Jean Desbordes est né dans une famille protestante. Il fréquente l'école primaire de Rupt-sur-Moselle, puis le collège de Remiremont. Élève brillant, il passe avec succès son baccalauréat[2]. Jusqu'en 1925, il habite à la campagne. À part sa mère, ses sœurs et ses bêtes, il ne voit personne[3].
Passionné de littérature, il tombe, dans sa solitude, sur un livre de Jean Cocteau, Le Grand Écart. Subjugué par cet écrit, il lui envoie une lettre sous le pseudonyme de « Jean De List » avec quelques feuillets que lui-même a écrit. Jean Cocteau lui répond : « Ton feu met le feu aux pages… Calme toi… »[4]. S'ensuit une correspondance enfiévrée pendant un an. En [5], il devient le secrétaire de Jean Cocteau et entretient avec lui une relation amoureuse[6]. Il loge, à Paris, dans une maison meublée au 23, rue Henri-Rochefort, mais on le trouve plus souvent au 9, rue Vignon au domicile de Jean Cocteau[7] qui réalise une série de portraits de lui. Ils seront exposés avec des illustrations pour Œdipe-Roi et publiés en 1929 à 213 exemplaires sous le titre 25 dessins d'un dormeur le représentant endormi en costume de marin[8].
Après sept ans de vie commune, il quitte Cocteau et s'installe chez sa mère et sa sœur. Il se marie le avec Madeleine Peltier[9].
Écrivain
Jean Desbordes écrit en l'essai poétique J'adore, préfacé et lancé bruyamment par Jean Cocteau ; celui-ci lui réserve même un rôle au cinéma dans son film Le Sang d'un poète, réalisé en 1930.
Il publie entre autres Les Tragédiens, un roman en 1931, La Mue, une pièce en 1935 jouée trois ans plus tard à la Comédie-Française sous le titre de L'Âge Ingrat[10] et Le Vrai Visage du marquis de Sade en 1939.
Sous l'occupation allemande, Jean Desbordes entre en résistance en janvier 1943 dans le Réseau Franco-polonais F2. Rapidement il est nommé chef du secteur Nord et Normandie sous le pseudonyme de Duroc. Il surveille les mouvements maritimes de la Manche, à partir des bases sous-marines, mais aussi l'arsenal, les fortifications et les terrains d'aviation de Cherbourg. Les informations transmises par le secteur Duroc ont contribué au succès du débarquement allié de en Normandie.
Mais la surveillance allemande se resserre. Il est arrêté le 5 juillet 1944 avec 26 autres personnes du réseau franco-polonais F2, sauvagement torturé par les auxiliaires français de la police allemande (Gestapo) dirigés par l'allemand Friedrich Berger.
Il meurt sous la torture[11], sans avoir parlé, dans la nuit du 5 au [12],[13].
En 2016, à la suite d'une action menée par Marie-Jo Bonnet, historienne, et les enfants de victimes de la Gestapo de la rue de la Pompe, le Conseil de Paris a adopté la proposition « tendant à l’apposition d’une plaque en hommage aux résistants torturés 180 rue de la Pompe à Paris, 16e »[Note 1],[16],[17],[18].
Publications
Essai poétique
J'adore, Grasset, 1928.
Théâtre
La Mue, Stock, 1935.
Roman
Les Tragédiens, Grasset, 1931.
Les Forcenés, Gallimard, 1937. Réédition : Interstices Édition, 2022, avec une préface de Marie-Jo Bonnet, "Messieurs, laissez-moi, vous allez me tuer!" La mort de Jean Desbordes, alias Duroc, (ISBN9 782956 756958)
Le Crime de la rue Royale, Gallimard, 1938.
Biographie
Le Vrai Visage du Marquis de Sade, Éditions de la Nouvelle Revue Critique, 1939.
Pour approfondir
Bibliographie
Marie-Josèphe Bonnet, Tortionnaires, truands et collabos, la bande de la rue de la Pompe, Été 1944, Éd. Ouest-France, 2013 (ISBN978-2737360428).
Marie-Jo Bonnet, « Tortionnaires, truands et collabos », Le Patriote Résistant, septembre 2013.
Olivier Charneux, Le Glorieux et le Maudit, Jean Cocteau-Jean Desbordes : deux destins, éditions du Seuil, 2023 (ISBN9782021514216).
Jean Cocteau, "Je t'aime jusqu'à la mort", Correspondance avec Jean Desbordes 1925-1938, Edition de Marie-Jo Bonnet, Ed. Albin Michel, 2023.