemire, à la suite de la publication d'un article relatif à celle-ci.
Références
↑Élisabeth Roudinesco, « Célia Bertin (1920-2014), résistante, romancière, journaliste et biographe », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
↑ a et bJacques De Decker, « Paul Valéry est-il mort d’amour ? », Bulletin de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, , p. 82 (lire en ligne).
Jean Clausel, Cherche mère désespérément, Rocher, 2008.
Un chapitre sur « Madame V. ».
Paul Valéry, Corona & Coronilla, poèmes à Jean Voilier, en postface : « L’histoire de Corona » par Bernard de Fallois, Éditions de Fallois, 2008.
Carlton Lake, Confessions of a literary archeologist, 1990, traduit en français sous le titre Chers papiers - Mémoires d'un archéologue littéraire, Seghers, 1991, pp. 230 à 273.
L'auteur mentionne la vente publique d'un partie des « archives Valéry » de Loviton, dont le carnet des premiers brouillons de Charmes (datés de 1917 et 1920), à l'Hôtel Drouot en février 1979, en trois lots qui furent acquis par un admirateur suisse de l'écrivain. Finalement, 113 lots d'ouvrages et d'essais en éditions originales provenant de la bibliothèque Loviton furent vendus aux enchères à Paris le 16 décembre 2015.
Catalogue de la vente aux enchères publiques (« Bijoux, Tableaux et Dessins, Mobilier, Objets d'art ») par Piasa, Paris le (pp 175 à 345 - reprod. d'une photographie de la façade sur jardin de la maison de J. Loviton).