Traduite en plus de vingt langues, son œuvre est couronnée par de nombreux prix. Il est membre de l'académie Mallarmé, de l'association internationale de la critique littéraire et président d'honneur du PEN club français. On lui doit l'invention du concept d'« entretemps » qui sous-tend l'ensemble de ses écrits[1],[2],[3],[4].
Biographie
Jean Orizet naît à Saint-Henry, entre L'Estaque et Marseille. Son père, Louis Orizet, est ingénieur agronome, sa mère enseigne les mathématiques et son grand-père maternel travaillait dans la construction navale. Un grand-oncle instituteur lui apprend à lire avant qu'il ne fréquente l’école communale de Saint-Henry.
La guerre venue, son père est mobilisé comme sous-lieutenant de cavalerie et sa mère s’installe à Dijon, puis à Mâcon, en 1942. C’est là qu'il fait ses études primaires puis secondaires classiques (latin-grec), au lycée Lamartine, où l’un de ses professeurs de lettres, Maurice Chervet, lui fait lire Gérard de Nerval, lecture qui va profondément le marquer.
À l’âge de douze ans, il découvre sous la houlette d’un père jésuite archéologue, les cités de l’Afrique romaine : Cherchell, Tipaza, Lambèse, Timgad, Hippone. Ce voyage est à l’origine de son goût pour les cités en ruines qui « conservent et stimulent l’orgueil d’anciennes prouesses » (Roger Caillois).
Le voyage initiatique d’Amérique du Nord n’est que le premier d’une longue série. Une bourse d’études lui permet, en 1953, de séjourner un an dans une école américaine de la côte est des États-Unis.[réf. nécessaire] À son retour, en 1954, il rencontre à Mâcon Claude Érignac qui va devenir son ami et le restera jusqu’à son assassinat, à Ajaccio, le [5].
À Saint-Andrew’s School, Orizet perfectionne son anglo-américain et commence à apprendre l’espagnol. Il va poursuivre l’étude de ces langues, d’abord au lycée français de Madrid puis à l’école d’interprètes de l’université de Genève.
En 1958, il s’inscrit à l’Institut d'études politiques de Paris, où il passe trois ans. Entre-temps, il voyage en Allemagne et au Danemark. Sous-lieutenant dans l'arme du Train et des équipages et, pendant son service militaire, instructeur dans un groupe de transport en RFA, alors qu'il doit partir, en février 1963, avec son peloton en Algérie, il lui est demandé d'enseigner à des officiers d'active l'anglais pratique à l’École militaire[6].
Il publie, en 1962, son premier recueil, intitulé Errance, qui regroupe les poèmes de jeunesse écrits entre 14 et 22 ans.
Retour à la terre
À l'issue de son temps dans l'armée, il devient attaché à la présidence de la société Ricard à Marseille, retour au pays natal entrecoupé d’autres voyages en Yougoslavie, en Grèce, en Italie, en Irlande et aux États-Unis. Il quitte la société Ricard en 1965 et rejoint la propriété du Beaujolais, où sa famille s’est installée dans les années 1960.[réf. nécessaire] Il collabore avec son père, Louis Orizet, à des publications viti-vinicoles et aide à la conduite du vignoble.
Il effectue de fréquents voyages à Paris où il rencontre, en 1967, sur la recommandation de Guy Chambelland, Michel et Jean Breton, deux frères qui viennent d’ouvrir une librairie boulevard Saint-Germain, et projettent la fondation d’une revue appelée Poésie 1, parce qu’elle sera vendue au prix d’un ticket de métro de l’époque, soit 1 franc[8], la modestie du prix étant compensée par de la publicité[9]. Pour participer au projet, Orizet s’installe à Paris, où il gagne sa vie en collaborant à des publications professionnelles ayant trait à la cuisine et au vin. Il devient membre de l’AFPGT, l'Association française de la presse gastronomique et touristique.[réf. nécessaire]
En 1969, la revue Poésie 1 est lancée avec cinq numéros tirés à 20 000 exemplaires chacun et rencontre un succès salué par toute la presse[9],[10],[8].
L’éditeur et le voyageur
À dater de ce moment, la vie de Jean Orizet sera consacrée aux livres et à la poésie. Il effectuera aussi de nombreux voyages qui le conduiront dans le monde entier, soit à titre privé, soit dans le cadre de missions pour le compte de l’Alliance française ou de la direction culturelle, scientifique et technique du ministère des Affaires étrangères et, aujourd'hui, de l'Institut français.[réf. nécessaire]
Jean Orizet fonde avec Philippe Héraclès, en 1975, les éditions du Cherche midi, qu’il dirigera jusqu’en 2005, date à laquelle la maison est vendue au groupe Editis.
