Jean-Baptiste Van MoerJean-Baptiste Van Moer Ezelmolen près de l'église Notre-Dame du Bon Secours (Bruxelles, 1873).
Jean-Baptiste Van Moer, né le à Bruxelles et mort le à Ixelles, est un artiste-peintre belge de l'école romantique, essentiellement connu pour ses vues de Venise et ses aquarelles représentant des quartiers de Bruxelles disparus lors du voûtement de la Senne. BiographiePremières annéesJean-Baptiste Van Moer, né en 1819 à Bruxelles, est le fils d'Henri Van Moer, tourneur sur bois, et de Catherine Loran[N 1]. Il passe son enfance rue de l'Escalier, où il est né[1], puis rue d’Or[N 2], dans le quartier des Marolles. Longtemps, il doit aider son père et son frère dans leur activité de tourneur sur bois[2], avant de pouvoir donner libre cours à son goût pour les arts picturaux. Élève de François Bossuet à l'académie royale des beaux-arts de Bruxelles, il se consacre initialement à la représentation d'intérieurs et de paysages. Il poursuit ses études dans un atelier de la maison paternelle. Il expose aux Salons triennaux de Bruxelles à partir de 1842 où il présente son premier tableau intitulé Ruines de Villers. Il participe ensuite aux Salons de Gand (à partir de 1844), et d'Anvers (à partir de 1849). Il obtient, en 1845, une médaille de seconde classe pour Une partie de l'église de Hal exposée à Bruxelles[3]. Il débute dès lors une carrière laborieuse, partageant son temps entre les études et les premiers voyages, d'abord en France où il peint deux vues des quais de Seine, près de la porte d'Orsay et le quai Saint-Bernard, qu'il expose au salon d'Anvers de 1849. La critique est parfois sévère, comme en témoigne le commentaire laissé par un journaliste lorsque Van Moer participe, en 1849, à la première exposition de l'institut des beaux-arts de Bruxelles : « M. Van Moer, qui avait exposé d'assez jolies vues de villes au salon de 1848, a peint, dans un moment de distraction, une ville rose au pied d'un fleuve violet. Nous lui conseillons d'être plus vrai à l'avenir et de soigner davantage ses figures[4] » .Grâce à la protection de Charles Le Hon, ministre plénipotentiaire de Belgique en France, et de son épouse Fanny Mosselman, Jean-Baptiste Van Moer, se rend à Paris où il décore leur hôtel particulier[2]. ReconnaissanceEn 1851, participe pour la première fois, au Salon de Paris, puis à celui de 1853, où il remporte une médaille de troisième classe, avant de présenter plusieurs œuvres : notamment Un corridor à Bruxelles et Un Atelier à Bruxelles à l'Exposition universelle de Paris de 1855[5] avec le soutien actif de l'ambassadeur de Belgique. La minutie de ses paysages y est remarquée par la reine Victoria qui lui commande plusieurs dessins[6]. En 1856, il se rend en Italie, d'où il rapporte plusieurs, entre autres, de monumentales vues de Venise, dans le style de Canaletto, qu'il propose au Salon de 1861[5]. Il obtient une notoriété lui permettant désormais de voyager partout en Europe et au-delà : Espagne, Portugal, Dalmatie, Égypte, Syrie et Palestine[6]. Ses voyages enrichissent sa palette et donnent une variété à sa production[7]. Le roi Léopold II acquiert trois toiles représentant Venise en 1867 (Le quai des esclavons, La façade extérieure de l'église Saint-Marc et La cour du palais des doges[8]), pour orner l'escalier vénitien du palais royal de Bruxelles[9]. Cette commande royale, suivie par une autre en 1875 pour décorer le château de Ciergnon[10], assied sa réputation en tant que peintre spécialiste de Venise[6]. Bénéficiant de hautes protections dans le pays, Jean-Baptiste Van Moer abandonne son logement bruxellois, rue du Remorqueur, no 65, pour se faire construire à Ixelles un atelier et un pavillon en bordure du parc Léopold, rue Wiertz, no 59. Dans son atelier à haut plafond qui occupe tout l’étage de la maison, il se consacre désormais à reproduire les maisons du vieux Bruxelles, menacées de disparition par le projet du voûtement de la Senne. L’initiateur de ces travaux, le bourgmestre Jules Anspach, lui propose de décorer l'antichambre de l’hôtel de ville de quinze vues des quartiers appelés à disparaître[6]. Pour s’assurer de l’exactitude des perspectives de ses paysages, il reproduit dans son atelier l’antichambre du cabinet du bourgmestre où elles seront ensuite placées[10]. C’est cette œuvre, aussi précieuse pour l’art que pour l’histoire de la vieille ville, qui l’a rendu célèbre[9]. Il reste le témoin privilégié, à l'instar des photographes Louis-Joseph Ghémar et Jean Théodore Kämpfe, des charmes de la ville avant le voûtement de la Senne qui la parcourait nonchalamment à la façon des canaux de Bruges. Outre son œuvre peint à l'huile, Jean-Baptiste Van Moer a laissé un grand nombre de dessins et de croquis représentant des scènes de la vie quotidienne observées en Allemagne, et dans plusieurs villes françaises, portugaises, espagnoles et dalmates[11]. Quant à ses aquarelles, elles couvrent le champ de lieux tels que les bords de la Moselle, Rouen, Cordoue, Séville, ou Split[12]. Dernières annéesEnthousiasmé par son travail, le bourgmestre de Bruxelles, Charles Buls, lui demande, au début des années 1880, de reproduire les monuments modernes du nouveau Bruxelles, dont il n'a laissé que des esquisses. Célibataire, Jean-Baptiste Van Moer meurt, inopinément à Ixelles, en son domicile rue Wiertz, no 59, au pied de son chevalet[13], à l'âge de 64 ans, le [N 3]. Après un service funèbre à l'église Saint-Boniface d'Ixelles, il est inhumé le au cimetière d'Ixelles[13]. Accueil critiqueLe critique d'art français Eugène Véron émet le jugement suivant lorsqu'il rédige la notice nécrologique consacrée à Jean-Baptiste Van Moer :
En 1884, la revue belge L'Art moderne apprécie la carrière de Van Moer en ces termes :
Quant à Joost De Geest, il estime, en 2006 :
ŒuvresAux Musées royaux des beaux-arts de Belgique :
À l'hôtel de ville de Bruxelles :
Au Musée de la Ville de Bruxelles :
Au Palais royal de Bruxelles :
Au Sénat :
Au Musée royal des beaux-arts d'Anvers :
Au Musée de l'art wallon de Liège :
Au Musée des beaux-arts de Tournai :
Au Musée de Picardie à Amiens :
Galerie
HommagesOdonymeLa rue Van Moer à Bruxelles est nommée d'après le peintre à l'occasion de la prolongation de la rue Ernest Allard jusqu'à la rue de la Régence, lors de la création, entre 1884 et 1888 du quartier de l'Astre, un ensemble urbanistique du rues en étoile[15]. Domaine muséalEn 1885, lors de la dispersion des œuvres de la succession Van Moer, le bourgmestre Charles Buls, éminent défenseur du patrimoine culturel, fait procéder à l'achat par la ville de Bruxelles, pour la somme de 19 000 francs, 62 peintures à l'huile, 45 aquarelles et dessins, ainsi que 28 feuilles de croquis, souvenirs et vues de Bruxelles et des environs, et du canal de Willebroeck qui enrichissent encore actuellement les collections du musée de la Ville de Bruxelles[16]. PhaléristiqueJean-Baptiste Van Moer est successivement [7]:
Notes et référencesNotes
Références
Bibliographie
Liens externes
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