Phyllosien : « âge des argiles » antérieur à 4,2 Ga, terrains caractérisés par la présence de phyllosilicates, dont des argiles, vraisemblablement formés sous l'action d'eau liquide ;
Theiikien : « âge sulfurique » entre 4,2 et 3,8 Ga, géologie dominée par les minérauxsoufrés résultant du volcanisme martien ;
Sidérikien : « âge ferrique » après 3,8 Ga, époque de formation des oxydes de feranhydres, omniprésents à la surface de la planète et responsables de sa couleur rouge.
La datation précise de ces éons demeure incertaine, et l'analyse détaillée des résultats d'OMEGA suggère une discontinuité entre le Phyllosien et le Theiikien, faisant coïncider le début de ce dernier avec l'Hespérien de la géologie martienne[2] tout en maintenant une durée moindre pour le Phyllosien que pour le Noachien, ce qui conduit à réajuster la définition des époques géologiques martiennes :
Cette discontinuité, qui coïnciderait avec le « grand bombardement tardif » (LHB en anglais, daté entre 4,1 et 3,8 milliards d'années), matérialiserait l'époque d'activité volcanique maximum, qui se prolongerait au Theiikien en disparaissant progressivement au fur et à mesure que la planète aurait perdu l'essentiel de son activité interne.
Les prises de position de Jean-Pierre Bibring sur la possibilité d'une vie extraterrestre l'amènent à intervenir couramment dans des conférences. Il s'interroge sur la notion de la vie, et défend l'idée que les formes carbonées qui la définissent sont intimement liées à l'histoire de la planète Terre. Les recherches ayant montré une diversité, insoupçonnée dans les années 1960, des systèmes planétaires (la diversité des satellites de Jupiter annonçant celle des exoplanètes), il estime, à l'instar des défenseurs de l'hypothèse de la Terre rare, que l'apparition de la vie est une particularité terrestre et qu'il est erroné de croire que son schéma puisse être généralisé :
« Ce que je pense, mais c'est sujet à fortes controverses, est que la formation de « structures vivantes » serait intimement liée à l'évolution, elle-même extrêmement contingente, de la Terre elle-même. En d'autres termes, il n'existerait pas de « principes de vie » qui auraient pris, sur Terre, une forme particulière et qui pourraient se trouver, ailleurs, sous d'autres formes. Telle que je la conçois, l'évolution de la chimie du carbone a conduit, dans le système solaire puis sur Terre, à des formes très spécifiques, que nous caractérisons comme « vivant ».
D'autres chaînes de réaction, parmi le large éventail des possibilités offertes par l'élément carbone, ont pris place ailleurs, sur les mondes planétaires différents du nôtre, construisant des édifices que rien n'exige ni ne justifie qu'on les qualifie de « vivants » ! Cette diversité des évolutions possibles est bien ce que l'on constate en observant les autres mondes planétaires[3]. »
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Jean-Pierre Bibring justifie ainsi son engagement écologique« L'humanité est intimement liée, adaptée au contexte dans lequel elle a évolué sur le plan biologique, énergétique, social, géologique, etc.[…] Une fois sortis de notre environnement terrestre, la vie est impossible, pour des raisons fondamentales et non pas idéologiques. L'Homme ne peut pas continuer à détruire son environnement, […] ce n'est pas l'Homme en tant qu'espèce qui pose problème, mais l'Homme dans un certain mode de production[4]. »
↑(en) Jean-Pierre Bibring, Yves Langevin, John F. Mustard, François Poulet, Raymond Arvidson, Aline Gendrin, Brigitte Gondet, Nicolas Mangold, P. Pinet et F. Forget, ainsi que l'équipe OMEGA : Michel Berthé, Jean-Pierre Bibring, Aline Gendrin, Cécile Gomez, Brigitte Gondet, Denis Jouglet, François Poulet, Alain Soufflot, Mathieu Vincendon, Michel Combes, Pierre Drossart, Thérèse Encrenaz, Thierry Fouchet, Riccardo Merchiorri, GianCarlo Belluci, Francesca Altieri, Vittorio Formisano, Fabricio Capaccioni, Pricilla Cerroni, Angioletta Coradini, Sergio Fonti, Oleg Korablev, Volodia Kottsov, Nikolai Ignatiev, Vassili Moroz, Dimitri Titov, Ludmilla Zasova, Damien Loiseau, Nicolas Mangold, Patrick Pinet, Sylvain Douté, Bernard Schmitt, Christophe Sotin, Ernst Hauber, Harald Hoffmann, Ralf Jaumann, Uwe Keller, Ray Arvidson, John F. Mustard, Tom Duxbury, François Forget, G. Neukum, « Global Mineralogical and Aqueous Mars History Derived from OMEGA/Mars Express Data », Science, vol. 312, no 5772, , p. 400-404 (ISSN1095-9203, DOI10.1126/science.1122659, lire en ligne)