Jean Claude de l'Estrac
Jean-Claude de l’Estrac, né le à Quatre-Bornes (Maurice), est un écrivain, journaliste, homme d'affaires et homme politique et diplomate mauricien. Compagnon de route du Mouvement militant mauricien de Paul Bérenger dans les années 1970, ancien maire de Beau Bassin-Rose Hill, il occupe le portefeuille de ministre des Affaires étrangères de la république de Maurice en 1982. Il assure par la suite les fonctions de secrétaire général de la Commission de l'océan Indien de 2012 à 2016, organisation qu'il a cofondée en 1982[1]. Il est soutenu par Le Monde[2] en tant que candidat à la succession d'Abdou Diouf à la tête de l'Organisation internationale de la francophonie en 2014, mais échoue face à la Canadienne Michaëlle Jean[réf. souhaitée]. En 2016, il est pressenti pour être le successeur de Nkosazana Dlamini-Zuma à la présidence de la Commission de l'Union africaine[3], finalement remplacée par le Tchadien Moussa Faki. Fondateur de l'Association des journalistes de l'île Maurice, directeur du groupe La Sentinelle (en) (qui comprend notamment L'Express Maurice), il fonde, aux côtés de Jean-Michel Fontaine, la radio privée mauricienne Radio One (en). Entre 1997 et 2001, il est président du Media Trust, organisme chargé de la formation, promotion et coopération des journalistes mauriciens[4]. Auteur de plusieurs ouvrages à coloration historique, homme de culture qualifié d'« influent[5]», il est régulièrement invité par la presse pour faire part de ses analyses politiques. Il est fait chevalier en 1990, puis élevé au titre d'officier de la Légion d'honneur en 2011. BiographieJeunesseJean-Claude de l'Estrac naît le 17 février 1948[6] à Quatre Bornes. Il grandit à Mahébourg et à Rose-Hill, où il fréquente le lycée Léoville L'Homme. Il effectue un bref passage en 1969 à l’Institut international de Journalisme de Berlin grâce à une bourse du gouvernement allemand. En 1964, âgé de 17 ans, il lance un journal estudiantin, Le Flamboyant, avec des camarades de lycée. Le Flamboyant a pour ambition de faire connaitre écrivains et poètes mauriciens. Il est lauréat d'un concours organisé par l’Union culturelle française et d'un autre, organisé par un Club Inter-Iles Maurice-Rodrigues. Il rencontre alors Philippe Forget, fondateur et rédacteur en chef du journal L'Express, qui l'engage le , pour devenir journaliste-reporter[7]. Carrière professionnelleCinq ans plus tard, il devient rédacteur en chef adjoint de L'Express entre 1974 et 1976. En 1976, il décide de mettre entre parenthèses sa carrière de journaliste pour s'investir plus amplement en politique[4].Il est elu a rosehill-Stanley lors des elections generales de 1976, il n'a que 28 ans.Mais il revient dans le monde journalistique en 1995. Il devient rédacteur en chef de L'Express en avril 1995, puis directeur général, directeur de publications et actionnaire du groupe de presse La Sentinelle (en) qui publie L'Express. Il assume cette fonction jusqu’en 2010. Il signe alors, chaque dimanche durant quinze ans, l’éditorial de L'Express. Membre fondateur, premier président puis secrétaire général de l’Association des journalistes de l’île Maurice (AJIM)[8], il est, durant sa carrière à L'Express, correspondant de l’agence britannique Reuters et collaborateur du magazine Jeune Afrique. De l'Estrac diversifie les activités du groupe, tout en se lançant dans la première radio privée mauricienne Radio One (en) le 12 mars 2002[4]. Au nom du groupe il est membre du conseil d'administration de la société qui diffuse à Maurice les chaînes de Canal Satellite. Il préside, de 2006 à 2009, la National Empowerment Foundation fondée en 2006, organisme public chargé de la lutte contre la pauvreté à Maurice[9]. Lorsqu'il quitte La Sentinelle (en) en 2012, il est directeur exécutif et président du conseil d'administration du groupe[4]. Il intègre en 2016 le conseil d'administration d'Abax en qualité de directeur non-exécutif et indépendant[10], société de conseil porté sur le marché financier de l'Afrique subsaharienne. Parcours politiqueAu sein du Mouvement militant mauricienEngagé dans la vie politique mauricienne, il est, entre 1973 et 1993, membre du comité exécutif du Mouvement militant mauricien fondé en 1969 par Paul Bérenger et Dev Virahsawmy, parti politique classé à ses débuts à l'extrême gauche de l'échiquier politique mauricien[11]. Il est vice-président du parti dès 1978[12]. Il participe, dans les années 1980, à « l'irrésistible ascension de la gauche[13] » alors incarnée par le Mouvement militant mauricien. Rédacteur en chef, entre 1982 et 1990, du Nouveau Militant, l'organe de propagande du parti, il est candidat aux élections municipales de 1977 sous les couleurs du Mouvement militant mauricien[4]. D'abord conseiller municipal, il est élu maire de Beau Bassin-Rose Hill et le redevient par deux fois, en 1986 et 1988[4]. À 28 ans, il devient membre de l’Assemblée nationale et le reste jusqu’en 1994. Il est directeur de campagne de l'Alliance de l'Union du