Fils de Jean Pénières, avocat en parlement et juge, Jean-Augustin Pénières entame une carrière militaire et juridique. Il devient avocat et garde du corps du roi.
En septembre 1792, Pénières est élu député de la Corrèze, le septième et dernier, à la Convention nationale[3]. À l'ouverture de la session, lui et Jean-Lambert Tallien (député de Seine-et-Oise), en tant que benjamins de l'assemblée, sont désignés secrétaires sous la présidence du doyen d'âge Philippe Rühl (député du bas-Rhin)[4].
Pénières prend part aux institutions de la Convention girondine et prend la parole sur les sujets de politique générale. Le 27 novembre 1792, il s'oppose au rattachement de la Savoie à la France : « Plus un peuple s'agrandit, plus chacun de ses membres perd de son droit politique »[5]. Le 4 janvier 1793, en tant que membre du Comité des colonies, aux côtés de ses collègues Jean-Baptiste Boyer-Fonfrède (député de la Gironde) et Ignace Brunel (député de l'Hérault) est élu membre du Comité de défense générale[6]. Le 15 février, il prononce un rapport sur les colonies françaises en Inde[7]. Le 17 avril, il émet un projet constitutionnel[8].
Pénières siège sur les bancs de la Gironde. Lors du procès de Louis XVI, il vote la mort, tout en demandant « pour l'avenir l'abolition de la peine de mort », et rejette l'appel au peuple et le sursis à l'exécution de la peine[9]. Le 1er avril 1793, il dénonce Georges Danton et Jean-François Delacroix en les accusant d'accointances avec le général Dumouriez[10]. Le 13, il vote en faveur de la mise en accusation de Jean-Paul Marat[11]. Le 20, il dénonce la pétition de trente-cinq sections parisiennes contre vingt-deux députés girondins[12]. Le 9 mai, Marat le dénonce dans son journal comme « membre de la faction des hommes d’État »[13]. Le 28, enfin, il vote en faveur du rétablissement de la Commission des Douze[14].
Pénières n'est pas compris dans le décret d'arrestation à la suite des journées du 31 mai et du 2 juin, ni dans le décret de mise hors-de-la-loi du 28 juillet, ni dans le décret d'arrestation des « 73 » protestataires le 3 octobre[15]. Il cesse cependant de siéger à la Convention et se cache dans le quartier de Chaillot avec son collègue Jacques-Antoine Dulaure (député girondin du Puy-de-Dôme)[16] visé par un décret d'accusation le 30 vendémiaire (21 octobre)[17]. Durant la nuit du 9 thermidor, membre de la section des Arcis, il combat la Commune insurrectionnelle et est menacé d'un coup de sabre par un émeutier[18].
Après la chute de Robespierre, Pénières reparaît à la tribune de la Convention. Dès brumaire an III (octobre 1794), il demande la réintégration des girondins incarcérés pour avoir protesté contre les journées du 31 mai et du 2 juin : « Nos collègues, comme députés, comme citoyens, ont-ils eu le droit d'émettre leur opinion sur un évènement quelconque ? Certes, si tous ceux des représentants du peuple qui ont pensé comme eux eussent dû être jetés dans les fers, il en existerait peu parmi nous »[19]. Lors de l'insurrection du 12 germinal an III (1er avril 1795), Pénières est visé par un tir de pistolet de la part des émeutiers (son collègue Claude-Alexandre Yseabeau le croit mort mais il est indemne)[20].
Sous Napoléon: au Tribunat puis au Corps législatif
Pénières siège au Tribunat entre 1799 et 1802 puis au Corps législatif entre 1807 et 1811. Après son mandat, il se consacre à la gestion de l'abbaye de la Valette qu'il a acquis comme bien national et qu'il a reconverti, sans succès, en verrerie.
Pénières est frappé par la loi du 12 janvier 1816 en raison de son vote au procès de Louis XVI et de son adhésion à l'Acte additionnel. Il est contraint à l'exil mais, victime d'un accident (enseveli sous du foin tombé d'une grange), il obtient un sursis[22]. Le , il embarque à Bordeaux sur le navire le Narriot à destination des États-Unis. Le navire ayant fait naufrage, il accoste sur les rives américaines à bord d'une chaloupe. Le gouvernement américain lui accorde un emploi en Floride. Il meurt en 1821, à l'âge de 55 ans, victime de la fièvre jaune.
↑Michel Pertué, « La liste des Girondins de Jean-Paul Marat », Annales historiques de la Révolution française, vol. 245, no 1, , p. 379–389 (DOI10.3406/ahrf.1981.4254, lire en ligne, consulté le )
↑Jacqueline Chaumié, « Saint-Just et le procès des Girondins », Annales historiques de la Révolution française, vol. 191, no 1, , p. 14–26 (DOI10.3406/ahrf.1968.3971, lire en ligne, consulté le )
↑Marc Bouloiseau, « Une tentative du représentant Pénières dans la nuit du 9 thermidor », Annales historiques de la Révolution française, vol. 179, no 1, , p. 90–92 (lire en ligne, consulté le )
Victor Faure, De la Corrèze à la Floride, Jean-Augustin Pénières : conventionnel et député d'Ussel, publié par Laurent Chastagnol, coll. « Mémoires et documents sur le Bas-Limousin », Ussel, musée du pays d'Ussel, 1989 (ISBN2-903920-05-2) (BNF35056139)
« Pénières-Delzors, Jean-Augustin », Philippe Bourdin, p. 901-904, inMichel Biard, Philippe Bourdin et Hervé Leuwers, Dictionnaire des Conventionnels 1792-1795, Ferney-Voltaire, Centre d'étude du XVIIIème siècle, 2022, 1307 p.