Jean-Paul Alaux est un architecte français, né à Bordeaux le et mort le dans la même ville.
Il appartient à une dynastie de peintres et architectes[1] connus en Gironde depuis le XVIIIe siècle, principalement à Bordeaux et à Arcachon. Son grand-père Gustave Alaux (1816-1882) et son père Michel Alaux (1850-1935) sont architectes, sa mère Jeanne Alaux (1854-1908) est peintre, ses oncles Daniel Alaux (1853-1933) et Guillaume Alaux (1856-1912) sont peintres, tout comme son frère François Alaux (1878-1952) et son cousin Gustave Alaux (1887-1965).
Biographie
Élève de Victor Laloux à l’école des Beaux-Arts, Jean-Paul Alaux obtient son diplôme en 1903. Il expose des œuvres dès 1897, d’abord au Salon de la Société nationale des Beaux-Arts, puis entre 1901 et 1909 au Salon des Artistes français où il reçoit la « mention honorable » en 1904 ; enfin à cinq reprises, entre 1905 et 1920, au Salon de la Société des Amis des Arts de Bordeaux[2].
On lui doit peu de constructions[3], car il se consacre davantage à l’enseignement. Quand il épouse l’Américaine Agnès Moore en 1910[4], il est déjà professeur d’architecture à l’Institut Carnegie Technical Schools de Pittsburgh, aux États-Unis.
Au retour de la première guerre mondiale, Jean-Paul Alaux participe à la création des écoles d’art américaines de Fontainebleau, au côté de Nadia Boulanger. Il y est professeur d’architecture de 1923 à 1939, puis président de 1946 à 1953. D’après son neveu Jean-Pierre, « ce fut le grand œuvre de sa vie »[5].
Ses nombreux voyages et croisières (il est féru de navigation à voile) lui font connaître le monde entier. Sa curiosité et son érudition le conduisent à publier tout au long de sa carrière plusieurs ouvrages portant sur l’histoire de l’Art et l’histoire de la Marine, certains illustrés par son cousin Gustave Alaux, comme Ulysse aux Antilles, en 1935, et Aventures du capitaine Jean de Boy, en 1937.
Il s’adonne par plaisir à l’aquarelle et compose avant la Grande Guerre des vues du Bassin d’Arcachon, qu’il fréquente assidûment depuis l’enfance. Il en rassemble douze dont il fait réaliser des estampes éditées chez Devambez en 1920[6]. Cette série s’inscrit dans le mouvement du japonisme, qui a bouleversé les canons esthétiques occidentaux à la fin du XIXe siècle. Reconnaissant lui-même avoir été « hanté » par les estampes d’Hokusai et d’Hiroshige[7], maîtres de l’ukiyo-e, qu’il collectionne[8], Jean-Paul Alaux trouve dans le Japon – où il n’a jamais voyagé – des analogies avec son pays d’origine. En 2013-2014 fut publiée la première étude jamais consacrée à ces Visions japonaises[9]. Quelques mois plus tard, l’exposition Trente-six vues du Bassin d’Arcachon présentée en Ville d’Hiver d'Arcachon rendait hommage à Jean-Paul Alaux et à son interprétation « exotique » du Bassin d’Arcachon[10].
Un second album est publié par l’architecte en 1946, à la suite d’un voyage effectué en Polynésie, de Tahiti aux Marquises, en 1936-1937 : intitulé Tahiti. Visions japonaises, il est également composé de douze estampes exécutées à partir d’aquarelles exposées à Bordeaux en 1941 et 1943[11], plus d’un quart de siècle après les vues arcachonnaises[12].
Au cours de son voyage polynésien, il rencontre Alain Gerbault, auquel il rend hommage en plusieurs occasions : par la publication d’un ouvrage en 1947 et par la réalisation du monument élevé en 1951 à la mémoire du navigateur, à Bora-Bora. « C’est grâce à ses efforts et à ceux du Yacht Club de France que l’aviso Dumont d’Urville reçut en 1947 la mission de transférer les cendres d’Alain Gerbault de Timor en Polynésie française. L’obstination de Jean-Paul Alaux et la souscription lancée par le Yacht Club de France vinrent à bout de toutes les difficultés, et il put alors faire ériger sur la tombe d’Alain Gerbault à Bora-Bora, un monument dont il fit les plans et qui, comme l’avait souhaité Gerbault, était en forme de temple polynésien, un “marae à trois marches” »[13].