Cœur pour les élections du 30 août 1987[14]. Des dissensions éclatent en 1993 entre Jean-Claude de l'Estrac, le poulain du bureau politique du parti, et Paul Bérenger, le chef du Mouvement militant mauricien. De l'Estrac est expulsé du parti avec une partie des membres du comité central ayant avalisé le choix contre l'avis de Bérenger, ce dernier ayant le soutien massif des militants du parti[15]. Il se retire de la politique active en 1995[4]. En tant que membre du gouvernementIl occupe à quatre reprises le poste de ministre au gré des alliances majoritaires : ministre des Affaires étrangères et du Tourisme (1982-1983), de nouveau ministère des Affaires étrangères en 1990, ministre du Développement économique (1991-1992) et ministre de l'Industrie et de la Technologie industrielle (1992-1994)[réf. souhaitée]. Il obtient dès 1983 la reconnaissance de la souveraineté de Maurice sur les Chagos lors du sommet de New Delhi qui se tient entre le 7 et le 11 mars 1983, septième sommet des pays dits « non-alignés ». La résolution présentée par Maurice était la suivante :
Elle est finalement votée à l'unanimité par les 101 pays représentés, malgré la pression des États-Unis[16]. Durant son second mandat de ministre des Affaires étrangères, il préside des comités d’élite parlementaire sur la libéralisation des ondes et sur les écoles confessionnelles. Il fait adopter, durant ses mandats de ministre du Développement économique, de l'Industrie et de la Technologie industrielle, les Industrial Expansion Act[17], Export Processing Zone Development Authority[18] et Technology Diffusion Scheme[19]. En tant que secrétaire général de la Commission de l'océan IndienIl est nommé secrétaire général de la Commission de l’océan Indien pour un mandat de quatre ans par le 27e Conseil des ministres au mois d’[20]. Jean Claude de l’Estrac prend ses fonctions le , au nouveau siège de l'organisation à Ébène (Maurice). Dans le cadre de son mandat, il promeut particulièrement les concepts d'indianocéanie[21], une collaboration renforcée avec Madagascar (notamment en matière agricole) et la coopération des pays de la zone océan Indien dans la lutte contre le réchauffement climatique[21]. Il écrit à propos de l'indianocéanie :
La vision civilisationnelle d'une communauté indianocéanienne est également encouragée dans la littérature spécialisée[22] dans la continuité de la création de l'université des Mascareignes qui intervient sous son mandat, le 2 septembre 2012[23]. PublicationsCommentaires et accueil critiqueAuteur d'une trilogie sur l'histoire politique de Maurice, il déclare, à l'occasion de la sortie du troisième tome, que « son ambition reste toujours la même. Raconter Maurice aux Mauriciens. Raconter et non pas chercher à prouver quoi que ce soit. Je reste fidèle à ce précepte du grand Fabius Quintilianus qui disait : “L’histoire est écrite pour raconter, non pas pour prouver” »[24]. À l'occasion de la sortie de son ouvrage Jugnauth-Bérenger. Ennemis intimes (2018), l'historien mauricien Jocelyn Chan-Low estime qu'il s'agit d'« un essai magistral d’écriture de l’Histoire du temps présent »[25]. Autre historien mauricien, Vijayalakshmi Teelock, par ailleurs préfacier de l'ouvrage Mauriciens, enfants de mille combats juge ainsi l'effort de l'auteur :
Fils spirituel de Philippe Forget[27], ancien rédacteur en chef de L'Express, ce dernier préface son Passions politiques paru en 2009[24]. Le Premier ministre d'alors, Navinchandra Ramgoolam estime que « le livre [l]’a impressionné » et que Jean-Claude de l'Estrac « a marqué d’une façon durable la scène politique mauricienne ». Il salue dans le même temps « l’ampleur de sa documentation et la finesse de sa plume »[24]. L'ancien président de la république de Maurice, Cassam Uteem, rend quant à lui compte de sa stupeur, lors de la lecture de Passions politiques, face à une « réalité des faits rapportés dans cet ouvrage ressemble souvent à la fiction et l’histoire au roman, avec ses complots, ses intrigues, ses menaces, ses chantages et ses coups bas[24] ». L'ambassadeur de France à Maurice, Jean-François Dobelle, affirme que « s’il existait déjà de nombreux livres sur l’histoire de Maurice, il manquait une synthèse claire retraçant en quelques centaines de pages plusieurs siècles d’histoire, en retenant une approche globale faisant appel à plusieurs disciplines comme la géographie, l’anthropologie, l’économie, selon une démarche que n’auraient pas reniée les grands historiens français de l’École des Annales, qu’ils se nomment Marc Bloch, Lucien Febvre ou Fernand Braudel ». Dobelle conclut finalement que « par son autorité intellectuelle et morale comme d’ailleurs par ses idées, Jean Claude de l’Estrac est à Maurice ce qu’ont été ou sont encore de grands journalistes français comme Hubert Beuve-Méry, Jean-François Revel ou Jean Daniel »[27]. OuvragesEssais historiques
Diplomatie
Presse écrite
Jeunesse
Distinctions et décorationsDécorations officielles
Prix et distinctions
Notes et références
|