Dans ces années 1970 apparaît dans sa poésie et dans sa prose l’idée d’« entretemps » qu’il formalisera et explicitera dans L’Histoire de l’entretemps (La Table Ronde, 1985).
Dès l’adolescence, Orizet s’intéresse à la peinture. Il pratique en amateur, le pastel, l’aquarelle et l’huile.[réf. nécessaire]
Comme éditeur et auteur, il publiera sur certains peintres, des monographies, des présentations dans leurs catalogues, en les associant à l’enrichissement de tirés à part, pour des recueils de poètes contemporains, sous forme de gouaches, dessins, encres, gravures ou lithographies.
Orizet traduira notamment sa relation avec la peinture et les peintres dans un livre publié en 2005 à la Table Ronde, L’Entretemps, brèves histoires de l’art.
Vie privée
En 1967, Jean Orizet rencontre Isabelle Constantin, administrateur à l’Assemblée nationale, avec laquelle il se marie en . Ils auront deux filles, Juliette, née en 1969 et Anne, née en 1970.
Membre de l’Association internationale de la critique littéraire, membre des jurys des prix de l’académie Mallarmé, Max Jacob, Alain Bosquet, Omar Khayam, des Journées nationales du livre et du vin[12]
Membre du Comité d'honneur de l'association Les Passagères, pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine culturel, littéraire et artistique francophone représenté par les revues
Officier de l'ordre national du Mérite Il est promu directement officier le [19] pour récompenser ses 38 ans d'activités professionnelles, littéraires et de services militaires.
Dans son Histoire de la poésie française (Albin Michel, 1988), Robert Sabatier écrit :
« Chez Orizet, le sentiment du mystère se mêle à un sentiment panique de l’univers dont il inventorie les merveilles à travers la nature comme parmi les créations de l’homme, car s’unissent songe et réalité, monde de genèse et monde industriel, époques diverses, mots anciens et modernes, s’opèrent des métamorphoses comme si la vie et ses amples mouvements se déroulaient sous nos yeux. »
« La poésie de ce grand voyageur traduit depuis 1960 une errance sensuelle et pessimiste à la fois, qui s’est longtemps préservée sous le masque d’un certain dandysme. Orizet accepte franchement de prendre l’espace comme la figure d’un destin regardé avec lucidité, mais rêvé avec amour, dans une inquiétude dont le frémissement n’est jamais grandiloquence. »
Œuvres
Poésie et prose
Errance, éd. la Grisière (1962)
L’Horloge de vie, Librairie Saint-Germain-des-Prés (1966)
↑Entretien avec Jean Orizet - Bernard Fournier in LittéRéalité, vol. XX, no 1, printemps/été 2008, Université York-Toronto-Ontario-Canada.
↑Jean Orizet - Entretiens avec Claude Mourthé pour À voix nue, France Culture, du 4 au 8 octobre 1993.
↑Marie-Claire Bancquart, professeur émérite à la Sorbonne : notice sur Jean Orizet in Dictionnaire de poésie de Baudelaire à nos jours, sous la dir. de Michel Jarrety, Paris, PUF, 2001.
↑« Jean Orizet, le sismographe de l'indicible », entretien avec Marie-Luce Townsend, no 51 de la revue Sarraf (Société des amis de la région de Rambouillet et de sa forêt), novembre 2009.
↑Jacques Lovichi, rédacteur en chef de la revue Autre Sud, « Jean Orizet debout dans l'Entretemps », in Autre Sud, numéro spécial Jean Orizet, septembre 1999.
↑Alain Bosquet, « Jean Orizet ou le temps arrêté », Le Figaro, 26 octobre 1994.
↑Vincent Landel, « Des miettes d'éternité », article sur L'Histoire de l'entretemps, in Le Monde des livres, 24 mai 1985.
↑Nicolas Catanoy, « Jean Orizet, le voyageur absent », in World literature today, printemps 1983.
↑Robert Sabatier, Jean Orizet in Histoire de la Poésie française, La Poésie du XXe siècle, tome III (Albin Michel, 1998).
↑Michel Pougeoise, notice sur Poèmes de Jean Orizet, in Dictionnaire des œuvres du XXe siècle, Le Robert, 1995.
↑Entretien avec Bernard Mazo dans la revue Autre Sud, septembre 1999.
↑Jean-Yves Debreuille, professeur à l'université Lyon IIILouis Lumière, « L'Univers distendu », in revue La Bartavelle, de Jean Orizet sur l'ensemble de l'œuvre, octobre 1997.
↑Jean Orizet - Le Voyage d'un voyage, entretien avec Rodica Draghincescu in Poésie/première no 28, mars-juin 2004.