Infatigable voyageur, amoureux de la nature et de l’art, collectionneur et humaniste, très attentif à la formation de la jeunesse, Jean-Paul Alaux a créé et distribué plusieurs prix et legs en faveur des artistes.
Distinctions
Lauréat de la Société de Géographie (Prix Eugène-Gallois, médaille d’or, pour Vasco de Gama, 1931)[14]
↑Château de Peyreguilhot et château de Morin, tous deux dans le Lot-et-Garonne, résidence des Guerlain aux Mesnuls, villa Montezuma au Vésinet, villa du docteur Joly à Bagnoles-de-l’Orne, restauration d’églises et usines, ainsi qu’une participation à la construction d’un immeuble parisien, rue Juliette Lamber, dans le 17e arrondissement (d’après Alaux, 1994, p. 47).
↑Il a pour témoin le peintre Léon Bonnat, membre de l’Institut et directeur de l’école des Beaux-Arts (Haffner Lance, 2018, p. 28). Le couple restera sans postérité.
↑Alaux, 1994, p. 47. Sur l’activité de Jean-Paul Alaux aux écoles d’art américaines de Fontainebleau, voir Haffner lance, 2018, p. 95-97 et 101.
↑Haffner Lance, avril 2014 (première édition en juillet 2013).
↑Arcachon, hôtel Ville-d’Hiver, juillet-août 2014, accompagnée d’une publication par Christel Haffner Lance (commissaire de l’exposition) dans Le Festin, revue du patrimoine en Aquitaine, juin 2014. Son titre fait écho aux séries des Trente-six vues du mont Fuji, dues aux Japonais, et des Trente-six vues de la tour Eiffel, par Henri Rivière, pilier du japonisme.
↑Haffner Lance, 2018, p. 70-93 : cette série y est présentée et reproduite pour la toute première fois, intégralement.
↑Ces deux albums sont, avec quelques rares aquarelles, les seules œuvres graphiques créées par Jean-Paul Alaux – qui n’a jamais été nommé peintre officiel de la Marine. Cette distinction a été accordée à son cousin Gustave en 1926, à son frère François en 1930 – avec lesquels il ne doit pas être confondu – et à son neveu Jean-Pierre en 1975.
↑Revue Terre, Air, Mer. La Géographie, Société de Géographie, tome LX, novembre 1933, p. 197-198.
↑Jean-Paul Alaux fait l’éloge du sculpteur bordelais Gaston Leroux (1854-1942), son éloge est fait en 1957 par Étienne Mathieu (Haffner Lance, 2018, p. 96 et 101).
↑Il avait peint en 1930 le Portrait de Jean-Paul Alaux à bord du Sindbad, collection privée (Haffner Lance, 2018, p. 31).
Voir aussi
Bibliographie
Marthe Oulié, « Un fils d’Ulysse en Polynésie : Jean-Paul Alaux », Le Monde colonial illustré, 1938.
Jean-Pierre Alaux, La Dynastie des Alaux, 1994.
François et Françoise Cottin, Le Bassin d’Arcachon. Au temps des pinasses, de l’huître et de la résine, Bordeaux, 2000.
Christel Haffner Lance, Les Visions japonaises de Jean-Paul Alaux : une curiosité arcachonnaise, Société historique d’Arcachon, 1re édition , 2de édition, revue et augmentée, .
Christel Haffner Lance, « Trente-six vues du Bassin d’Arcachon, hommage à Jean-Paul Alaux », Le Festin, no 90, .
Christel Haffner Lance, Visions japonaises de Jean-Paul Alaux, du Bassin d’Arcachon au Pacifique, Arcachon, La Librairie Générale, 2018 (les deux albums d’estampes créés par l’artiste y sont présentés et reproduits intégralement).